Coup de filet chez les extrémistes juifs israéliens

L'extrémiste juif Meier Ettinger après son arrestation. - Jack Guez - AFP
Le Premier ministre conservateur Benjamin Nétanyahou avait promis dimanche une "tolérance zéro" à l'égard des extrémistes juifs après la mort d'un bébé palestinien lors de l'incendie de sa maison par des colons en Cisjordanie et l'attaque qui a coûté la vie à une adolescente lors de la Gay pride à Jérusalem.
Ces deux attaques ont provoqué la consternation et une volée de critiques en Israël et dans les Territoires palestiniens, comme à l'étranger. Elles ont aussi braqué les projecteurs sur l'extrémisme juif, qualifié de "cancer" dans la presse israélienne et qui y sévit en toute impunité. Le président israélien Reuven Rivlin a lui-même reconnu: "Nous n'avons pas bien traité les cas de terrorisme juif".
Arrestations et procédure exceptionnelle
Le coup de filet n'a pas tardé. Les autorités israéliennes ont recouru mardi de manière tout à fait exceptionnelle à l'arme de la détention sans inculpation contre un extrémiste juif. Cette mesure, habituellement réservée aux Palestiniens, peut durer plusieurs mois et pourrait donner aux enquêteurs le temps nécessaire pour réunir les preuves avant un procès, expliquent les médias.
Le ministre de la Défense Moshé Yaalon a ainsi ordonné le placement de Mordehaï Mayer en détention administrative, c'est-à-dire sans inculpation ni jugement pour des périodes de six mois renouvelables. Ce colon israélien a été arrêté mardi en raison de "son implication dans des activités violentes et des attaques terroristes survenues ces derniers temps", indique le ministère sans préciser s'il était directement impliqué dans l'incendie.
A Nazareth, un tribunal a décidé de maintenir en détention jusqu'à dimanche Meïr Ettinger, 23 ans, arrêté lundi et qui était ces dernières années l'objet d'une surveillance particulière du service de sécurité intérieure (Shin Beth) parmi les extrémistes.
Mardi soir, le Shin Beth a en outre annoncé l'arrestation d'un autre juif, Eviatar Slonim, "pour appartenance à une organisation extrémiste". Aucune autre précision n'a été donnée sur les soupçons pesant sur lui.
Ettinger, chef de file du "Prix à payer"
Banni de Cisjordanie et de Jérusalem pour un an en raison de ses activités militantes, Meïr Ettinger est le suspect le plus connu. Figure du prou du "Prix à payer", il est le petit-fils du rabbin Meïr Kahane, fondateur du mouvement raciste anti-Arabes Kach assassiné en 1990 à New York.
Depuis des années, des activistes de l'extrême droite israélienne ou des colons se livrent en Israël et dans les Territoires palestiniens, sous le label du "prix à payer", à des agressions et des actes de vandalisme contre des Palestiniens et des Arabes israéliens, des lieux de culte musulmans et chrétiens, ou même des soldats israéliens.
Sur les murs de la maison de la famille Dawabsha à Douma - dont l'incendie a coûté la vie au nourrisson de 18 mois - des graffitis en hébreu des colons proclamaient: "Vive le messie ", "Vengeance" et "Le prix à payer".