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Conflit Israël-Iran: à Tel-Aviv, Donald Trump est érigé en superstar

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Quelques jours après le cessez-le-feu conclu entre Israël et l'Iran, le président Donald Trump est sur toutes les affiches de la capitale, érigé en véritable héros de guerre. Et l'éloge des États-Unis n'est pas près de finir.

À Tel-Aviv, capitale d'Israël, une campagne d'affichage se fond au milieu des buildings. Sur la façade d'un immeuble, un écran géant projette une image presque anachronique. Au centre, le président des États-Unis Donald Trump, l'air confiant et serein, esquisse un léger sourire.

À sa gauche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et à sa droite, le Prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, tous les trois entourés par des visages du monde arabo-musulmans. Pour illustrer cet harmonieux tableau, une seule phrase: "Une nouvelle chance pour un nouveau Moyen-Orient".

Au lendemain du cessez-le-feu conclu entre Israël et l'Iran, initié par Donald Trump, Benjamin Netanyahu entend surfer grâce à cette campagne sur ce qu'il considère comme "une victoire historique" sur son ennemi de longue date. Au coeur des récentes attaques, qui auront duré 12 jours : la crainte que l'Iran ne se dote de l'arme nucléaire.

La République islamique d'Iran, dont des dirigeants menacent régulièrement Israël de destruction, a toujours nié chercher à se doter de l'arme atomique, affirmant que son programme nucléaire est exclusivement orienté à des fins civiles.

Trump, superstar à Tel-Aviv

"L'Iran n'aura pas l'arme nucléaire", s'est réjoui Benjamin Netanayahu le 24 juin lors d'un discours officiel à la télévision, assurant qu'Israël fera "échouer toute tentative" de reconstruction du nucléaire iranien.

L'intervention des États-Unis dans le conflit entre Israël et l'Iran a sensiblement fait basculer le cours de la guerre. Après des jours de flou, les États-Unis ont attaqué le dimanche 22 juin trois sites nucléaires iraniens dans une opération appelée "marteau de minuit". Peu après les frappes américaines, le Premier ministre israélien avait remercié le président américain Donald Trump, qualifiant cette attaque d'"audacieuse".

"Votre décision audacieuse de viser les installations nucléaires de l'Iran avec la puissance impressionnante et juste des États-Unis changera l'Histoire", avait déclaré Benjamin Netanyahu dans un message vidéo en anglais adressé à Donald Trump.

Dans un autre message vidéo, en hébreu, le chef du gouvernement israélien avait assuré que les bombardements américains sur Fordo, Natanz et Ispahan avait été menés "en parfaite coordination avec le président Trump et en parfaite coordination opérationnelle entre [les forces israéliennes] et l'armée américaine". Les liens entre Israël et les États-Unis étaient scellés.

Dès lors, la "Trumpmania" gagnait un peu plus le coeur des Israéliens. À Tel-Aviv, le 22 juin, des passants portaient des t-shirts avec une photo du président américain.

Un homme, portant un t-shirt avec une photo du président américain Donald Trump, marche avec sa compagne sur la promenade à Tel Aviv le 22 juin 2025.
Un homme, portant un t-shirt avec une photo du président américain Donald Trump, marche avec sa compagne sur la promenade à Tel Aviv le 22 juin 2025. © Menahem Kahana
Un panneau d'affichage faisant l'éloge du président Donald Trump par le musée des Amis de Zion est affiché à Tel Aviv le 26 juin 2025.
Un panneau d'affichage faisant l'éloge du président Donald Trump par le musée des Amis de Zion est affiché à Tel Aviv le 26 juin 2025. © Jack GUEZ

En héros mégalomane, Donald Trump a d'ailleurs dressé un parallèle ce mercredi 25 juin entre les frappes menées par les États-Unis sur les sites nucléaires iraniens et les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagazaki. "Je ne veux pas utiliser l'exemple d'Hiroshima et Nagasaki, mais c'est un peu la même chose que nous avons fait là, notre frappe a mis fin à la guerre, si ça n'avait pas été le cas on aurait continué les frappes", a déclaré le président américain devant la presse à La Haye (Pays-Bas), où il se trouvait pour le sommet de l'Otan.

Israël, leader du Moyen Orient?

À y regarder de plus près, la campagne d'affichage lancée par Israël à Tel-Aviv diffuse également un autre message. Parmi les personnalités présentes entourant Donald Trump et Benjamin Netayahu, on remarque notamment le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, mais aussi le président syrien Ahmed al-Charaa et les émirs des Émirats arabes unis.

Autre élément important, cette campagne "marketing" a été financée par la coalition israëlienne Abraham Shield ("le bouclier d'Abraham, NDLR), composée d'anciens militaires et diplomates israéliens connus pour avoir jouer un rôle dans les négociations avec Palestiniens.

À travers cette stratégie d'images, Benjamin Netanyahu semble ainsi vouloir ériger Israël en leader du Moyen Orient, affirmant la victoire écrasante de l'État hébreu contre le Hamas palestinien et ses alliés - le Hezbollah libanais.

Depuis les attaques meurtrières du 7-Octobre perpétrées par le Hamas en Israël, le Premier ministre israélien avait en effet juré de livrer une guerre contre l'organisation terroriste. Éclipsé pendant une douzaine de jours par la guerre menée par Israël contre l'Iran, le sort des Palestiniens à Gaza préoccupe toujours la communauté internationale.

Ce jeudi, un rapport accablant présenté par la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, relatait des multiples infractions au droit international commises par le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Selon l'UNICEF, les hostilités, qui durent depuis octobre 2023, ont fait à ce jour 55.637 morts à Gaza, dont 15.613 enfants.

Igor Sahiri avec Orlane Edouard