"C'est imprudent": Khamenei exhorte le gouvernement iranien à "ne pas négocier" avec les États-Unis

L'ayatollah Khamenei à Téhéran le 19 mars 2024 (image d'illustration) - KHAMENEI.IR / AFP
"S'ils nous menacent, nous les menacerons." Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a exhorté vendredi 7 février le gouvernement à "ne pas négocier" avec les États-Unis, estimant qu'une telle démarche serait "imprudente", quelques jours après l'appel à un "accord de paix" lancé par le président américain, Donald Trump.
"Vous ne devriez pas négocier avec un tel gouvernement, c'est imprudent, ce n'est pas intelligent", a affirmé Ali Khamenei, s'adressant au gouvernement, lors d'une réunion avec les commandants de l'armée de l'air.
Mercredi, Donald Trump avait affirmé être en faveur d'un "accord de paix" avec la République islamique, ennemi juré des États-Unis, tout en estimant que l'Iran ne pouvait "pas avoir l'arme nucléaire", au lendemain de sa déclaration en faveur d'une politique de "pression maximale" sur Téhéran.
L'Iran a insisté toutefois à plusieurs reprises que son programme nucléaire était uniquement destiné à des fins pacifiques et nié toute intention de développer des armes atomiques.
Sanctions financières
Dans ce contexte, le département américain du Trésor a aussi annoncé jeudi des sanctions financières à l'encontre d'un réseau international "facilitant l'expédition de millions de barils de pétrole brut iranien d'une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars vers la Chine".
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a condamné vendredi ces nouvelles sanctions financières, les qualifiant d'"illégales", "injustifiées" et "contraire aux règles internationales".
"Ils ne doivent pas prétendre que si nous nous asseyons à la table des négociations avec ce gouvernement (l'administration américaine), les problèmes seront résolus", a affirmé de son côté Ali Khamenei.
"Aucun problème ne sera résolu en négociant avec l'Amérique", a-t-il ajouté, citant des "expériences" antérieures.
"Concessions"
Le guide suprême a également souligné que les États-Unis avaient précédemment "ruiné, violé et déchiré" l'accord international sur le nucléaire conclu en 2015 entre l'Iran et les pays de l'E3 (France, Allemagne, Royaume-Uni) ainsi que les États-Unis, la Russie et la Chine.
Les États-Unis de Donald Trump s'étaient retirés en 2018 de cet accord qui offrait à Téhéran un allègement des sanctions en échange d'une limitation de ses ambitions nucléaires. Après le retrait unilatéral de Washington, l'Iran est revenu sur ses engagements. Toutes les tentatives pour raviver l'accord ont échoué ces dernières années.
Au cours de la réunion vendredi, Ali Khamenei a déclaré que l'Iran avait été "très généreux" et avait fait des "concessions" lors des négociations qui ont abouti à l'accord de 2015, mais que Donald Trump avait "déchiré le traité".
"S'ils nous menacent, nous les menacerons"
L'ayatollah Khamenei a également mis en garde les États-Unis s'ils s'en prenaient à l'Iran. "S'ils nous menacent, nous les menacerons. S'ils mettent leurs menaces à exécution, nous mettrons nos menaces à exécution. S'ils s'en prennent à la sécurité de notre nation, nous nous en prendrons à leur sécurité sans hésitation", a-t-il dit.
Les sanctions occidentales, en particulier depuis le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire, ont été rudement ressenties par des millions d'Iraniens qui luttent pour joindre les deux bouts dans un contexte d'inflation élevée et de dévalorisation de la monnaie.
Ali Khamenei a reconnu vendredi ces difficultés, mais assuré qu'elles pouvaient être résolues en interne.