Afghanistan: plus de six heures de combat à Kaboul lors d'une attaque revendiquée par Daesh

Les forces afghanes ont combattu pendant plus de six heures des assaillants faisant feu au mortier - WAKIL KOHSAR / AFP
Les forces de sécurité afghanes ont mis fin mardi à une attaque spectaculaire de plus de six heures dans Kaboul revendiquée par Daesh, alors que l'Afghanistan attend encore une réponse officielle des talibans à l'offre de cessez-le-feu du président Ashraf Ghani.
Quelque trente obus de mortiers ont au total été tirés sur la capitale afghane à partir de "deux endroits distincts mais proches", a déclaré l'opération Resolute support (RS) déployée par l'Otan en Afghanistan. Quatre des assaillants ont été tués et cinq se sont rendus, a-t-elle ajouté dans un communiqué.
"Six civils et soldats ont été blessés", a déclaré au cours d'une conférence de presse le général Murad Ali Murad, le commandant de la garnison de Kaboul, pour qui seuls "deux assaillants ont été tués".
"L'attaque est terminée"
Le porte-parole de la police de Kaboul, Hashmat Stanikzai, a fait part d'un bilan similaire à celui du militaire. "L'attaque est terminée", a-t-il dit à des journalistes. Quatre suspects ont également été arrêtés et vingt obus tirés, a-t-il ajouté. Daesh a revendiqué l'attaque via son agence de propagande Amaq sur la messagerie Telegram. La cible était "le palais présidentiel", a-t-il ajouté.
Les projectiles sont ainsi tombés sur la capitale au moment où le chef de l'État faisait un discours pour le premier jour de l'Aïd, retransmis sur Facebook. A plusieurs reprises, on y voit le président afghan s'interrompre, alors que des explosions retentissent. Puis il lance : "cette nation ne va pas se plier à ces attaques de roquettes".
Le président avait proposé dimanche une trêve de trois mois aux talibans. Leur porte-parole, dans un message envoyé à l'AFP, a nié toute implication. Les incidents avaient débuté vers 9h heure locale quand plusieurs roquettes avaient été tirées sur deux quartiers de Kaboul à partir d'un immeuble de Reka Khana, la vieille ville, selon plusieurs sources sécuritaires.
Des spécialistes mettent en doute la revendication
Un journaliste de l'AFP a vu un hélicoptère de l'armée descendre en piqué au-dessus d'une rue proche de la mosquée d'Eidgah, dans ce même quartier, et tirer une roquette sur une position tenue par un assaillant. Un nuage de fumée s'est alors élevé.
Des habitants qui faisaient leurs courses pour l'Aïd se sont mis à courir pour se mettre à l'abri. Des voitures ont brusquement bifurqué pour quitter le quartier. Des explosions et des tirs d'armes à feu se sont faits entendre, tandis que les forces de sécurité bouclaient la zone.
L'attaque de mardi, "si organisée et complexe", "porte la marque des talibans", estime l'analyste Nazar Sarmachar. "Qu'ils ne la revendiquent pas est une nouvelle tactique", a-t-il commenté. L'analyste militaire Ateequllah Amarkhail ne voit pas non plus Daesh "capable d'une attaque si complexe" et "pense que les talibans l'ont menée même si Daesh l'a revendiquée".