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La mort de Michael Brown ravive le spectre du racisme aux Etats-Unis

"Les vies des noirs sont importantes" peut-on lire sur les pancartes des manifestants à Ferguson, depuis la mort de Michael Brown.

"Les vies des noirs sont importantes" peut-on lire sur les pancartes des manifestants à Ferguson, depuis la mort de Michael Brown. - Michael B. Thomas - AFP

La mort de Michael Brown rappelle celles de Trayvon Martin et Renisha McBride ces dernières années et ravive la question des inégalités raciales aux Etats-Unis.

Depuis 10 jours, des manifestations tournent aux émeutes dans la ville de Ferguson où un policier a tué Michael Brown, un jeune Noir, dans des circonstances extrêmement controversées. Les manifestants clament notamment "No justice, no curfew" ("pas de justice, pas de couvre-feu") et un certain nombre demandent à Barack Obama de venir dans cette petite ville du Missouri.

Tout en souhaitant rester "prudent" sur le dossier tant que l'enquête était en cours, Barack Obama a évoqué lundi soir les inégalités raciales aux Etats-Unis et les communautés "qui se retrouvent souvent isolées, sans espoir et sans perspectives économiques".

"Les Etats-Unis ne sont pas passés encore dans une phase post raciale"

"Dans de nombreuses communautés, les jeunes gens de couleur ont plus de chances de finir en prison ou devant un tribunal que d'accéder à l'université ou d'avoir un bon emploi", a-t-il souligné. "C'est un vaste projet. Notre pays y travaille depuis deux siècles", a insisté Barack Obama, comme pour mieux repousser l'idée de l'homme providentiel sur les questions raciales. Pourquoi le premier président américain noir n'ose-t-il pas avancer sur ce sujet? 

Pour l'historien François Durpaire, si Barack Obama et plus généralement la classe politique américaine restent en retrait c'est qu'il y a "sans doute plus à perdre qu’à gagner à s’exprimer sur ce sujet. Les Etats-Unis ne sont pas passés encore dans une phase post raciale. La tension est encore vive." 

"Pas d'égalité de fait"

Comme l'expliquait à BFMTV.com, Olivier Richomme, à l'occasion des 50 ans de la loi de 1964 sur les droits civiques, "l'égalité de droit ne s'est pas traduite par une égalité de fait. Et la persistance des inégalités ethno-raciales est un défi majeur pour la société américaine". Ce maître de conférence en Civilisation américaine rappelait que si beaucoup de barrières ont été retirées, un "cercle vicieux" existe toujours.

"Elle existe l'Amérique post raciale, mais elle existe pas partout, pas pour tout le monde", abonde Nicole Bacharan, politologue franco-américaine.

En matière d'éducation, d'emploi, de richesses, de justice ou de mentalités, la ségrégation n'a pas encore disparu. L'exemple de la ville de Ferguson est éloquent. Cette ville de 21.000 habitants où 70% de la population est noire, ne compte que trois policiers noirs sur 53.

Michael Brown, l'affaire de trop?

La mort de Michael Brown rappelle celles de Trayvon Martin et Renisha McBride en 2012, mais aussi Rodney King en 1991. Toutes emblématiques du racisme dans la police américaine et plus généralement dans la société.

Karine Lambin