50 ans après la fin de la ségrégation, où en sont les Etats-Unis?

Jay Z et Beyonce lors de la cérémonie d'investiture de Barack Obama en janvier 2013. - -
Le 2 juillet 1964, le président américain Lyndon Johnson signait le "civil rights act", pierre angulaire de la lutte contre les discriminations raciales. "Les citoyens afro-américains commencent à avoir une citoyenneté pleine et entière" à ce moment-là, explique Olivier Richomme maître de conférence en Civilisation américaine à l’Université Lumière Lyon-2. "Ces lois sont un tremplin économique pour les classes moyennes noires", estime David Diallo auteur de l’Histoire des Noirs aux Etats-Unis.
50 ans plus tard, le président américain Barack Obama est noir. Beyoncé est en tête du dernier classement Forbes sur les célébrités les plus influentes au monde, suivie du basketteur LeBron James (n°2), du rappeur Dr. Dre (n°3), de la présentatrice Oprah Wifrey (n°4) et son époux Jay Z est classé sixième.
Mais ces exemples sont simplement "la partie émergée de l'iceberg", prévient David Diallo, "l'arbre qui cache la forêt", abonde Olivier Richomme. En effet, l'égalité de droit ne s'est pas traduite par une égalité de fait. Et la persistance des inégalités ethno-raciales est un défi majeur pour la société américaine.
50 ans après le civil right act, encore beaucoup dinégalités | Create Infographics
L'héritage de l'esclavage
La minorité afro-américaine est celle qui part avec le plus de handicaps. La longue histoire de l'esclavage suivie de la ségrégation ont monté des barrières à tous les niveaux: éducation, emploi, richesses, mentalités… "On a retiré beaucoup de barrières, les Etats-Unis se sont réformés de manière spectaculaire", analyse Olivier Richomme, mais il existe un "cercle vicieux" avec des engrenages à tous les niveaux qui ont un effet cumulatif. Et faire machine arrière prend énormément de temps.
Il existe ainsi une ségrégation spatiale avec des quartiers noirs et blancs qui ne connaissent pas la mixité. Et le faible nombre de mariages inter-raciaux (15%) montre que la société américaine est encore structurée autour de chaque groupe même si la situation n'est pas homogène. Il existe en effet de grandes disparités entre le Nord et le Sud ou les grandes agglomérations et la campagne. En la matière, l'affaire Trayvon Martin est un exemple révélateur du racisme qui peut encore exister dans la police et la justice américaine.
Si dans les années 1960 les mouvements des droits civiques ont permis de faire évoluer les lois et les mentalités, ils ont complètement marqué le pas depuis, sans avoir pour autant trouvé de véritabled relais. Pire, les conservateurs sont partis en guerre contre la discrimination positive. C'est pourquoi David Diallo n'est "pas optimiste" pour les années à venir.