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La COP25 commence à Madrid mais l'Accord de Paris, signé lors de la COP21, est loin d'être respecté

Le logo de la COP25, à Madrid.

Le logo de la COP25, à Madrid. - GABRIEL BOUYS / AFP

CARTE - Une étude démontre que les trois quarts des pays ayant signé l'accord de Paris lors de la COP21 ne respectent pas leurs engagements.

La COP25 démarre ce lundi 2 décembre à Madrid, quelques semaines à peine après la décision de ne pas l'organiser au Chili, où elle était initialement prévue.

"Time for action": c'est le slogan de cette 25e réunion annuelle de l'ONU sur le climat. Pourtant, quatre ans après la COP21 qui avait eu lieu en France, l'Accord de Paris signé en 2015 est toujours loin d'être respecté, à en croire une étude réalisée par l'ONG Fundacion Ecologica Universal (FEU).

En regardant au cas par cas les objectifs fixés par chaque pays, la FEU a pu déterminer les "bons" et les "mauvais" élèves. Et le résultat est aberrant. Sur 197 pays, 127 ne les respectent pas, dont des géants comme la Chine, les Etats-Unis ou l'Inde, qui figurent parmi les principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Treize autres (dont la Russie, la Turquie, l'Iran...) ne se sont toujours pas engagés à l'heure actuelle. 

L'Europe isolée face à l'urgence climatique

Selon l'étude, seules 36 nations, principalement européennes, respectent pour l'instant leurs engagements. La situation est plus contrastée dans 21 autres pays, dont le Canada, le Brésil ou l'Australie, qui doivent fournir plus d'efforts pour tenir le cap fixé à Paris.

La carte ci-dessous détaille les conclusions de la FEU, qui se basent sur plusieurs critères, notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

L'Europe semble donc bien seule dans sa lutte dans contre le réchauffement climatique. Seul les Balkans et quelques Etats de l'est du continent (Géorgie, Biélorussie, Arménie...) y font figure de mauvais élèves aux yeux de la FEU.

Quant à la Russie et la Turquie, les deux pays ne se sont pas encore engagés à réduire leurs émissions de gaz à effets de serre (GES). Une décision qu'aurait probablement pris Donald Trump s'il avait été au pouvoir au moment de la ratification du texte, en 2016.

Les Etats-Unis se retirent de l'accord de Paris... mais ont déjà commencé à augmenter leurs émissions de GES

A l'été 2017, le président américain revenait sur la décision de son prédécesseur Barack Obama, et annonçait sa volonté de se retirer de l'accord de Paris. Le processus de retrait a été officiellement déclenché au début du mois de novembre 2019, mais ne sera pas effectif avant le 4 novembre 2020. 

Un acte symbolique puisque dans les faits, les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse aux Etats-Unis cette année, ce qui représente une première depuis 2005.

Bien qu'ils soient les premiers à avoir acté officiellement leur départ, les Etats-Unis sont loin d'être les seuls à bafouer complètement les principes négociés fin 2015.

La Chine et l'Inde augmentent elles aussi leurs émissions de GES

Comme le rappelle L'Express, les émissions de GES chinoises - qui représentent à elles seules un quart des émissions planétaires - ont augmenté de 80% entre 2005 et 2018. Mais le plus inquiétant est à venir car cette progression devrait durer au moins jusqu'en 2030.

L'hebdomadaire pointe également du doigt l'Inde - troisième plus gros émetteur de GES au monde - dont les émissions ont évolué de 76% sur la même période. Elles aussi devraient progresser durant les dix prochaines années.

Une COP25 inutile?

Nombre d'observateurs craignent que la COP25 ne soit pas à la hauteur de l'urgence. Pour que l'espoir de limiter le réchauffement à +1,5°C, ambition idéale de l'accord de Paris, ne s'envole pas, il faudrait réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, chaque année dès l'an prochain et ce jusqu'à 2030. Mais pour l'instant, il n'y a aucun signe laissant penser que ces émissions, qui augmentent chaque année, commenceront à baisser.

Vu l'ampleur de la tâche, "nous ne pouvons pas attendre jusqu'à la COP26", estime Carlos Fuller, négociateur en chef pour le groupe des Etats insulaires, particulièrement vulnérables au dérèglement climatique. La COP26 aura lieu en 2020 à Glasgow, en Ecosse.

Louis Tanca avec AFP