Guerre en Ukraine: Kiev bombarde les Russes à Kherson, la bataille de Severodonetsk fait rage

Des soldats ukrainiens dans la région du Donbass, le 9 juin 2022 - ARIS MESSINIS / AFP
Plus de 100 jours après le début de l'invasion russe, les combats font toujours rage dans plusieurs zones ukrainiennes. Ce vendredi, les forces de Kiev ont indiqué être à l'offensive dans la région occupée de Kherson, dans le Sud, dont elles redoutent une prochaine annexion par la Russie.
"Notre aviation a frappé des positions russes, des sites où se concentrent équipements et personnel et des dépôts autour de cinq localités de la région de Kherson", a indiqué l'état-major de l'armée ukrainienne sur Facebook.
Depuis plusieurs jours, les Ukrainiens font état de combats dans cette région, dont la quasi-totalité est occupée par les troupes russes depuis les premiers jours de l'invasion russe lancée le 24 février.
Annexion?
Les autorités locales mises en place par Moscou réclament haut et fort une annexion. Un des négociateurs russes sur le conflit en Ukraine a évoqué le 1er juin la prochaine organisation d'un référendum dans les territoires occupés par les Russes sur cette question, qui pourrait avoir lieu en juillet.
Un projet qualifié d'"illégal" par Kiev, et qui rappelle le référendum organisé par la Russie en Crimée en 2014, avant d'annexer la péninsule dans la foulée. Les informations sur ce qui se passe dans cette région - reliée à la Crimée par une bande de terre - sont rares.
Kiev a accusé mardi l'armée russe d'y avoir emprisonné près de 600 personnes, essentiellement des journalistes et militants pro-Kiev, et de les soumettre à des "tortures". Lors d'un voyage de presse organisé à Kherson par le ministère russe de la Défense fin mai, les habitants rencontrés par l'Agence France-Presse (AFP) se muraient dans le silence pour la plupart.
Le président russe Vladimir Poutine a lui comparé sa politique à celle du tsar Pierre le Grand, qui avait envahi une partie de la Suède ainsi que la Finlande, une partie de l'Estonie et de la Lettonie.
La bataille du Donbass
Dans le Donbass, la bataille pour la ville-clé de Severodonetsk et sa ville jumelle Lyssytchansk continue, de plus en plus meurtrière.
"Severodonetsk, Lyssytchansk, et d'autres villes du Donbass, que les occupants considèrent maintenant comme leurs cibles, tiennent bon", a déclaré Volodymyr Zelensky dans une allocution jeudi soir.
Mais les combats se poursuivent dans la ville et les bombardements sont constants, a indiqué vendredi Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région. Il a souligné notamment que le Palais des Glaces, un des symboles de la ville, avait été détruit dans un incendie résultant d'un bombardement russe.
Lui qui affirmait il y a trois jours que Moscou s'était fixé pour objectif de prendre la ville d'ici au 10 juin s'est aussi félicité qu'ils n'aient "pas réussi", sur sa messagerie Telegram.
Prendre Severodonetsk ouvrirait à Moscou la route d'une autre grande ville du Donbass, Kramatorsk, étape importante pour conquérir l'intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone de l'est de l'Ukraine, en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.
La bataille, qui dure depuis plusieurs semaines, est particulièrement meurtrière. Kiev déplore chaque jour "jusqu'à 100 soldats" tués et "500 blessés" dans les combats, a indiqué jeudi le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov. Les Russes eux ne disent rien sur leurs pertes.

Armes lourdes au compte-gouttes
L'Ukraine pourrait toutefois reprendre Severodonetsk "en deux, trois jours", dès qu'elle disposera d'artillerie occidentale "de longue portée", avait assuré ce même gouverneur jeudi.
Les Ukrainiens, qui en 107 jours de guerre ont épuisé leurs armements de fabrication russe et soviétique selon des sources militaires américaines, ne cessent de réclamer à leurs alliés occidentaux de nouvelles armes plus puissantes.
La livraison de systèmes de lance-roquettes multiples - notamment des Himars d'une portée d'environ 80 km, soit légèrement supérieure aux systèmes russes, a été annoncée par Washington et Londres, mais on ignore quand les Ukrainiens pourront commencer à les utiliser.
Si l'armement occidental semble arriver au compte-goutte en Ukraine, c'est parce que les alliés veulent s'assurer que Kiev est capable de l'absorber en toute sécurité et de limiter les risques de bombardement de ses stocks de munitions, expliquent ces sources militaires américaines. "Nous essayons de maintenir un flux constant", a indiqué un responsable militaire américain.
Volodymyr Zelensky a dit avoir évoqué avec Emmanuel Macron l'aide militaire de la France à l'Ukraine, lors d'un échange téléphonique jeudi. Le président français, qui préside aussi l'Union européenne jusqu'au 30 juin, a notamment interrogé le président ukrainien "sur ses besoins" en équipements militaires, y compris "en armes lourdes", a confirmé Paris.