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Ukraine: pour le chef des droits de l'Homme de l'ONU, le conflit "éloigne" l'humanité de la lutte "pour sa survie"

Le  Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, au Palais Wilson à Genève, le 2 novembre 2022.

Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, au Palais Wilson à Genève, le 2 novembre 2022. - Elodie LE MAOU / AFP

Le Haut Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU a également dénoncé des violations des droits humains "scandaleusement routinières" dans ce conflit. "Cette folie doit cesser", a-t-il exhorté.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie "éloigne" l'humanité de la lutte "pour sa survie" menacée par le changement climatique, a mis en garde vendredi le chef des droits de l'Homme de l'ONU Volker Türk.

"Au moment où l'humanité est confrontée à des défis existentiels écrasants, cette guerre destructrice nous éloigne de la tâche qui consiste à bâtir des solutions pour assurer notre survie", a lancé Volker Türk devant le Conseil des droits de l'Homme, dénonçant également des violations des droits humains "scandaleusement routinières" dans ce conflit déclenché par la Russie.

"Cette guerre défie toute raison. Cette folie doit cesser", a exhorté Volker Türk.

Partout en Ukraine, "les gens sont confrontés à des souffrances et à des pertes massives, à des privations, à des déplacements et à des destructions", a rappelé le Haut Commissaire aux droits de l'Homme, insistant aussi sur l'impact du conflit ailleurs dans le monde.

71 millions de personnes précipités dans la pauvreté

La guerre déclenchée par Moscou en février 2022 a aggravé encore une crise alimentaire qui frappait déjà des dizaines de pays, en faisant grimper les prix des produits alimentaires et de l'énergie. Selon Volker Türk, elle a précipité 71 millions de personnes dans la pauvreté et en affecte 1,6 milliard d'autres.

Ses services ont dénombré "8400 civils tués et plus de 14.000 civils blessés" depuis le début de l'offensive russe en février 2022. "La plupart des victimes résultent de l'utilisation par les forces russes d'armes explosives à large impact dans des quartiers résidentiels", a-t-il affirmé.

"Ces chiffres ne sont que le sommet de l'iceberg", a toutefois ajouté Volker Türk.

Le Haut-Commissaire s'est également référé à un récent rapport de la mission de surveillance des droits de l'Homme des Nations unies en Ukraine, qui accusait notamment forces russes et ukrainiennes d'avoir commis des exécutions sommaires de prisonniers de guerre. Kiev avait alors jugé inacceptable "de mettre sur un même plan la victime et l'agresseur".

Plus de 400 prisonniers de guerre, des deux côtés, ont été interrogés par la mission, a expliqué Volker Türk vendredi. 90% des soldats ukrainiens détenus par les Russes ont déclaré avoir été soumis à la torture, y compris des violences sexuelles, tandis qu'environ la moitié des prisonniers de guerre russes interrogés ont dit avoir été maltraités.

16.000 enfants ukrainiens déportés vers la Russie selon Kiev

"L'Ukraine - à son crédit - a fourni un accès libre et sécurisé aux lieux d'internement. La Fédération de Russie, cependant, ne nous a pas donné accès, malgré de multiples demandes, ce qui signifie que les entretiens avec les prisonniers de guerre ukrainiens n'ont pu avoir lieu qu'après leur libération", a souligné le responsable onusien.

Yevheniia Filipenko, ambassadrice d'Ukraine à l'ONU, a critiqué le refus d'accès de la Russie à ceux qui enquêtent sur "la matrice de tous les crimes", les empêchant "d'évaluer l'ampleur réelle des atrocités de la Russie".

Le représentant de la Russie, Yaroslav Eremin, a quant à lui soutenu que les enquêteurs de l'ONU "passaient délibérément sous silence l'ampleur de la brutalité" de l'Ukraine.

Volker Türk a également pointé les conclusions selon lesquelles des enfants ukrainiens avaient été transférés vers un territoire occupé ou vers la Russie. Selon Kiev, plus de 16.000 enfants ukrainiens ont été déportés vers la Russie.

Des "atrocités russes en Ukraine", selon l'ambassadrice américaine

Une commission d'enquête de l'ONU a déterminé que ces transferts forcés constituaient des crimes de guerre et a déjà déclaré en mars qu'elle enquêtait également sur des allégations selon lesquelles ils pourraient constituer un génocide.

"Je crains vraiment que nous n'ayons fait qu'effleurer la surface en ce qui concerne les atrocités russes en Ukraine", a déclaré l'ambassadrice américaine Michele Taylor aux journalistes.

L.D. avec AFP