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Rencontre Trump-Zelensky, Moscou prêt à négocier... Une journée cruciale pour la paix en Ukraine?

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La question de la guerre en Ukraine s'est largement invitée au cœur des funérailles du pape François samedi 26 avril à Rome, en marge desquelles Donald Trump et Volodymyr Zelensky se sont rencontrés.

Ce n'était pas à l'agenda officiel du Vatican en ce jour de funérailles papales. Mais le sort de l'Ukraine a largement occupé les esprits samedi 26 avril à Rome, en marge des obsèques du pape François.

L'événement, qui a rassemblé 400.000 fidèles le long du cortège funèbre, a permis aux principaux dirigeants présents, engagés pour aboutir à un processus de paix, de s'entretenir. Et ce, malgré l'absence du président russe Vladimir Poutine.

• Une rencontre Trump-Zelensky "très productive"

Si l'image des Romains saluant une dernière fois le cercueil du pontife à bord de la papamobile devant le Colisée restera, celle du tête-à-tête improvisé entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky a particulièrement fait date ce samedi.

Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans la basilique Saint-Pierre ce samedi 26 avril 2025.
Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans la basilique Saint-Pierre ce samedi 26 avril 2025. © Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP

Assis face à face, le visage à quelques centimètres l'un de l'autre, sur deux fauteuils au milieu d'une vaste salle de la basilique Saint-Pierre, les présidents américain et ukrainien ont discuté pendant une quinzaine de minutes. Un échange d'autant plus marquant au vu de leur dernière entrevue en présence du vice-président des États-Unis JD Vance, terminée de façon houleuse à la Maison Blanche le 28 février.

Volodymyr Zelensky a cette fois dit espérer "des résultats sur tous les points abordés" après une "bonne réunion" avec le milliardaire, qui pousse fortement pour une cessation des hostilités entre Ukrainiens et Russes.

Le président ukrainien a répété sur X vouloir "un cessez-le-feu total et inconditionnel". Il s'agit d'"une réunion très symbolique qui pourrait devenir historique si nous parvenons à des résultats communs", a ajouté le dirigeant, qui a également rencontré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans l'après-midi. Celle-ci lui a promis le soutien de l'Union lors des négociations.

De son côté, Steven Cheung, directeur des communications de la Maison Blanche, a qualifié le dialogue de "très productif", sans que l'on en sache plus sur les sujets évoqués. Donald Trump est néanmoins rapidement reparti de Rome en direction des États-Unis à bord d'Air Force One. À l'origine, un deuxième entretien entre les deux hommes était prévu.

• Des échanges positifs aussi avec Macron et Starmer

Investis également sur le dossier ukrainien, Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont eux aussi rencontré Donald Trump et Volodymyr Zelensky lors d'un rassemblement à quatre.

"Je confirme qu'il y a bien eu un échange du président avec Donald Trump, Volodymyr. Zelensky et Keir Starmer et qu'il a été positif", a indiqué un conseiller de l'Elysée à l'AFP. Une photo partagée par la presse présidentielle de Kiev montre justement Emmanuel Macron, la main sur l'épaule de son homologue ukrainien lors des échanges.

Volodymyr Zelensky s'est ensuite entretenu de façon bilatérale avec les chefs d'État français et britannique, les deux puissances nucléaires européennes pouvant être appelées à jouer un rôle important pour fournir d'éventuelles garanties de sécurité à l'Ukraine en cas de cessation des hostilités.

Emmanuel Macron a salué un "échange très positif" avec son homologue ukrainien, à la Villa Bonaparte, qui abrite l'ambassade de France près le Saint-Siège à Rome.

"L’Ukraine est prête à un cessez-le-feu inconditionnel. Le président Zelensky me l’a redit aujourd’hui. Il souhaite travailler aux côtés des Américains et des Européens pour le mettre en œuvre", a expliqué le président de la République dans un message posté sur X.

"Mettre fin à la guerre en Ukraine, c’est l’objectif que nous partageons en commun avec le président Trump", a-t-il assuré avant de remettre la balle dans le camp de la Russie : "Au président Poutine désormais de prouver qu’il veut vraiment la paix"

Londres a fait part de discussions autour "des progrès réalisés ces derniers jours pour garantir une paix juste et durable en Ukraine". Volodymyr Zelensky et Keir Starmer "ont convenu de maintenir la dynamique et de continuer à travailler activement avec leurs partenaires internationaux", d'après un communiqué du gouvernement britannique.

• Poutine se dit prêt à négocier "sans aucune condition préalable"

Sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, Vladimir Poutine n'était pas présent au Saint-Siège, représenté par sa ministre de la Culture Olga Lioubimova. Mais la communication de Moscou a coïncidé avec les temps forts de la journée.

Samedi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a indiqué que le président russe a dit la veille à l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, lors de leur entretien, être prêt à "reprendre le processus de négociation avec l'Ukraine sans aucune condition préalable".

Celui-ci a pourtant régulièrement répété ses exigences maximalistes au sujet de l'Ukraine: le contrôle des cinq régions ukrainiennes dont Moscou revendique l'annexion, la renonciation de l'Ukraine à rejoindre l'Otan et sa démilitarisation.

Peu après, Donald Trump a réagi en faisant part de ses doutes sur la démarche dans un message posté sur Truth Social.

"Il n'y avait aucune raison pour Poutine de tirer des missiles sur des zones civiles, des villes et des villages, ces derniers jours. Cela me fait penser que, peut-être, il ne veut pas arrêter la guerre et qu'il me balade, et alors il faut faire autrement", a-t-il écrit sur son réseau, fustigeant que "trop de gens meurent !"

Donald Trump évoque à ce titre deux options alternatives: frapper le système bancaire et renforcer les sanctions contre la Russie, déjà très importantes.

• Moscou affirme avoir repris la région de Koursk, Kiev dément

Pendant les funérailles à Rome, Moscou a enfin annoncé avoir reconquis l'intégralité de son territoire dans la région de Koursk, où les Ukrainiens avaient lancé une offensive en août 2024. Une information que Kiev a démentie, affirmant que les combats se poursuivaient.

Vladimir Poutine avait par le passé fait comprendre qu'il n'était pas prêt à négocier sur l'issue du conflit tant que les forces ukrainiennes n'étaient pas entièrement "chassées" de cette zone.

Kiev a qualifié cette annonce intervenue en pleine effervescence diplomatique sur l'issue du conflit de "fausse" et de "propagande". Depuis plusieurs semaines, les troupes de Kiev étaient sur le recul dans cette zone du front, l'armée russe reprenant petit à petit du territoire.

L'armée ukrainienne a rapidement dénoncé de "fausses" informations, jurant que les combats "se poursuivent" dans la zone. "Les déclarations des dirigeants ennemis concernant la 'défaite' des forces ukrainiennes ne sont rien d'autre que des manoeuvres de propagande", a-t-elle dénoncé dans un communiqué.

"Il n'y a aucune menace d'encerclement de nos unités", a martelé cette source, évoquant toutefois une situation "difficile".

Gabriel Joly avec AFP