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Ukraine

"Inacceptable": la Russie s'oppose au déploiement de troupes de membres de l'Otan en Ukraine

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à Moscou, le 21 janvier 2025. (Photo d'archive)

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à Moscou, le 21 janvier 2025. (Photo d'archive) - Alexander NEMENOV / POOL / AFP

La Russie est opposée au déploiement en Ukraine de troupes de pays membres de l'Otan, a déclaré le chef de la diplomatie russe à l'issue de pourparlers à Ryad avec les États-Unis.

Un tournant dans la guerre? La Russie est opposée au déploiement en Ukraine de troupes de pays membres de l'Otan même sous drapeaux nationaux ou de l'UE, a déclaré mardi 18 février le chef de la diplomatie russe à l'issue de pourparlers à Ryad avec les États-Unis.

"Nous avons expliqué aujourd'hui que le déploiement (en Ukraine) de troupes de forces armées des pays de l'Otan, mais sous un autre drapeau, sous le drapeau de l'Union européenne ou sous des drapeaux nationaux ne change rien. C'est bien sûr inacceptable", a déclaré Sergueï Lavrov, alors que l'Europe et Kiev avancent l'idée de telles forces en territoire ukrainien pour garantir la sécurité de l'Ukraine et le respect d'un futur accord mettant fin à la guerre.

Divergences sur l'envoi de troupes

Lundi, Emmanuel Macron avait convoqué les pays-clés européens pour une réunion à Paris sur le sujet. Plusieurs pays membres ont exprimé des réticences sur l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord de paix.

Selon la Première ministre italienne d'extrême droite Giorgia Meloni, l'envoi de troupes est la solution "la plus complexe et la moins efficace" pour assurer la paix en Ukraine. Georgia Meloni a également souligné l'importance d'impliquer Washington dans toutes discussions sur l'Ukraine.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a de son côté exhorté l'Europe et les États-Unis à continuer d'"agir ensemble", tout en estimant qu'il était "hautement inapproprié" de débattre aujourd'hui de l'envoi de troupes en Ukraine, tant que la guerre fait rage.

"Backstop" américain

La solution d'un "backstop" ou soutien américain, évoquée par le Premier ministre britannique Keir Starmer, pourrait rendre une participation militaire allemande en Ukraine moins improbable. Mais selon Olaf Scholz, il est "totalement prématuré" d'en parler. D'autant que Washington en a exclu l'hypothèse. Keir Starmer, qui se rend à Washington la semaine prochaine, pourrait évoquer cette question avec Donald Trump.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a aussi fait savoir que son pays ne déploierait pas de soldats. À quelques mois de l'élection présidentielle, dans lesquelles les Européens craignent une ingérence russe, Varsovie a jugé prudent de ne pas annoncer d'engagement.

À l'autre bout de l'échiquier continental, la diplomatie hongroise a fustigé "des dirigeants européens frustrés, proguerre et anti-Trump" qui "se réunissent pour empêcher un accord de paix".

Même si le Premier ministre Viktor Orban ne peut, seul, bloquer le Conseil européen, la nouvelle administration américaine semble compter sur ce type de divisions pour imposer ses vues. "L'administration Trump a l'intention d'affaiblir l'unité européenne", estime Stephan Wolf.

"Accord de paix durable"

La réunion lundi à Paris a toutefois connu une convergence majeure: la nécessité d'un "accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité" pour Kiev, et leur "disponibilité" à "augmenter leurs investissements" dans la défense, selon un résumé obtenu mardi de sources parlementaires.

Le temps est compté. "Jamais depuis 1945, le risque d'une guerre en Europe n'avait été aussi élevé qu'aujourd'hui", a jugé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, devant l'Assemblée nationale, notant que parallèlement, "les États-Unis, et c'est leur droit, (avaient) décidé de se désengager progressivement".

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"Il est temps (...) que l'Europe se réveille et qu'elle prenne la mesure des menaces qui sont devant elle", a-t-il ajouté, relevant que "des défis colossaux" se présentaient à elle pour garantir la paix en Ukraine.

"Rien sur l'Ukraine sans l'Ukraine"

Selon Stephan Wolf, professeur à l'Université de Birmingham, "l'Europe a connu de nombreux tournants et avertissements par le passé. Ce qui est différent aujourd'hui, c'est qu'un nouvel ordre multipolaire est en train d'émerger - et l'Europe n'est pas l'un des pôles".

Toutefois, selon des sources parlementaires, la réunion à Paris a accouché d'un "accord assez large" autour des principes-clés suivants: "rien sur l'Ukraine sans l'Ukraine", "rien sur la sécurité européenne sans les Européens", "nécessité de soutenir la pleine et entière souveraineté de l'Ukraine" et "de préserver l'unité" de l'Alliance entre Américains et Européens.

Et selon ces sources, les participants sont convenus de "redoubler d'efforts pour augmenter" le soutien à Kiev et d'envisager d'augmenter les budgets de la défense.

L.V. avec AFP