BFMTV
Ukraine

Guerre en Ukraine, minerais... Sur quoi va porter la rencontre entre Trump et Zelensky ce vendredi à Washington?

placeholder video
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu vendredi à Washington pour finaliser un accord cadre sur l'exploitation de minerais, sur fond de fortes tensions entre l'Ukraine et les États-Unis.

Un rendez-vous crucial. Après Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer, c'est au tour du président ukrainien Volodymyr Zelensky de rencontrer Donald Trump, ce vendredi 28 février à la Maison Blanche, en pleine accélération des discussions pour une paix en Ukraine.

Dans un contexte de fortes tensions entre Washington et Kiev, l'incertitude a plané jusqu'au bout sur la rencontre entre deux présidents. Selon nos informations, celle-ci aurait pu ne pas avoir lieu si Emmanuel Macron n'était pas intervenu auprès de Donald Trump pour le convaincre de maintenir l'invitation.

"Zelensky vient vendredi, c'est confirmé à présent", a finalement annoncé mercredi Donald Trump lors de la première réunion de son cabinet.

Accord sur les minerais

Après l'échange entre Emmanuel Macron et Donald Trump sur les conditions d'une fin du conflit en Ukraine, l'invasion russe du pays ne devrait pas être au centre des discussions vendredi.

La rencontre doit surtout permettre la signature d'un document portant sur l'accès des États-Unis aux ressources du sous-sol ukrainien, exigé par Donald Trump en compensation de l'aide militaire et financière versée depuis trois ans.

Le président américain a affirmé que les États-Unis avaient dépensé 350 milliards de dollars d'aide militaire à Kiev, mais selon l'institut de Kiel pour l'économie mondiale, basé en Allemagne, le montant avoisine plutôt les 115 milliards.

"Nous allons signer un accord, qui sera un très grand accord", a promis Donald Trump mercredi.

Un compromis a déjà été trouvé cette semaine, mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky l'a qualifié de "début", jugeant que les discussions avec son homologue américain seront décisives.

"C'est un début, c'est juste un accord-cadre", a-t-il dit à la presse à Kiev. "Ce deal peut être un grand succès ou simplement disparaître", a ajouté le chef de l'État ukrainien, soulignant que "cela dépendra de nos conversations avec le président Trump".

Les contours de ce texte restent flous, qu'il s'agisse des montants en jeu ou des garanties de sécurité réclamées côté ukrainien. Les points d'achoppement - en particulier sur le montant de 500 milliards de dollars évoqué par Donald Trump - ont en tout cas fini par disparaître, selon Volodymyr Zelensky qui a déjà refusé une première mouture.

Des garanties de sécurités pour Kiev?

Selon le président ukrainien, les revenus issus de l'exploitation des minerais dans le cadre de l'accord seront déposés dans un fonds commun américano-ukrainien. Les médias ukrainiens croient savoir que le texte comporte une référence à la sécurité de l'Ukraine mais pas de garanties concrètes.

Pour l'Ukraine, une condition clé est pourtant d'obtenir des garanties de sécurité, devant dissuader la Russie de toute nouvelle invasion après un hypothétique cessez-le-feu.

"Les garanties de paix et de sécurité sont la clé pour empêcher la Russie de détruire la vie d'autres nations", a plaidé Volodymyr Zelensky mercredi dans son allocution du soir.

Mais Donald Trump a été tranchant le même jour sur ce point. "L'Otan, on peut oublier ça", a-t-il d'emblée déclaré, écartant une perspective d'entrée dans l'alliance qui était réclamée de longue date par l'Ukraine.

Quant aux garanties militaires, "nous allons demander à l'Europe de le faire parce que, vous savez, l'Europe est leur voisin immédiat", a lancé Donald Trump, concédant simplement que les États-Unis allaient "s'assurer que tout se passe bien".

La France et Royaume-Uni ont proposé de déployer plusieurs dizaines de milliers de soldats en Ukraine pour garantir la paix, mais, selon des médias britanniques dont The Times, à condition que les États-Unis assurent une couverture aérienne.

Guerre en Ukraine: minerais, terres rares... Quelles sont ces richesses convoitées par les États-Unis?
Guerre en Ukraine: minerais, terres rares... Quelles sont ces richesses convoitées par les États-Unis?
2:32

Vers un arrêt total de l'aide américaine?

Volodymyr Zelensky a par ailleurs dit mercredi vouloir demander à son homologue américain s'il comptait vraiment cesser toute assistance à l'Ukraine et si dans ce cas Kiev pourrait au moins "acheter des armes" aux États-Unis.

"Il est important pour moi et pour nous tous dans le monde que l'aide de l'Amérique ne s'arrête pas", a-t-il souligné dans son allocution du soir.

L'échange s'annonce tendu alors que le président américain a qualifié son homologue ukrainien de "dictateur" et l'a rendu responsable du déclenchement de la guerre, épousant le narratif du Kremlin avec qui il a réengagé des pourparlers.

Donald Trump a semblé toutefois faire marche arrière sur ses attaques, feignant ce jeudi d'avoir oublié ses propos sur Volodymyr Zelensky. "J'ai dit ça? Je n'arrive pas à croire que j'ai dit ça. Question suivante", a-t-il déclarant en répondant à la presse à la Maison Blanche avant une réunion avec Keir Starmer.

Les présidents américain et ukrainien se connaissent depuis le premier mandat du milliardaire républicain. En 2019, Donald Trump avait appelé son homologue ukrainien après son élection pour lui demander d'"examiner" les activités de Joe Biden et de son fils Hunter en Ukraine. Une conversation qui sera au cœur de la première tentative d'impeachment contre le président américain.

François Blanchard