De l'altercation à l'accord: comment Trump et Zelensky ont réussi à surmonter l'épisode du Bureau ovale

Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky le 28 février 2025 à la Maison Blanche. - Andrew Harnik / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images
Une relation qui se réchauffe après des jours de dissensions. Depuis l'Arabie saoudite, l'Ukraine et les États-Unis, par la voix de délégations, se sont entendus ce mardi 11 mars sur une proposition de cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie. Et Washington a annoncé la levée "immédiate" de la suspension de l'aide à Kiev.
Une concorde qui tranche avec les invectives que se lançaient les deux pays depuis le tumultueux échange entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche le 28 février dernier. Des tensions qui se sont toutefois raréfiées au fil des jours: Kiev et Washington ont progressivement apaisé leur relation. À tel point, que le président américain s'est dit prêt ce mardi à inviter son homologue ukrainien à revenir dans le Bureau ovale.
• Une scène de tension inouïe à la Maison Blanche
Deux semaines après un appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine signant un revirement diplomatique de Washington envers Moscou au détriment de Kiev, Volodymyr Zelensky a été invité à la Maison Blanche. Cette rencontre, qui visait à signer l'accord sur l'exploitation de minerais en Ukraine, a tourné au vinaigre.
Une fois dans le Bureau ovale, une véritable joute verbale s'est enclenchée entre Donald Trump, Volodymyr Zelensky et le vice-président américain J.D. Vance. Pendant cette scène de tension inouïe qui a duré de longues minutes, les trois hommes ont élevé la voix et se sont coupé plusieurs fois la parole.
Le président américain a reproché à son homologue ukrainien de ne pas être "reconnaissant", il l'a accusé de "jouer avec la 3e guerre mondiale" et l'a menacé de le "laisser tomber" lui rappelant qu'il "n'avait pas les cartes en main". Un échange houleux qui a entraîné le départ précipité du président Zelensky, sans que rien ne soit signé.
• Suspension de l'aide et du renseignement américain
Mécontents, les États-Unis ont annoncé le 3 mars suspendre les aides militaires américaines à l'Ukraine, tout comme le partage de renseignement, très utiles à Kiev sur le champ de bataille. Un responsable de la Maison Blanche a expliqué que cette "pause" visait à "réexaminer (leur) aide pour s'assurer qu'elle contribue à la recherche d'une solution" au conflit entre l'Ukraine et la Russie.
"Le président a clairement indiqué qu'il se concentrait sur la paix. Nous avons besoin que nos partenaires s'engagent, eux aussi, à atteindre cet objectif", avait-il alors ajouté.
En mettant ces aides "en pause", Washington voulait faire pression sur Kiev: les États-Unis voulaient que l'Ukraine s'engage rapidement sur un processus de paix.
• Une lettre de Zelensky à Trump
Dès le lendemain, le 4 mars, le président ukrainien a tendu la main au milliardaire républicain. Lors de son discours devant le Congrès, Donald Trump a affirmé avoir reçu une "lettre importante" de Volodymyr Zelensky. "La lettre dit que l'Ukraine est prête à s'asseoir à la table des négociations dès que possible pour se rapprocher d'une paix durable", a déclaré le 47e président des États-Unis.
Volodymyr Zelensky "a déclaré: 'Mon équipe et moi-même sommes prêts à travailler sous la direction énergique du président Trump pour obtenir une paix durable. Nous apprécions vraiment tout ce que l'Amérique a fait pour aider l'Ukraine à maintenir sa souveraineté et son indépendance'", a récité Donald Trump qui a dit "apprécier" l'envoi de cette lettre.
Le même jour, Volodymyr Zelensky avait assuré sur X que son "administration" et lui-même étaient "prêts à travailler sous la direction ferme du président Trump pour parvenir à une paix durable".
Le président ukrainien s'était alors dit "reconnaissant" envers les États-Unis et avait affirmé qu'il était "temps d'arranger les choses".
"Il est regrettable que les choses se soient passées ainsi. Il est temps d'arranger les choses. Nous souhaitons que la coopération et la communication futures soient constructives", avait-il écrit.
• Un léger haussement de ton envers Moscou
Malgré son net rapprochement avec la Russie, Donald Trump a menacé Moscou le 7 mars dernier d'imposer de "nouvelles sanctions bancaires et de droits de douane" en raison des "bombardements continus contre l'Ukraine".
"Compte tenu du fait que la Russie 'pilonne' actuellement l'Ukraine sur le champ de bataille, j'envisage fortement des sanctions bancaires, des sanctions et des droits de douane à grande échelle contre la Russie jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu et un accord définitif sur la paix soient conclus", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
Si le président américain a affirmé vouloir maintenir la pression sur Moscou, il a déclaré ce même jour qu'il était "plus facile de traiter avec la Russie" car ils "ont les cartes en main".
• Une rencontre concluante en Arabie saoudite
Après une rencontre entre la Russie et les États-Unis en Arabie saoudite à la mi-février, c'était au tour de l'Ukraine de discuter avec "l'Oncle Sam" ce mardi 11 mars. Deux délégations, auxquelles participaient les chefs de la diplomatie des deux pays, Marco Rubio et Andriy Sybiga, qui ont passé la journée à discuter à Djeddah, quelques heures après la plus importante attaque de drone menée par Kiev en territoire russe depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022. À l'issue de ces pourparlers, les États-Unis ont décidé de lever "immédiatement" la suspension de l'aide militaire à l'Ukraine.
Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a également affirmé que l'Ukraine acceptait des "négociations immédiates" avec la Russie, absente des discussions, et que la balle était maintenant dans le camp de Moscou pour accepter une trêve.
Les États-Unis doivent à présent "convaincre" la Russie d'accepter le cessez-le-feu de 30 jours, a affirmé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. "L'Ukraine accepte cette proposition", a-t-il ajouté lors de sa prise de parole quotidienne diffusée sur les réseaux sociaux.
Les deux pays sont aussi tombés d'accord pour conclure "dès que possible" un accord sur les minerais ukrainiens, selon la déclaration finale publiée après plus de huit heures de discussions.
Après ces annonces, Donald Trump a annoncé qu'il était prêt à inviter Volodymyr Zelensky à revenir à la Maison Blanche...