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Ukraine

"Culture de la peur", "manque d'initiative"... Le constat amer d'un ex-commandant ukrainien lors de son arrivée en poste

Le général ukrainien Mikhaïlo Drapaty le 6 janvier 2025 dans la région de Donetsk en Ukraine

Le général ukrainien Mikhaïlo Drapaty le 6 janvier 2025 dans la région de Donetsk en Ukraine - Genya SAVILOV / AFP

L'ancien commandant des forces terrestres ukrainiennes affirme avoir lutté contre une "culture de la peur" au sein des troupes de Kiev, dans un message publié deux semaines après sa démission.

Un haut gradé qui ne mâche pas ses mots. Le général ukrainien Mikhaïlo Drapaty a dressé ce mercredi 11 juin le bilan de son passage à la tête des forces terrestres de Kiev, en profitant pour glisser d'inhabituelles critiques à l'égard de l'armée ukrainienne.

Dans un long post publié sur Facebook et repéré par le Financial Times, le militaire affirme avoir découvert une "culture de la peur" en prenant ses fonctions, en novembre 2024, au commandement des forces terrestres.

Il ajoute avoir trouvé un "manque d'initiative, une réticence à accepter les commentaires, une indifférence aux problèmes du personnel, un semblant de discipline et un fossé profond entre le quartier général et les unités".

"Briser ce système"

"J’ai travaillé pour briser ce système", affirme Mikhaïlo Drapaty, qui a démissionné de ses fonctions le 1er juin après une frappe russe mortelle sur une base ukrainienne.

Le militaire, devenu commandant des forces conjointes des forces armées ukrainiennes, confie quitter son poste "la conscience tranquille et avec l'espoir que toutes les choses importantes que nous avons commencées seront poursuivies et achevées".

L'ex-commandant des forces terrestres ukrainiennes avait démissionné en disant porter la "responsabilité" de la mort de 12 soldats ukrainiens, tués par une frappe russe sur un terrain d'entraînement dans la région de Dnipropetrovsk.

Le président Volodymyr Zelensky avait noté que ce n'était "pas la première attaque de ce type", des responsables politiques accusant notamment le commandement militaire de créer des cibles faciles et de mettre les soldats en danger en les regroupant. Mykhaïlo Drapaty avait déjà en mars dernier dénoncé des responsables militaires qui "exercent leurs fonctions de manière négligente". 

En démissionnant, le haut gradé avait dit avoir tenté de "changer l'attitude" de ses subordonnés. "La culture du secret et l'impunité sont un poison pour l'armée", a-t-il dénoncé, affirmant avoir essayé de les "éradiquer". "Mais si ces tragédies se produisent encore, cela signifie que mes efforts n'ont pas été suffisants."

François Blanchard