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Kramatorsk bombardée, Zelensky à l'ONU: quelle est la situation au 41e jour de guerre en Ukraine?

La ville de Kramatorsk, située dans le Donbass en Ukraine, le 4 avril 2022

La ville de Kramatorsk, située dans le Donbass en Ukraine, le 4 avril 2022 - FADEL SENNA / AFP

L'intervention du président ukrainien devant le Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que les nouvelles sanctions européennes prises contre des diplomates russes ont notamment marqué ces dernières 24 heures de conflit.

La guerre en Ukraine s'expose une nouvelle fois sur la scène internationale. En faisant diffuser à l'ONU des images de personnes tuées en Ukraine par les forces russes, Volodymyr Zelensky a cherché à interpeller les autres pays face aux exactions des troupes de Moscou.

Si les autorités ukrainiennes reprennent progressivement le contrôle de la région de Kiev, l'armée russe n'entend pas se retirer du pays tout entier: le Donbass est désormais le territoire qui s'attend à une offensive russe imminente. Retour sur ces dernières 24 heures de conflit.

• Le massacre de Boutcha capturé par des images satellite

Moscou continue de démentir plusieurs jours après la macabre découverte. Les images de centaines de corps de civils découverts dans la ville ukrainienne de Boutcha ont provoqué l'effroi dans le monde entier.

Alors que le ministère de la Défense russe a nié toute action violente à l'encontre de la population ukrainienne dans cette région, des images satellite publiées par la société américaine Maxar Technologies semblent réfuter ces affirmations. Des cadavres sont effectivement observables dans les rues de Boutcha avant que les troupes russes ne quittent les lieux.

Ailleurs dans le pays, c'est la ville de Kramatorsk qui a été principalement touchée dans la nuit de lundi à mardi. Plusieurs bombardements ont touché cette grande ville contrôlée par les autorités ukrainiennes et située à l'est du pays. Une école a notamment été détruite mais aucun bilan humain n'a été communiqué.

Le secrétaire général de l'Otan a évoqué "une phase cruciale" de la guerre entre les deux pays et averti des prochaines manoeuvres de l'armée russe. Selon Jens Stoltenberg, Moscou entend "prendre le contrôle de l'ensemble du Donbass" dans l'est de l'Ukraine.

"Le repositionnement des forces russes va prendre un certain temps, quelques semaines, avant le lancement d'une offensive majeure. Il est essentiel que les alliés soutiennent les Ukrainiens, les aident à se réarmer, pour leur permettre de se défendre", a-t-il insisté.

• Zelensky devant le Conseil de sécurité de l'ONU

Volodymyr Zelensky a exhorté l'ONU à agir "immédiatement" face aux "crimes de guerre" commis selon lui par la Russie dans son pays, sans quoi les Nations unies n'auraient qu'à "simplement fermer".

Dans un discours solennel par vidéo retransmis en direct dans la salle du Conseil de sécurité, le président ukrainien a en outre appelé à exclure la Russie de ce Conseil, dont elle est un des cinq membres permanents, et à une réforme du système des Nations unies, afin que "le droit de veto ne signifie pas le droit de mourir".

Si vous ne savez pas comment prendre cette décision, vous pouvez faire deux choses", a déclaré le président ukrainien. "Soit exclure la Russie en tant qu'agresseur et à l'origine de la guerre afin qu'elle ne bloque pas les décisions relatives à sa propre agression. Puis faire tout ce que nous pouvons pour mettre en place la paix", a exhorté Volodymyr Zelensky en présence du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

"Ou l'autre option est de montrer, s'il vous plaît, que nous pouvons nous réformer ou changer (...) S'il n'y a pas d'alternative et d'option, la prochaine option serait de vous dissoudre tous ensemble", a encore réclamé le président ukrainien.

• Sanctions diplomatiques et venue de représentants de l'UE

30 en Italie, 33 en Slovénie, environ 25 en Espagne... Ces pays européens ont à leur tour expulsé mardi des diplomates russes. Une décision prise quelques heures plus tôt par la France qui a notifié à l'ambassadeur de Russie cette mesure ce mardi.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a pour sa part annoncé mardi avoir décidé de déclarer "persona non grata" plusieurs membres de la représentation de la Russie auprès de l'UE à cause "d'activités contraires" à leur statut de diplomates, sans en préciser ni le nombre ni la date de leur expulsion.

Dans le même temps, le Haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères ainsi que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé qu'ils se rendraient "cette semaine" à Kiev pour y rencontrer le président Volodymyr Zelensky.

• Trois nouvelles enquêtes ouvertes en France

Le parquet national antiterroriste (Pnat) français a annoncé avoir ouvert trois nouvelles enquêtes pour "crimes de guerre", pour des faits commis au préjudice de ressortissants français en Ukraine depuis l'invasion de la Russie.

Les faits visés auraient été commis à Marioupol entre le 25 février et le 16 mars, à Gostomel entre le 1er et le 12 mars et Tcherniguiv depuis le 24 février, date à laquelle les troupes russes ont envahi l'Ukraine.

Les investigations ont été confiées à l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH). La justice française ne peut ouvrir des enquêtes pour des faits commis en dehors du territoire français que si une victime est française, si l'auteur du crime de guerre allégué est français ou si l'auteur de l'infraction a sa résidence habituelle sur le sol français.

• Nouvel échange téléphonique entre Macron et Zelensky

Emmanuel Macron a manifesté "l’émotion et le choc provoqué en France par les images de Boutcha" à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky ce mardi au cours d'un échange téléphonique.

"Suite a de nombreux témoignages de viols commis contre des femmes par des soldats russes, confirmés par Volodymyr Zelensky, la France et l’Ukraine ont décidé de coopérer avec les services de la CPI", fait savoir l'Élysée ce mardi soir. "La France a une approche opérationnelle: il s’agit de documenter, d’être concret mais à la fin c’est un processus juridictionnel… Il faut aider l’Ukraine sur les faits", précise également l'exécutif.

La France a proposé de mettre à disposition de la Cour pénale internationale deux magistrats et dix gendarmes français.

Hugues Garnier avec AFP Journaliste BFMTV