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Italie

Lampedusa: 194 corps repêchés, Barroso sur place

Les recherches se poursuivent au large de Lampedusa pour remonter à la surface les victimes du naufrage.

Les recherches se poursuivent au large de Lampedusa pour remonter à la surface les victimes du naufrage. - -

Les recherches se poursuivent au large de la Sicile pour retrouver les derniers disparus, après le naufrage de jeudi.

"Ma famille et beaucoup d'amis étaient sur ce bateau. Je ne peux pas en parler, c'est trop douloureux." Témoignage recueilli par l'AFP aurpès d'Ali, 25 ans, un rescapé du naufrage de jeudi au large de Lampedusa, où les recherches se poursuivent pour retrouver les disparus.

Dimanche, les plongeurs ont remonté 83 nouveaux corps de migrants morts, portant à 194 le bilan officiel provisoire de ce drame. Les autorités redoutent un bilan final de 300 à 360 victimes. Seuls 155 migrants, Erythréens et Somaliens entassés sur un bateau de pêche parti clandestinement de Misrata, en Libye, ont pu être sauvés.

Les plongeurs qui travaillent au repêchage des victimes ont décrit des scènes de cauchemar au fond de l'eau: des corps pris au piège dans l'épave, serrés les uns contre les autres, ou éparpillés sur le fond sablonneux. Les autorités italiennes envisagent de renflouer le bateau, qui gît par 47 mètres de fond à un demi-kilomètre de la côte de la petite île.

"Absurdité" de la loi italienne

C'est une "tragédie" qui ne doit plus se reproduire, a déclaré la ministre italienne de l'immigration Cécile Kyenge, originaire de la République démocratique du Congo (RDC), qui a assisté à l'arrivée des coprs dans le port. Des politiques de "prévention" sont nécessaires, a-t-elle dit.

Dans une interview au Corriere della Sera où elle a annoncé un triplement (de 8.000 à 24.000) des places pour l'accueil des immigrés, elle a prôné des politiques d'immigration moins "punitives" en Italie et dans l'Union européenne. Car, selon elle, les "flux migratoires ont changé": il s'agit davantage de réfugiés de guerre que de migrants économiques. Mme Kyenge a dénoncé "l'absurdité" d'une loi italienne qui considère comme des "suspects" d'immigration clandestine des gens qui fuient des conflits.

José Manuel Barroso en visite mercredi

Devant l'ampleur du drame, les appels à une modification des politiques européennes en matière d'immigration se multiplient.

Mais le dossier ne fait pas consensus dans le gouvernement gauche-droite d'Enrico Letta. L'Italie, qui fait face à un nouvel afflux exceptionnel de migrants (30.000 depuis le début de l'année, quatre fois plus qu'en 2012), a obtenu que la question de l'immigration figure à l'ordre du jour d'une réunion ministérielle européenne à Luxembourg mardi. Enrico Letta, qui a annoncé la visite mercredi sur l'île du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, a insisté sur l'actuelle porosité des frontières libyennes.

Rome souhaite aussi que la question soit discutée lors du prochain sommet européen, les 24 et 25 octobre à Bruxelles. L'UE doit aider davantage l'Italie, qui "ne peut pas être le premier pays (d'entrée des migrants africains, ndlr) et tout assumer sur ses épaules", a estimé le chef du gouvernement italien. Selon le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, Paris proposera probablement de mettre la question à l'ordre du jour du sommet européen.

Selon des ONG, entre 17.000 et 20.000 migrants ont péri en tentant la traversée de cette mer vers le sud de l'Europe ces vingt dernières années.

V.D. avec AFP