De la Belgique au 13 novembre: le procès de la cellule de Verviers s'ouvre ce lundi

Et si l'horreur qui a frappé Paris avait pris naissance à Verviers, commune belge francophone? A partir de ce lundi et pendant trois semaines, 16 membres présumés de la cellule de Verviers vont comparaître devant le tribunal correctionnel de Bruxelles pour "participation aux activités d'un groupe terroriste". Parmi les prévenus, neuf, dont cinq Français, deux Belges, un Néerlandais et un Marocain, seront jugés en leur absence. Tous se trouveraient en Syrie.
Depuis juin 2014, les autorités belges sont en alerte: une information leur est parvenue, Daesh prévoit de frapper le pays. Le 15 janvier 2015, une semaine seulement après les attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo, à Paris, la Belgique tout entière découvre alors qu'en son sein un réseau terroriste se préparait à agir sur son sol, notamment contre des cibles policières, et prévoyait d'enlever un magistrat pour le décapiter. A travers le pays, la police fédérale belge mène une série d'opérations dont la principale se déroule au 32 rue de la Colline, à Verviers.
Un relais d'Abaaoud?
Deux suspects, originaires de Molenbeek, sont tués après avoir tiré sur les forces de l'ordre. Un troisième, Marouan El Bali, est interpellé. Ce dernier, qui va comparaître également pour "tentative de meurtre" sur des policiers, va retrouver Souhaib El-Abdi, un Belge de 26 ans, arrêté quelques jours plus tard en France, et Mahmoud Najmi Arshad. Un quatrième homme, Omar Damache, un Algérien de 33 ans, sera lui aussi sur le banc des accusés. Il avait été arrêté en Grèce le 17 janvier 2015.
Omar Damache apparaît alors comme "un relais logistique du commando de Verviers et un soutien pour Abdelhamid Abaaoud quant à la supervision et l’organisation de l’attaque à perpétrer", selon une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (Dgsi), reprise par Le Monde. Car dans l'appartement d'Athènes, l'ordinateur d'Abaaoud est retrouvé. Certains fichiers laissent présager d'une attaque contre un aéroport belge. Projet qui se concrétisera malheureusement le 22 mars à Zaventem. La veille, le parquet fédéral belge avait requis le renvoi en correctionnel des 16 prévenus.
Abaaoud a échappé au coup de filet
Le procès de la cellule de Verviers est aussi l'occasion de tenter de retracer les prémices des attaques du 13 novembre à Paris. Le nom du principal prévenu va résonner dans la salle d'audience car il s'agit d'Abdelhamid Abaaoud, connu pour être le cerveau présumé des attentats de Paris et du Stade de France, tué lors de l'assaut du Raid à Saint-Denis, où il s'était réfugié cinq jours après les attentats dans la capitale.
Quelques semaines après le démantèlement du réseau à Verviers en janvier 2015, le cerveau présumé des attaques de Paris se vantait d'avoir échappé au coup de filet de la police belge à Verviers dans le journal de propagande de Daesh, Dabiq. Ses projets vont alors s'orienter vers la France avec la planification des attentats de Paris et du Stade de France. Sur les cendres de la cellule de Verviers, Abdelhamid Abaaoud va constituer les équipes du 13 novembre.
Le terroriste va s'entourer de nouveaux combattants, dont Salah Abdeslam et Najim Laachraoui, l'un des kamikazes de l'aéroport de Zaventem. Il va multiplier les allers-retours entre la Grèce et la Syrie pour recruter des jihadistes qui passeront par l'île de Lesbos, empruntant la route des migrants pour atteindre la France, à l'instar de deux des kamikazes du Stade de France. Autant de candidats au martyre qui on frappé Paris, puis Bruxelles le 22 mars dernier.