Législatives britanniques: Jeremy Corbyn, le meilleur ennemi de Theresa May

Jeremy Corbyn a demandé ce vendredi matin la démission de Theresa May, ce vendredi matin, après l'échec de la Première ministre britannique aux élections législatives.

Donné perdant, contesté au sein même de son propre parti, le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn apparaît, ce vendredi, comme le grand gagnant de ces élections législatives britanniques.

Selon les premiers résultats, son parti, le Labour, obtiendrait 261 sièges, soit 31 de plus que dans l'assemblée sortante, souligne The Guardian. Face à eux, les Tories de Theresa May perdent 12 siègent et la majorité absolue, ajoute la BBC.

Ces élections législatives anticipées devaient donner une majorité renforcée à Theresa May pour arriver en position de force à la table de négociations avec l'Union européenne en vue du Brexit. Un échec, analyse Jeremy Corbyn, qui a d'ores et déjà réclamé sa démission. 

Ex-militant syndicaliste

Ce leader travailliste de 68 ans a mené une campagne électorale tambour battant, en vieux routier et ex-militant syndicaliste, tandis que sa rivale Theresa May se montrait mal à l'aise dans l'exercice.

"Quel que soit le résultat final, notre campagne positive a changé la politique pour le meilleur", a lancé Jeremy Corbyn tôt ce vendredi matin, avant d'appeler Theresa May à démissionner et laisser sa place à un gouvernement "vraiment représentatif".

"Jezz" a pour lui son côté social et ses partisans inconditionnels, surnommés les "Corbynistas", souvent très jeunes et entrés en politique pour le soutenir. Ce pacifiste de toujours sait aussi faire preuve de pragmatisme. A la suite des attentats qui ont émaillé la campagne, il a promis de créer 10.000 nouveaux postes de policiers, critiquant les coupes budgétaires des Tories, les conservateurs britanniques.

Des parents militants

Jeremy Corbyn a développé son sens de l'engagement politique auprès de ses parents, un ingénieur et une enseignante, tombés amoureux lors d'une manifestation contre la guerre civile espagnole.

Elevé dans l'ouest de l'Angleterre, le jeune homme ne se passionne guère pour les études. Bac en poche, il part deux ans en Jamaïque pour le compte d'une association caritative. A son retour, il s'installe à Islington, quartier du nord de Londres à l'époque coeur de la contestation gauchiste.

Militant syndical, père de trois enfants, il est élu depuis 1983 député de cette circonscription, il y vit toujours dans une maison modeste, avec sa troisième épouse, une Mexicaine de 20 ans plus jeune que lui.

Mais il ne fait pourtant pas toujours bon être le chef de l'opposition au Royaume-Uni quand on incarne l'aile gauche radicale d'un parti toujours sous l'influence de la "troisième voie" centriste de Tony Blair.

Il a voté 533 fois contre la ligne de son parti

Les ennuis ont commencé dans la foulée de son élection à la tête du parti, en 2015. Jeremy Corbyn réalise qu'une partie de l'appareil n'acceptera jamais d'être dirigée par un rebelle qui avait voté 533 fois contre la ligne du parti depuis 1997.

La suite, ce sont des mois de dissensions, de polémiques... La fronde culminera après le vote sur la sortie de l'UE: accusé de n'avoir pas fait assez pour empêcher le Brexit, Jeremy Corbyn essuie une motion de défiance. Même le conservateur David Cameron, alors Premier ministre, s'y met en déclarant: "Pour l'amour du ciel, partez!".

Mais c'était sans compter sur la détermination et la ténacité de "Jezz", autre trait marquant de son caractère, qui s'appuie une nouvelle fois sur la base pour garder les rênes du pouvoir. Avec son score vendredi, il est au minimum assuré de rester à la tête du parti et de faire taire les critiques.

Dans la matinée de vendredi, après l'annonce des résultats, Benoît Hamon a tenu à le féliciter pour sa victoire.

E. H. avec AFP