Attentats en Allemagne: Merkel sous pression

Angela Merkel à la chancellerie à Berlin, le 23 juillet 2016. - Tobias Schwarz - AFP
En à peine une semaine, l'Allemagne a été touchée par quatre attaques meurtrières. Dernière en date, celle de dimanche à Ansbach, dans le Sud du pays: un réfugié syrien de 27 ans souffrant de troubles psychiatriques a fait exploser une bombe près d'un festival de musique.
Il y a tout juste une semaine, un autre demandeur d'asile, se présentant comme afghan, a blessé plusieurs passagers d'un train ainsi qu'une passante, à coups de hache et de couteau à Wurtzbourg, en Bavière, un acte qu'il a dit avoir commis au nom de Daesh. Dimanche, enfin, un demandeur d'asile syrien de 21 ans a tué une femme de 45 ans d'un coup de machette à la tête, cette fois lors d'une crise de rage pour une affaire passionnelle, selon la police.
Des cas différents, aux mobiles différents. Mais c'est un fait: "La peur s'est installée en Allemagne", titre le quotidien die Süddeutsche Zeitung. Une peur nichée dans un pays jusqu'ici épargné par les attaques terroristes. Après l'attentat de Munich, Angela Merkel a attendu 24 heures pour intervenir en convoquant une réunion de crise sur la sécurité à Berlin. Elle s'est ensuite adressée aux familles des victimes dans une courte allocution, sans répondre à aucune question.
Merkel rejetée par une partie de la droite
La prudence est de mise, car le gouvernement a une crainte: voir se créer dans les esprits la confusion entre le terrorisme et sa politique d'accueil des réfugiés. Le ministre fédéral de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a d'ailleurs rejeté lundi tout "soupçon généralisé" à l'encontre des réfugiés. Dès le lendemain de l'attaque à la hache de Wurtzbourg, la CSU, parti conservateur bavarois, avait réclamé le renfort des contrôles aux frontières.
Depuis un an, la politique migratoire d'Angela Merkel fait débat en Europe. En un an, plus d'un million de personnes sont arrivées sur le territoire allemand. Saluée par les uns, contestée par les autres, cette politique a fâché une partie de la classe politique conservatrice allemande. "Après avoir été des années la personnalité politique préférée des Allemands, elle est redescendue dans les sondages, elle se situe à la troisième ou quatrième place selon les études", note Hans Stark, chercheur à l'Ifri, spécialiste de l'Allemagne contemporaine. "Elle est rejetée à la fois par les partisans de l'extrême droite, du parti AfD, mais aussi par les politiques bavarois conservateurs de la CSU".
La situation d'Angela Merkel est devenue moins confortable. Mais elle est encore très loin des records d'impopularité de François Hollande et de Nicolas Sarkozy lorsqu'il était au pouvoir. En juin, soit avant la semaine meurtrière, elle réunissait encore 59% d'opinions favorables, selon un sondage mené par la chaîne de télévision publique ARD.
Une situation économique plutôt bonne
Cette popularité se vérifiera-t-elle après les violences de ces derniers jours? Il est encore trop tôt pour le dire. "Mais l'Allemagne n'a pas non plus connu de 13-Novembre ou d'attentat comme celui de Nice", rappelle Hans Stark. "Le pays n'est pas dans une phase d'affaiblissement qui obligerait sa dirigeante à montrer sa stratégie de gestion de crise", comme a dû le faire François Hollande au lendemain des attentats de Paris et Saint-Denis.
Discrétion, prudence, compassion: Angela Merkel, surnommée "Mutti" ("Maman") par les Allemands, pourrait sortir indemne de cette vague de violences qui touche son pays. "Son côté rassurant qui lui vaut ce surnom peut l'aider à surmonter cette crise", reconnaît Hans Stark, qui rappelle également que dans l'ensemble, la situation économique allemande "n'est pas tendue" comme en France. De quoi donner des arguments à une future candidate.