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De 31% à 91%, la popularité de Zelensky s'envole en Ukraine depuis le début de la guerre

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky fait un geste de la main lors d'une conférence de presse à Kiev le 3 mars 2022

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky fait un geste de la main lors d'une conférence de presse à Kiev le 3 mars 2022 - Sergei SUPINSKY © 2019 AFP

Volodymyr Zelensky recueillait au mieux le scepticisme, voire l'hostilité de ses concitoyens il y a seulement quelques semaines. Mais depuis l'invasion russe, la popularité du président de l'Ukraine connaît une hausse inédite.

Il faut sans aucun doute y voir la conséquence du fameux "effet drapeau", ce phénomène qui voit une population faire bloc autour de son chef de l'État en temps de crise internationale et de guerre tout particulièrement.

Entouré avant l'invasion russe qui déferle sur son pays depuis le 24 février dernier du plus grand des scepticismes, voire de la franche hostilité de certains, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky jouit désormais d'une popularité inédite. Selon un sondage, cité en France par L'Opinion, ce sont neuf de ses concitoyens sur dix qui lui apportent ainsi leur soutien.

Revenu de loin

L'enquête, conduite entre les 26 et 27 février derniers soit deux à trois jours après le début de la guerre avec la Russie, provient du Ratings Sociological Group. D'après ce sondage, la cote de popularité de Volodymyr Zelensky atteint dorénavant un taux de 91%. Le 21 décembre dernier, le même institut ne le créditait que de 31% d'approbation.

Les raisons de ce désamour étaient d'ailleurs nombreuses. En octobre 2021, la révélation des Pandora papers montrait que son entourage avait mené des tractations commerciales secrètes, au rang desquelles l'achat de trois appartements dans le coeur de Londres via des sociétés offshore liées à la société de production de l'ex-comédien, Kvartal 95. Une opération chiffrée à 7,5 millions de dollars.

Dans le podcast L'Heure du Monde, la journaliste couvrant l'Europe de l'Est pour le quotidien, Faustine Vincent a relevé d'autres facteurs au recul de Volodymyr Zelensky dans l'opinion, lui qui avait été élu en 2019 avec 73% des suffrages exprimés. Elle a ainsi cité le limogeage de son cabinet de professionnels et leur remplacement par une trentaine de proches, là encore liés à sa société de production ou sa famille ; son inexpérience ; la corruption endémique ; son échec à résoudre la crise dans le Donbass et même son attitude jugée trop conciliante avec la Russie.

Comment Zelensky a redressé la barre

Sa réaction à l'agression russe a bouleversé cette équation extrêmement défavorable à son encontre. Loi martiale, mobilisation générale, couvre-feu: les mesures qu'il a décrétées aux premières heures du conflit l'ont posé en chef de guerre.

Les appels et vidéos qu'il multiplie à destination de ses compatriotes, et où cet acteur devenu dirigeant politique retrouve les repères de son ancienne carrière, lui ont également permis de renforcer son lien avec le peuple ukrainien. Enfin, il n'hésite pas à bomber le torse face à la communauté internationale, une attitude à même de galvaniser son auditoire.

"Depuis 13 jours, on entend des promesses. 13 jours qu'on nous dit qu'on nous aidera dans le ciel, qu'il y aura des avions, qu'on nous les livrera", a-t-il par exemple décoché mardi à l'adresse de l'Union européenne.

Le 26 février dernier, son sens de la formule faisait déjà mouche, cette fois à l'égard des Etats-Unis. Tandis que ceux-ci parlaient de l'exfiltrer devant les menaces pesant sur Volodymyr Zelensky et sa famille, celui-ci a rétorqué: "J'ai besoin de munitions anti-chars, pas d'un taxi".

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV