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Charlie Hebdo : manifestations anti-caricatures parfois violentes dans le monde musulman

Au Mali une manifestation contre Charlie Hebdo, le 16 janvier. Dans plusieurs pays musulmans, la réaction a été vive, voire violente contre le dernier numéro du journal satirique.

Au Mali une manifestation contre Charlie Hebdo, le 16 janvier. Dans plusieurs pays musulmans, la réaction a été vive, voire violente contre le dernier numéro du journal satirique. - Habibou Kouyate - AFP

Les réactions hostiles ont été vives, voire violentes dans le monde musulman après la publication d'une nouvelle caricature de Mahomet en une du dernier numéro de Charlie Hebdo. Beaucoup de dirigeants ayant participé à la marche d'hommage aux victimes de l'hebdomadaire de dimanche dernier dénoncent à tout le moins, des provocations.

Des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs pays musulmans après la prière du vendredi contre la publication par Charlie Hebdo d'un dessin représentant le prophète Mahomet, des protestations émaillées de violences au Niger et au Pakistan.

Au Niger, 4 morts et 45 blessés

Quatre personnes sont mortes et 45 ont été blessées vendredi au Niger, à Zinder, la deuxième ville du pays, dans les manifestations contre la caricature de Mahomet publiée par les collègues des victimes d'un attentat jihadiste le 7 janvier à Paris contre l'hebdomadaire satirique.

Le Centre culturel français a été aussi incendié et trois églises saccagées. Certains manifestant "arboraient l'étendard de Boko Haram", a déclaré vendredi le ministre nigérien de l'Intérieur, Hassoumi Massaoudou. Interrogés, deux journalistes présents à Zinder n'ont pas confirmé avoir vu le drapeau de Boko Haram, groupe jihadiste qui sème la terreur dans le nord du Nigeria voisin.

Un photographe de l'AFP blessé à Karachi, au Pakistan

A Karachi (sud du Pakistan), des prostestataires se sont confrontés à la police lorsqu'ils ont tenté de s'approcher du consulat de France et un photographe pakistanais de l'Agence France-Presse (AFP) a été grièvement blessé.

Les Etats-Unis ont condamné vendredi les violences qui ont émaillé ces manifestations, réaffirmant le droit "universel" de la presse à publier librement tous types d'informations, y compris des caricatures.

Slogans hostiles au Mali

A Nouakchott et Dakar, un drapeau français a été brûlé. S'adressant à la foule de plusieurs milliers de personnes, le chef de l'Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a condamné à la fois le "terrorisme" et les "viles caricatures". A Dakar, un millier de personnes ont scandé des slogans à la gloire du prophète Mahomet et contre Charlie Hebdo.

Au Mali, plusieurs milliers de personnes ont dénoncé un "affront à l'islam" alors que le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, alias IBK, a manifesté dimanche à Paris aux côtés de François Hollande lors de la "marche républicaine" de plus d'un million de personnes sous le slogan "Je suis Charlie".

 "La France nous a aidés, c'est vrai. Mais elle n'a pas le droit de mépriser ma religion", a déclaré Almahoud Touré, 36 ans, faisant allusion à l'engagement militaire de la France au Mali depuis janvier 2013 pour chasser des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.

"Je suis Kouachi", à Alger ou à Istanbul

A Alger, 2.000 à 3.000 manifestants se sont rassemblés, selon un journaliste de l'AFP. Détournant le slogan "Je suis Charlie", certains scandaient "Nous sommes tous des Mahomet" ou encore "Je suis Kouachi", du nom des frères Kouachi, les jihadistes ayant attaqué le journal satirique français.

Les affrontements ont éclaté quand des manifestants ont tenté de forcer un cordon de policiers armés de matraques qui protégeaient le siège de l'Assemblée nationale. Plusieurs interpellations ont eu lieu.

Les frères Kouachi, abattus par la police française deux jours après avoir tué douze personnes au siège de Charlie Hebdo, ont également été honorés à Istanbul. Une centaine de personnes se sont réunies devant la mosquée du district de Fatih, devant une banderole arborant leur portrait et celui du chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden.

Le roi Abdallah II de Jordanie, qui avait participé dimanche à la marche de Paris, a qualifié jeudi Charlie Hebdo d'"irresponsable et d'inconscient".

Le site sensible de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la Ville sainte annexée par Israël, a été le lieu d'une manifestation de quelques centaines de Palestiniens.

"Pas une excuse pour tuer"

A Tunis, des fidèles ont quitté la mosquée el-Fath pour signifier leur désaccord avec un imam, ancien ministre des Affaires religieuses. "Nous sommes contre toute atteinte à notre Prophète mais cela n'est pas une excuse pour tuer les gens," prêchait-il, à quoi ils ont rétorqué que les journalistes de Charlie Hebdo "méritaient d'être tués".

L'Union mondiale des oulémas, dont le siège est au Qatar et qui est dirigée par le prédicateur Youssef al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des "manifestations pacifiques" et critiqué le "silence honteux" de la communauté internationale sur cette "insulte aux religions".

En Iran, une manifestation de protestation prévue samedi par des étudiants islamistes a été annulée sans raison officielle. Selon l'agence de presse Fars, les organisateurs ont toutefois annoncé que le rassemblement aurait lieu lundi devant l'ambassade de France à Téhéran, sous réserve d'obtenir l'aval des autorités.

En Syrie, des milliers de personnes sont descendues dans la rue dans les zones contrôlées par les rebelles et les jihadistes en demandant à ce que s'arrête "l'offense au sentiment religieux", selon une ONG syrienne

D. N. avec AFP