Attentats: John Kerry à Paris rend hommage aux victimes et s'excuse

John Kerry s'est recueilli avec Laurent Fabius devant le siège de Charlie Hebdo à Paris. - Rick Wilking - AFP
Angela Merkel, Mariano Rajoy, Benjamin Nethanyahu, Mahmoud Abbas… Dimanche dernier, lors de la marche républicaine de Paris, les chefs d'Etat d'une cinquantaine de pays étaient aux côtés de François Hollande. Mais à cet évènement majeur et historique, Washington n'était représenté que par sa nouvelle ambassadrice, Jane Hartley, une spécialiste du monde de la finance sans expérience diplomatique. Et l'absence de Barack Obama, ou d'un responsable américain haut placé, a été très remarquée.
Un "big hug" avec Hollande
C'est pour faire oublier cette absence que le secrétaire d'Etat américain John Kerry est à Paris vendredi. Objectif: "partager un 'big hug' à Paris et exprimer l'affection des Etats-Unis à la France". Le temps fort de sa visite a été sa rencontre avec François Hollande et Laurent Fabius, vendredi matin à l'Elysée.
Une rencontre qui s'est achevée peu après 9h, avec force poignées de mains et accolade, pour bien montrer que la France et son ami américain restaient soudés.
Les "excuses" de John Kerry
Puis John Kerry s'est rendu devant la supérette Hyper cacher, porte de Vincennes, où 4 personnes avaient été tuées par Amedy Coulibaly. Un peu avant 10h, il a déposé une gerbe de fleurs devant le magasin, avec Laurent Fabius. Il a ensuite rejoint le siège de Charlie Hebdo, endeuillé par l'attaque des frères Kouachi. "Les Américains sont à nos côtés dans la lutte contre le terrorisme, c'était bien qu'il soit là", a déclaré Laurent Fabius, indiquant que John Kerry "s'est excusé" de son absence dimanche. Le secrétaire d'Etat était en Inde au moment de la marche, "Il a vu les manifestations par millions, il m'a dit "ça m'a fait mal de ne pas être là'".
John Kerry a ensuite faire une déclaration commune avec Anne Hidalgo à la mairie de Paris. S'exprimant dans un français teinté de l'accent du Massachusetts, l'Américain a redit "sa profonde émotion".
Adulé par les Français, le démocrate Barack Obama s'était certes rendu à l'ambassade de France à Washington après les attentats pour écrire quelques mots dans un livre de condoléances, ponctués d'un "Vive la France", comme l'a aussi fait John Kerry, francophile et cousin d'un ex-ministre français. "Les Etats-Unis sont à vos côtés aujourd'hui et seront à vos côtés demain", avait déclaré le 9 janvier le président américain. Le 11, deux jours après, plus d'1,5 million de personnes battaient le pavé à Paris, près de 4 millions au total en France. Outre-Atlantique, une polémique a suivi sur le faible niveau de représentation américaine, contraignant la Maison Blanche à reconnaître piteusement une erreur d'appréciation.
Sécurité et logistique
La sécurité et la logistique ont été évoquées pour expliquer cette absence. Mais elles n'ont guère empêché la présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, autre dirigeant extrêmement exposé à une éventuelle agression. Et si Barack Obama n'était pas en mesure de venir, il pouvait, pour afficher sa solidarité, recourir à son vice-président Joe Biden, demander à John Kerry d'écourter une visite en Inde, ou même solliciter Bill et Hillary Clinton.
Les Américains ont peut-être cru que leur présence n'était pas nécessaire, s'est interrogé François Hollande dans des propos rapportés par le quotidien Le Parisien. "Nous aurions dû envoyer quelqu'un du plus haut niveau", a admis le 12 janvier Josh Earnest, porte-parole de l'exécutif américain. "Cela étant dit, il ne fait aucun doute que les Américains et cette administration sont pleinement au côté de la France (...) Si les circonstances avaient éyé différentes, le président lui-même aurait aimé pouvoir se rendre sur place".