Défilé des chefs d'Etat: les coulisses d'une photo symbolique

La tête de cortège était savamment composée. Ici (de gauche à droite), le président israélien Benjamin Netanyahu, le président malien Ibrahim Boubacar Keita, François Hollande, la chancelière Angela Merkel, le président de l'UE Donald Tusk, le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas et la reine Rania de Jordanie. - Eric Feferberg - AFP
L'un des plus importants rassemblements de chefs d'Etats du monde entier, dimanche à Paris, ne pouvait être qu'un casse-tête protocolaire. Avec plus de 50 invités de marque, on ne pouvait distinguer dans le cortège historique de la marche républicaine que les têtes des deux premiers rangs. Autant dire que les places étaient très chères.
Comment étaient placés ces invités pour, à la fois, composer un message et ne froisser les sensibilités de personne? La composition de la photo de l'année, cette vitrine symbolique à la mémoire des victimes du terrorisme, ne pouvait pas être laissée au hasard.
L'amitié franco-allemande
C'est l'Elysée qui a dressé le "plan de table". Ce n'est pas tant un ordre d'importance qu'un souci symbolique qui a dicté les choix. Selon une source au Château, l'ordre n'est pas strictement protocolaire: il s'agit d'un plan de circonstance destiné à "faire passer un message".
Au centre, François Hollande, l'hôte, mène la marche. Il apparaît au coude à coude entre Angela Merkel et Ibrahim Boubacar Keita, le président malien. La proximité du président français avec la chancelière allemande est une manière symbolique de marquer l'amitié franco-allemande, unie dans la condamnation du terrorisme.
Le placement comme symbole de paix
La position du président malien contre le président - un choix de François Hollande - est aussi lourde de sens. Ce 11 janvier, cela fera deux ans, jour pour jour, que la France a lancé l'opération Serval, destinée à éradiquer les groupes terroristes et aider les autorités maliennes à reprendre le contrôle des régions du nord du pays. Elu après un coup d'Etat, IBK est perçu comme un symbole de transition démocratique. François Hollande a donc tenu à souligner par cette image la lutte contre le terrorisme.
L'autre grand symbole de paix dans cette tête de cortège est la présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à quelques mètres seulement du chef de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, quelques mois seulement après la guerre de Gaza. On ne les a pas non plus placés l'un à côté de l'autre, mais ce défilé a été l'occasion d'une rencontre, à l'Elysée, entre les deux hommes. Cela ne s'était pas produit depuis 2010. D'ailleurs, contrairement aux rumeurs, la présence du Premier ministre israélien en première ligne était prévue dès le départ selon l'entourage d'Hollande.
La présence du ministre des Affaires étrangères russe à côté, cette fois-ci, du président ukrainien Petro Poroshenko est également un symbole diplomatique fort. Les relations entre les deux pays sont extrêmement tendues depuis l'annexion de la Crimée et la révolte des milices pro-russes, malgré un accord signé entre les deux pays le 19 octobre 2014.
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L'Union européenne très représentée
L'Union européenne n'est pas en reste puisque deux représentants figurent au premier rang, Jean-Claude Juncker, président de la commission, et Donald Tusk, président de l'Union. Martin Schultz, président du Parlement européen, était juste derrière, au second rang. La présence du roi Abdallah de Jordanie peut être comprise comme une manière de souligner le soutien des pays musulmans dans cette condamnation unanime de la terreur.
Anne Hidalgo, la maire de Paris, ville-hôte de cette manifestation, était aussi au premier rang. Derrière, d'autres représentants d'importance ont marché, beaucoup moins visibles. Matteo Renzi, premier ministre italien, ou encore les présidents de l'Assemblée et du Sénat, Claude Bartolone et Gérard Larcher. Manuel Valls, posté juste derrière François Hollande, côtoyait Nicolas Sarkozy. L'ancien président s'est d'ailleurs permis une incartade très remarquée au protocole en faisant une percée au premier rang, le temps d'une photo.
Autre léger faux-pas, le ramassage des personnalités en bus, qui a subi de léger couacs... Les plans n'ayant pas été tenus par les invités, certains ont dû attendre leur tour pour repartir. C'est le cas de Banjamin Netanyahu, qui a dû prendre patience sur le trottoir .