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Ce jihadiste américain a envoyé une lettre de motivation et un CV à Daesh

Vue de Mossoul (photo d'illustration).

Vue de Mossoul (photo d'illustration). - AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Dimanche, les forces démocratiques syriennes ont annoncé avoir arrêté cinq soldats de Daesh. Parmi eux, un Américain de 34 ans, qui avait envoyé une lettre de motivation et son CV avant de rejoindre l'organisation jihadiste. Son objectif: obtenir une place de prof d'anglais dans le Mossoul des terroristes.

S'il n'est pas de sot métier, il est assurément de sottes gens. Warren Christopher Clark, un enseignant américain de 34 ans, originaire du Texas, semble avoir vécu pour vérifier cet adage. L'homme figure parmi un groupe de cinq soldats de Daesh, dont les Forces démocratiques syriennes ont annoncé la capture dimanche. Il apparaît comme l'expéditeur, signalé en premier lieu par Seamus Hughes du Programme sur l'extrémisme de l'université George Washington, d'une lettre de motivation et d'un CV à Daesh pour prier l'organisation islamiste de lui confier un poste de professeur d'anglais à l'université de Mossoul, ville alors détenue par le soi-disant "Califat". Ces documents ont été relayés par Rukmini Callimachi, journaliste spécialiste du jihadisme pour le New York Times

"Cher directeur" 

Dans sa lettre de motivation, Warren Christopher Clark commençait ainsi, se présentant comme Abu Muhammad al-Amriki et s'adressant à un "cher directeur":

"Je postule à un poste pour enseigner l’anglais aux élèves de l’Etat islamique. Je suis né et j’ai grandi aux Etats-Unis et j’ai toujours aimé enseigner autant qu’apprendre des autres. J’ai surtout travaillé en anglais et je considère que travailler à l’université de Mossoul serait une très bonne manière de continuer ma carrière."

Dans un style plutôt laborieux, il poursuivait: "Je crois qu’un professeur peut comprendre les forces et les faiblesses des étudiants et est capable de les comprendre pour les aider à construire leurs connaissances de la langue anglaise. Une fois que j’ai connaissance des besoins des élèves dans l’apprentissage de la langue, je peux bâtir un plan de cours pour répondre à ces faiblesses."

Apparemment soucieux de se décrire en bon pédagogue auprès de cette armée salafiste particulièrement sanguinaire, il posait alors:

"En tant que professeur, mon objectif serait de créer un environnement bienveillant dans la classe et de guider mes étudiants dans la fondation de bases solides en anglais. J’ai un long passé dans l’enseignement de différentes disciplines et j’ai instruit des élèves de tous les âges dans différentes écoles. Ça m’a donné des compétences de leadership et j’ai appris à m’adapter aux situations et environnements nouveaux avec aisance. De surcroît, l’enseignement m’a donné l’occasion de travailler avec des gens de tous horizons culturels et de toutes capacités d’apprentissage."

"Sincèrement, Abu Muhammad" 

Assurant que ses compétences pourraient faire de lui "un excellent professeur d'anglais", il priait son destinataire de "ne pas hésiter à (le) contacter". N'oubliant décidément rien de ce qui constitue une lettre de motivation classique, il achevait en "remerciant" son interlocuteur et par une formule de politesse: "Sincèrement, Abu Muhammad". 

Le CV joint à sa lettre indiquait qu'il était sorti major de promotion de l'université de Houston au Texas en sciences politiques en 2007, ce que l'institution scolaire a confirmé auprès du Houston Chronicle. On y apprenait également qu'il avait été professeur remplaçant à Fort Bend de janvier 2009 à novembre 2011. Il a par la suite enseigné en Arabie saoudite et en Turquie d'après son curriculum vitae. 

Visiblement, la personnalité de Warren Christopher Clark laisse dubitatif depuis un moment. Citant des amis de ce dernier, Seamus Hughes, a en effet précisé, à nouveau sur Twitter, que "des amis à lui débattaient entre eux pour savoir s'il n'était pas un informateur du FBI", prêchant le faux pour piéger les jihadistes les moins discrets, tant ses opinions paraissaient extrêmes. La question ne se pose plus. 
Robin Verner