Ukraine: pour un ancien membre de Wagner, la Russie n'a "aucun moyen de gagner cette guerre"

Alexandre Zlodeev assure que Moscou doit les victoires de l'armée russe à la présence de Wagner dans ses rangs, mais que les troupes du Kremlin ont perdu trop d'hommes pour pouvoir gagner.

"Aujourd'hui, il n'y a plus personne". Alexandre Zlodeev est un ancien membre du groupe paramilitaire Wagner, affilié à la Russie, qu'il a quitté en 2017. Demandeur d'asile en France, il a donné à France Inter son analyse de la guerre en cours entre la Russie et l'Ukraine, et souligné l'importance des soldats de Wagner sur le terrain, mais aussi la mauvaise posture dans laquelle se trouve actuellement Moscou.

Ce groupe qui emploie des mercenaires est suspecté depuis des années par les Occidentaux de mener les basses oeuvres de la Russie sur différents théâtres d'opération, ce que le Kremlin a toujours démenti. Ils combattent en tout cas aux côtés de l'armée russe depuis le début de la guerre en Ukraine.

"Certaines unités ont perdu jusqu'à 80% de leurs hommes"

D'après Alexandre Zlodeev, "toutes" les victoires de Moscou en Ukraine "ont été obtenues grâce aux combattants du groupe Wagner ; c'est grâce à eux que les Russes parviennent encore, tant bien que mal, à avancer", car ses membres sont plus expérimentés et ont leur propre armement, explique le vétéran. Alexandre Zlodeev déclare ainsi de son côté s'être battu avec Wagner en Ukraine en 2015 et en Syrie en 2016.

Mais actuellement, d'après ses contacts sur le terrain, les troupes russes subissent de "lourdes pertes", et "ils me disent que certaines unités ont perdu jusqu'à 80% de leurs hommes."

Interrogé sur la possibilité pour la Russie de remporter cette guerre, il répond par la négative: "Il n'y a [pour les Russes] aucun moyen de gagner cette guerre aujourd'hui! Même avec les hommes de Wagner. Pour qu'on gagne, il faudrait multiplier le nombre de combattants Wagner par centaines", or "depuis l'époque où Wagner a été créé, beaucoup des combattants les plus expérimentés ont été tués. Aujourd'hui, il n'y a plus personne."

Lancée depuis plusieurs semaines, la contre-offensive ukrainienne repousse petit à petit les troupes russes. Mercredi, l'administration d'occupation russe de Kherson a lancé l'évacuation de la ville devant la progression de Kiev dans la région.

Salomé Vincendon Journaliste BFMTV