"Situation tendue", "régime anti-terroriste"... que se passe-t-il dans la région russe de Belgorod?

La Russie menacée sur son sol? Alors que la guerre en Ukraine fait rage depuis plus d'un an, la situation est "extrêmement tendue" à la frontière russe, dans la région de Belgorod, au nord de Kharkiv. Un "groupe de sabotage" est entré sur le territoire du district de Graivoron, a reconnu dans une vidéo publiée lundi soir par le gouverneur russe de l'Oblast, Vyacheslav Gladkov.
"La situation continue d'être extrêmement tendue. Le ministère de la Défense et toutes les autorités accomplissent les missions de combat qui leur sont assignées pour protéger notre pays", assure-t-il.
Une évacuation de civils "au porte-à-porte" dans le district de Graivoron s'achevait lundi soir, précisait Vyacheslav Gladkov, affirmant que la plupart des habitants ont quitté la zone. Une évacuation décidée après plusieurs heures de confusion au sommet de l'État russe, qui n'avait vraisemblablement pas imaginé que des soldats se battant pour l'Ukraine tenteraient une offensive en Russie.
Plusieurs attaques de drones ont par ailleurs visé dans la nuit de lundi à mardi des maisons et un bâtiment administratif dans la région de Belgorod. Ces attaques, qui ont eu lieu à Graïvoron et dans le village de Borissovka, n'ont pas fait de victimes, ni de blessés, a déclaré sur Telegram Viatcheslav Gladkov.
Un groupe mené par un "ex-néonazi russe passé côté ukrainien"
Kiev a démenti, comme à son habitude, toute implication dans des actions en territoire russe.
L'opération a été revendiquée sur une chaîne Telegram qui se présente comme appartenant à la "Légion Liberté pour la Russie", un groupe de Russes combattant côté ukrainien, qui avait déjà assuré être à l'origine d'autres attaques dans la même région.
"Est venu le temps de mettre fin à la dictature du Kremlin", a affirmé dans une vidéo diffusée par cette chaîne un homme qui avait été présenté à l'AFP en décembre comme "Caesar", porte-parole du groupe, un homme identifié par des médias comme un ex-néonazi russe passé côté ukrainien en 2014.
"Régime légal de zone d'opération antiterroriste", une première
En réponse à cette incursion, la Russie a placé lundi la région sous le "régime légal de zone d'opération antiterroriste", annoncé lundi le gouverneur. Ce régime, décidé par les services de sécurité (FSB), accorde des pouvoirs spéciaux aux forces de l'ordre et armées, note l'AFP.
Ainsi, il permet d'évacuer les civils des zones concernées, le contrôle accrus des télécommunications, des interventions facilitées des forces "antiterroristes" ou encore des contrôles d'identités et des véhicules renforcés.
Les autorités "appellent les citoyens à se monter vigilants, à suivre les injonctions des représentants des forces de l'ordre et à ne pas s'ingérer dans l'action des forces de l'ordre". C'est la première fois qu'une région russe est placée sous ce régime à cause de l'offensive russe en Ukraine, lancée par Vladimir Poutine le 24 février 2022.
Petite incursion, grand symbole
Selon Vyacheslav Gladkov, les localités de Zamostié et Glotovo ont été attaquées, en plus du chef-lieu de district, Graïvoron. Ces petites villes (moins de 7000 habitants pour la dernière en 2020) sont à une dizaine de kilomètres de la frontière.
Leur éventuelle prise par des groupes pro-ukrainiens ne représenterait pas une victoire considérable pour Kiev dans le cours de la guerre, mais serait une défaite symbolique forte pour Moscou.
Elle montrerait la perméabilité des frontières et de la défense russes, alors qu'une grande "contre-offensive" dirigée par l'armée ukrainienne est attendue depuis plusieurs semaines.
Ce lundi, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a estimé qu'il s'agissait d'une tentative de Kiev de "détourner l'attention" de la chute de Bakhmout, ville martyre dont les forces russes ont revendiqué la prise ce week-end.