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Réfugiés ukrainiens: après avoir fui la guerre, des enfants font leur rentrée scolaire en France

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Près de 800 réfugiés ukrainiens ont été scolarisés en France depuis le début du conflit. La plus grande barrière pour ces écoliers reste la langue, mais des procédés sont en place pour simplifier la compréhension.

787 enfants ukrainiens arrivés depuis le début du conflit en France sont actuellement scolarisés, a indiqué mardi le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer. "C'est un chiffre qui reste raisonnable mais on sait très bien que ça va croître dans les prochains jours. Nous sommes organisés pour cet accueil avec des cellules de crise dans chaque rectorat de France", a-t-il expliqué.

À Paris 70 élèves ukrainiens ont déjà été scolarisés et l'académie estime qu'elle pourrait en accueillir jusqu'à 700. BFMTV a rencontré Dorina, âgée de 12 ans, qui est arrivée il y a seulement une semaine en France, et qui s'apprête à rejoindre une école. Sa dernière fois en classe remonte à février.

"Je ne me sentais pas bien donc je ne suis pas allée à l'école, et puis la guerre a commencé et nous sommes arrivés en France", explique-t-elle.

"Les mathématiques c'est universel"

Avec une dizaine d'autres enfants venus d'Ukraine, elle a passé cette semaine des tests pour évaluer son niveau scolaire. Dorina a obtenu 20/20 en mathématiques, mais les autres enfants ne sont pas en reste: "ce n'était que des 19/20, 17/20, même au niveau 3e, c'était vraiment très très bien", explique sur BFMTV Souad Karnoune, professeur coordinatrice en classes allophones, soit des classes où se trouvent des enfants dont la langue maternelle est une langue étrangère.

Dorina, comme les autres enfants présents ce jour-là, ne parle en effet pas français. Elle sera donc placée dans une classe allophone, c'est à dire avec des élèves français tout en bénéficiant d'un renseignement renforcé, un dispositif spécial avec 18 heures de français par semaine.

"Les enfants sont des éponges intellectuelles donc à l'école il n'y a pas de souci, cela se passe très bien" assure une habitante de Bernot, dans l'Aisne, qui accueille depuis 15 jours une famille ukrainienne avec trois enfants âgés de 8 ans, 6 ans et 4 ans. "Les mathématiques c'est universel et jouer dans la cour de l'école au ballon, du moment qu'on a compris qu'il faut le renvoyer au voisin, il n'y a pas de problème. Par mimétisme les enfants s'adaptent très très bien".

Le premier jour, pour Diana, 6 ans "on a beaucoup utilisé le traducteur, maintenant on essaye vraiment d'associer le vocabulaire français à des gestes", explique sur notre antenne la directrice de l'école de Bernot. "Si vraiment on n'y arrive pas, on ne se comprend pas, on ressort le traducteur, mais c'est quand même moins compliqué que ce que l'on pensait".

La guerre toujours présente en arrière-plan

Dans les écoles recevant ces réfugiés, "on a une expérience d'accueil dans les langues des enfants, en l'occurrence en ukrainien, pour savoir où ils en sont, quel est leur niveau, comment bien les accueillir psychologiquement", avait indiqué Jean-Michel Blanquer, soulignant qu'il est "important de préserver au maximum les enfants de cette dureté" de la guerre en Ukraine.

La scolarisation de Dorina "est une bonne nouvelle pour nous, mais ce n'est pas vraiment le plus important, parce que nous ne sommes pas heureux de ce qu'il se passe dans notre pays, de cette guerre", déclare ainsi à BFMTV la mère de la jeune fille, Irina.

Dans l'Aisne également, la guerre reste à l'esprit des parents. "Ma priorité c'était que les enfants ne restent pas toute la journée devant la télévision, à regarder des horreurs avec les parents", explique l'hôte, parlant des images de la guerre en Ukraine. Mais "les parents, eux, ont besoin de savoir ce qu'il se passe dans leur pays et c'est légitime".

Daniil, 17 ans, et Dimitri, 15 ans, s'apprêtent à rentrer au lycée et au collège. Arrivés à Agen (Lot-et-Garonne) avec plusieurs membres de leur famille, ils racontent à l'AFP avoir compris qu'il fallait partir quand on a vu une ville près de chez nous en flammes", dit le premier, dont le père est resté en Ukraine comme réserviste. "On avait très peur : pendant le trajet en voiture, on ne savait pas si les avions au-dessus de nous étaient ukrainiens ou ennemis".

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV