Guerre en Ukraine: quand Poutine et Zelensky se rencontraient à Paris pour évoquer le Donbass

Volodymyr Zelensky, Angela Merkel, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine à Paris le 10 décembre 2019 - BFMTV
Entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, le point de non-retour a été atteint. En ordonnant une opération militaire sur plusieurs villes ukrainiennes ce jeudi matin, le président russe a définitivement rompu les derniers liens diplomatiques et politiques qui liaient encore les deux pays, malgré les tensions latentes de ces dernières semaines.
Lundi déjà, l'homme fort du Kremlin avait planté une première banderille en reconnaissant officiellement l'indépendance des deux républiques séparatistes du Donbass, à l'Est de l'Ukraine, et en y envoyant des troupes russes pour des missions de maintien de paix. Une pression supplémentaire sur son voisin direct, alors que depuis plusieurs mois, des dizaines de milliers de soldats russes étaient postés le long de la frontière entre les deux pays.
"C'est très peu"
Entre les deux hommes, l'ambiance a toujours été à couteaux tirés. En 2019, quelques mois après l'élection de Volodymyr Zelensky, une rencontre est organisée à l'Elysée entre les deux chefs d'État, avec en toile de fond la situation au Donbass, paralysée depuis plusieurs années, et qui s'est progressivement transformée en guerre des tranchées entre l'armée de Kiev et les séparatistes.
Une réunion au format "Normandie", à laquelle avaient participé Emmanuel Macron et l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel. Un entretien bilatéral entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky avait également eu lieu.
Au terme de cette journée, le président ukrainien avait regretté le peu d'avancées obtenues. "Pour moi, je le dis honnêtement, c'est très peu: je voudrais résoudre un plus grand nombre de problèmes", avait lancé Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse commune. De son côté, Vladimir Poutine s'était voulu plus optimiste, saluant un "pas important" vers une désescalade.
Les quatre dirigeants étaient au moins tombés d'accord sur un point après trois ans de paralysie dans le processus de paix: "Le fait que nous soyons côte à côte est en soi un résultat important", a assuré Emmanuel Macron.
"Sincère" et "sympathique"
Cette rencontre était également un test grandeur nature pour Volodymyr Zelensky, encore novice en politique, qui devait s'imposer face à l'expérimenté président russe et ne pas faire de concessions.
"Je refuse que nous soyons le plat que se passent les gros 'patrons', je veux que nous soyons à la table (des négociations) au même niveau que les autres!", avait-il assuré.
Il avait d'ailleurs posé plusieurs conditions à la tenue d'élections locales dans le Donbass, étape clé du processus de paix, autour de laquelle se cristallisent beaucoup d'inquiétudes.
Volodymyr Zelensky avait également réclamé le démantèlement préalable de tous les groupes armés "illégaux", comprendre les séparatistes prorusses et leurs parrains russes, et le retour de la frontière entre le Donbass et la Russie sous contrôle ukrainien.
Comme réponse, Vladimir Poutine s'était contenté de dépeindre son homologue comme "sincère" et "sympathique."