Crash en Corée du Sud: de premières dépouilles ont été remises aux familles des victimes

Des Sud-Coréens rendant hommage aux victimes du crash, à Séoul, ce mardi 31 décembre 2024. - JUNG YEON-JE / AFP
Deux jours après l'accident du Boeing 737-800 de la compagnie Jeju Air qui a fait 179 morts, de premières dépouilles ont été remises aux familles ce mardi 31 décembre alors que les enquêteurs tentent toujours de déterminer les causes du pire crash s'étant jamais produit sur le sol sud-coréen.
Les autorités ont commencé à étudier les deux boîtes noires extraites de l'appareil, selon le vice-ministre en charge de l'aviation Joo Jong-wan, alors qu'une équipe d'investigation américaine, incluant des représentants de Boeing, est arrivée sur les lieux du drame, à Muan, au sud-ouest du pays.
Dimanche matin, un Boeing 737-800 de la compagnie low-cost sud-coréenne Jeju Air, en provenance de Bangkok, a atterri sur le ventre avant de se fracasser à grande vitesse contre un mur en bout de piste. Sous la force du choc, l'appareil s'est plié en deux et a pris feu.
De premières obsèques ce mardi
Au total, 181 personnes, dont six membres d'équipage, étaient à bord. Tous sont morts, à l'exception d'une hôtesse et d'un steward. Le pays a décrété sept jours de deuil national, de lundi à dimanche inclus.
"Sur les 179 victimes, les dépouilles de quatre d'entre elles ont passé les procédures de retour aux familles pour des funérailles", a indiqué depuis l'aéroport de Muan le ministre des Transports, Park Sang-woo.
Il a ajouté que les obsèques de 28 corps identifiés et autopsiés pourraient commencer à partir de 14 heures, heure locale (6 heures, heure française), "avec le consentement des familles".
Les pompiers avaient prévenu que l'identification de tous les morts serait ardue au vu de la violence de l'accident ayant laissé l'avion "presque entièrement détruit". Des proches de passagers décédés, qui campent depuis dimanche sur place, espèrent toujours des informations et la colère monte chez certains d'entre eux, excédés par l'attente.
Des lieux de commémoration érigés dans le pays
Le président intérimaire Choi Sang-mok a qualifié ce drame de "tournant" pour la Corée du Sud, appelant à une révision complète des systèmes de sécurité aérienne.
Sur le site du crash, les enquêteurs s'affairent près de la carlingue tandis que des soldats marchent sur la pointe des pieds autour de l'aéroport, entre les offrandes et les lettres déposées pour les victimes. "Commandant de bord, chef de cabine, membres de l'équipage, merci beaucoup d'avoir fait de votre mieux pour sauver les passagers. Je prie pour votre repos éternel", dit l'un de ces messages.
Une famille a perdu neuf membres dans cette catastrophe, selon la chaîne locale KBC. Le doyen du vol, âgé de 78 ans, voyageait avec sa femme, ses deux filles, l'un de ses beaux-fils et quatre petits-enfants, pour sa première fois à l'étranger pour fêter son anniversaire, relate KBC. Seul reste le mari de l'une des filles du vieil homme, qui ne pouvait pas se joindre à eux.
Des lieux de commémoration ont été érigés dans le pays, dont à Séoul. A l'aéroport de Muan, des familles étaient rassemblées mardi pour la construction d'un nouvel autel, ceint de fleurs blanches et noires.
Le mur en bout de piste focalise toutes les critiques
L'avion accidenté de Jeju Air a dû toucher terre sur le ventre, soulevant la question d'un potentiel dysfonctionnement de son train d'atterrissage. Les autorités sud-coréennes ont lancé une "inspection complète" de tous les Boeing 737-800 exploités par des compagnies nationales, un deuxième appareil de ce modèle, de Jeju Air une nouvelle fois, ayant rencontré lundi matin un problème momentané avec son train d'atterrissage et dû retourner au sol peu après son décollage.
La piste d'une collision aviaire, hantise des pilotes, a été évoquée pour expliquer l'accident. La tour de contrôle de l'aéroport de Muan avait envoyé un avertissement en ce sens à l'équipage de l'avion à trois minutes du crash. Le pilote avait lui émis un message d'alerte ("mayday") avant l'atterrissage d'urgence. Les moteurs des avions à réaction peuvent perdre en puissance voire s'arrêter complètement après avoir aspiré un oiseau.
Des critiques se focalisent toutefois sur l'architecture de l'aéroport et en particulier sur la présence en bout de piste du mur qu'a heurté l'avion.
"Normalement, il n'y a pas de tel obstacle solide en bout de piste (...) La structure en question a fait s'écraser et s'enflammer l'avion", a affirmé à l'AFP Kim Kwang-il, professeur de sciences aéronautiques à l'université de Silla et ancien pilote.
Selon le vice-ministre Joo Jong-wan, cette barrière est un localisateur, "un type de système d'aide à la navigation" qui n'a pas de "conception standard ou uniforme".