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États-Unis

Primaires républicaines: freiné, Trump ne peut s'en prendre qu'à lui-même

Donald Trump, en mars 2016.

Donald Trump, en mars 2016. - Saul Loeb - AFP

EDITO - Tenu en échec lors de la primaire républicaine dans le Wisconsin, le milliardaire, qui était encore il y a peu le champion des sondages, est en mauvaise posture. Il risque de ne pas atteindre le nombre de délégués nécessaire à son investiture, et l'appareil du parti républicain est bien décidé à lui barrer la route.

Donald Trump est furieux et il a de quoi. Après avoir gagné à la surprise générale 19 états sur 31, il est aujourd'hui menacé de se faire chiper sa victoire à la fin des primaires. Le voilà victime d'un large mouvement "Stop Trump" que l'on a vu à l'oeuvre dans le Wisconsin, et qui rassemble des gens aussi différents que le candidat ultra conservateur Ted Cruz et l'appareil très modéré du parti républicain. 

Pour la première fois un soir d'élection, Donald Trump n'est pas apparu devant les caméras se contentant de publier un communiqué plein de fiel où il accuse ses adversaires de lui avoir "volé" le Wisconsin. Donald Trump peut être inquiet. La défaite du Wisconsin va très probablement l'empêcher d'atteindre la majorité des délégués nécessaire pour être désigné. Il lui en faudrait 1.237 à l'arrivée.

Vu d'ici, il devrait lui en manquer au moins une quarantaine. Qu'il aurait aimé engranger dans le Wisconsin. Et s'il n'arrive pas à passer la barre fatidique des 1.237, tout est possible. 

Une Convention houleuse à venir

Donald Trump risque de découvrir à ses dépens ce vilain petit secret de la politique américaine: ce ne sont pas les électeurs qui désignent ni les candidats ni les présidents. Ce sont des délégués qui sont régis par des lois aussi obscures que flexibles. Comment par exemple fonctionnera la Convention de Cleveland qui désignera le candidat en juillet ? Nul ne le sait. Car elle suivra des règles qui seront âprement négociées juste avant et pendant en fonction des circonstance politiques du moment.

En clair, même s'il arrive à la Convention largement en tête, le milliardaire risque fort de se faire enfumer par les vieux renards républicains et leurs manoeuvres de couloirs au nom de la coalition "Stop Trump". Au profit de qui? De l'un des deux autres candidats Cruz ou Kasich? C'est possible. Voire au profit d'un Monsieur X qui déboulerait à la dernière minute.

Donald Trump aura beau jeu alors d'opposer les millions d'Américains qui ont voté pour lui aux magouilles d'appareil et à un complot des médias. Il évoque déjà de possibles "émeutes" si le parti tentait de lui voler sa nomination.

Trump piégé par lui-même

On ne va pas pleurer pour Donald Trump. S'il se retrouve face à une coalition aussi hétéroclite, c'est qu'il a réussi à faire peur à quasiment tout le monde. Confondant l'élection présidentielle avec une saison de The Voice, il a tout misé sur la grossièreté et la provocation, en négligeant de s'intéresser au détail d'une procédure politique complexe.

Or, Donald Trump ne fait pas dans le complexe. Son propre entourage s'est inquiété ces derniers jours de son incapacité à comprendre les risques qu'il encourait, incapacité à apparaître "présidentiel". Et de sa capacité à horrifier l'ensemble de l'électorat féminin en suggérant qu'une femme qui avorte "doit subir une forme de punition". Sa propre femme Melania lui a demandé publiquement de se calmer dans son usage impulsif de Twitter. Trump n'en a pas tenu compte. Il pense qu'il ne peut gagner qu'en faisant du Trump. Comme un piège qu'il se tend à lui même. Il ne lui reste que quelques semaines pour en sortir. A condition - mais en est il capable? - de faire passer l'intérêt de son pays et de sa famille politique avant sa mégalomanie.

Jean-Bernard Cadier, correspondant à New York