BFMTV
États-Unis

Présidentielle américaine: Mitt Romney, ultime défaite d’un battant

Mitt Romney

Mitt Romney - -

PORTRAIT - A 65 ans, Mitt Romney a échoué sur la dernière marche. Il a reconnu sa défaite et salué la victoire de Barack Obama.

Il s’était promis de laver l’affront vécu par son père, en remportant la course à la Maison Blanche. Un combat entamé il y a dix ans avec son élection comme gouverneur du Massachusetts, dans lequel il a mis des millions de dollars issus de sa fortune personnelle (estimée à 250 millions de dollars 195 millions d’euros).

Mitt Romney était pourtant remonté fort dans les sondages début octobre, dépassant même Barack Obama. Et puis il y a eu la "surprise d’octobre" comme l’appellent les Américains et l’ouragan Sandy qui a remis au centre de la scène le président Obama, le chef de guerre tueur de Ben Laden, le président en action favorable à une plus grande intervention de l’Etat.

Pour comprendre ce qui a poussé Mitt Romney, brillant et richissime gestionnaire d’entreprises à se lancer à plus de 40 ans dans la politique et dans la course à la Maison Blanche, il faut se tourner vers le père. Ce père, George Romney, dont Mitt est un l’un des plus fervents admirateurs. "Mon père est le héros de ma vie. C’est le vrai pionnier. C’est parce qu’il s’est engagé en politique que j’ai pensé à le faire."*

Marqué par les échecs de son père

Ce père, élu gouverneur du Michigan en 1964 et 1966, qui tenta par deux fois d’être candidat à la présidentielle pour le Parti républicain, sans succès. Victime de sa franchise et d’un bon mot détourné (il avait expliqué que les militaires lui avaient "lavé le cerveau" lors d’une visite au Vietnam – inacceptable en période de guerre) par les médias. Comme le fut sa mère, Leonore, candidate malheureuse à la sénatoriale de 1970 dans le Michigan, après une longue et éprouvante campagne.

Des expériences douloureuses qui ont profondément marqué Mitt Romney, l’ont poussé à se lancer dans l’arène politique et à être d’une prudence extrême, comme il l’a toujours été en affaires. Son credo : ne jamais dire quelque chose qui pourrait se retourner contre lui. Cela n’a pas suffi. Il s’en est fallu de peu, mais Mitt Romney n’est pas parvenu à battre Barack Obama. Un président sortant pourtant critiqué aussi bien sur sa droite que sur sa gauche, fatigué par quatre années de présidence sous le signe de la crise économique et qui n’a pas fait une campagne mémorable.

Retrait de la vie politique

Pas très charismatique, ni à l’aise en publique, Mitt Romney, sa femme, ses 5 enfants et 18 petits enfants s’étaient lancés dans la campagne à cœur perdu. Il peut dire aujourd’hui, comme son père en son temps : "J’ai essayé, j’ai échoué, et bien, je suis satisfait d’avoir essayé". Et se consacrer à sa nombreuse famille.

Car il y a peu de chance qu’il retente une troisième campagne présidentielle (il avait déjà été candidat en 2008). Il devrait, selon Gérald Olivier, "prendre du recul par rapport à la vie politique, se trouver des responsabilités ailleurs, à la tête d’une fondation par exemple". Avec l'espoir que l'un de ses enfants ou de ses petits-enfants parviennent un jour à la Maison Blanche.

* The New York Times, 18 décembre 2007. In, Mitt Romney. Le renouveau du mythe américain, Gérard Olivier, octobre 2012. Ed. Jean Picollec.

Clémence Lemaistre