Patrimoine des politiques: les États-Unis, ce pays où "l’argent n’est pas sale"

Jean-Bernard Cadier correspondant de BFMTV à New York le 9 avril 2013. - -
Après l'affaire Cahuzac les déclarations de patrimoines des politiques français à gauche comme à droite se multiplient. Un projet de loi visant à assurer la transparence sur les biens des élus a même été proposé par Jean-Marc Ayrault. Le correspondant de BFMTV, Jean-Bernard Cadier souligne qu'aux Etats-Unis l'argent est vu comme un critère de réussite social. Il est donc plus facile pour les politiques de faire état de leur richesse. Le pays est aussi en avance sur la transparence des comptes en banque à l'étranger de ses citoyens avec la loi Facta qui entrera en vigueur dès 2014.
Aux Etats-Unis les riches ne sont pas mal vus. L’argent prouve que l'on a réussi socialement. Par exemple, personne n'a été choqué que Chelsea Clinton achète un appartement à Manhattan pour 10 millions de dollars (soit 8 millions d’euros). "Tout le monde trouve cela très bien que la fille de l’ancien président de gauche possède un bien de cette valeur", explique Jean-Bernard Cadier.
Dans son camp, Chelsea Clinton est même poussée à faire de la politique. "L’argent n’est pas sale, ici, c’est la tradition protestante", fait remarquer notre correspondant. Le revers de la médaille protestante c’est qu’il est impossible de tricher. Le pays est impitoyable avec ceux qui mentent sur leur patrimoine et ceux qui trichent avec le Fisc. Toutes les personnes qui exercent des fonctions d’élus ou administratives sont sous la surveillance du Parlement qui a tous les moyens d’enquêter pour savoir d’où vient leur argent.
Les 99% reprochent au 1% d'être égoïste
"Pour être tout à fait honnête, l’attitude des Américains vis-à-vis de l’argent est un peu en train de changer, nuance toutefois le journaliste de BFMTV. Par exemple, pour l’élection présidentielle de novembre dernier, il a été reproché au parti républicain d’avoir choisi un millionnaire avec Mitt Romney. C’est peut-être pour cette raison qu’il a perdu."
Plus généralement, il a aussi ce mouvement contre Wall Street appelé les 99% qui reprochent au 1% d’être trop égoïste et de profiter de la crise. Les Américains disent que c’est bien d’être riche mais ils commencent à se demander s’il n’y a pas 1% d’entre eux qui ne sont pas un peu trop riches.
Privilège du pays le plus riche et le plus puissant
En tout cas, il va être bientôt difficile, dans le pays, d'essayer de camoufler des biens mal acquis. La Facta est une loi américaine qui consiste à lutter contre l’évasion fiscale. Le principe est extrêmement simple dès lors qu’un citoyen américain a plus de 50.000 dollars n’importe où dans le monde, que ce soit au Brésil, en Suisse ou à Singapour, la banque est obligée de faire une déclaration au Fisc américain. La banque doit alors indiquer combien il y a d’argent et quels ont été les mouvements sur ce compte.
Les conséquences de cette loi ont été extrêmement brutales. "C’est le privilège du pays le plus riche et le plus puissant", explique Jean-Bernard Cadier. Les autorités disent aux banques: "si vous ne collaborez pas, le jour où vous voudrez faire du business avec nous, nous vous imposerons une surtaxe de 30%". De cette manière, les banques sont plus qu'incitées à collaborer avec le Fisc.
Cette loi a été votée en 2010, elle n’est toujours pas appliquée, elle a été très difficile à mettre en place. Après des réticences au début, le vent est en train de tourner. Il y a un consensus national pour la transparence. La loi va finalement être mise en application le 1er janvier prochain.