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Absence de barrières, zone à risque: le manque de sécurité à La Nouvelle-Orléans pointé du doigt après l'attaque

Des barrières mobiles pour véhicules sont positionnées sur Bourbon Street après la réouverture de la rue le 2 janvier 2025 à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane.

Des barrières mobiles pour véhicules sont positionnées sur Bourbon Street après la réouverture de la rue le 2 janvier 2025 à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane. - Michael DeMocker / GETTY IMAGES NORTH AMERICA

Shamsud-Din Jabbar, ancien militaire américain qui a rejoint l'État islamique, a fait au moins 14 morts et une trentaine de blessés en fonçant dans la foule du quartier français de La Nouvelle-Orléans le soir du réveillon. Cette zone de la ville avait été pointée du doigt dans un rapport en 2019 en termes de vulnérabilité en cas d'attaque.

Deux jours après le drame, la vie a repris dans la célèbre Bourbon Street de La Nouvelle-Orléans. Les commerces ont rouvert ce jeudi 2 janvier, et les touristes affluent sur ce haut lieu de la vie nocturne de la ville de Louisiane.

La nuit du réveillon du Nouvel An, un véhicule-bélier a foncé sur la foule de badauds, faisant au moins 14 morts et une trentaine de blessés. Au volant, Shamsud-Din Jabbar, un ancien militaire américain qui avait fait allégeance à Daesh. Après avoir fauché ses victimes, il a été tué dans des échanges de tirs avec la police dans cette rue du quartier français.

Comment l'homme de 42 ans a pu faire un tel "carnage" dans cette rue ultra-passante de la ville? D'après les caméras de vidéo-surveillance, son pick-up Ford de location a simplement contourné une voiture de police stationnée à l'entrée de l'artère, piétonnisée pendant les fêtes, avant de foncer sur les passants.

Les barrières anti-véhicules retirées

Alors que le FBI traite l'attaque comme un "acte terroriste", des questions se posent sur d'éventuelles failles de sécurité. Au moment des faits, les barrières encadrant la rue avaient été retirées.

Comme le relève NBC News, ces barrières, conçues pour stopper la course d'une voiture-bélier, avaient été achetées en 2017 par la ville, après l'attaque terroriste sur la promenade des Anglais à Nice. La Nouvelle-Orléans les avait justement déployées lors de Mardi Gras, en février 2024, pour protéger les rues bondées.

Sauf que les barrières, endommagées lors des festivités, avaient été retirées et la réparation avait débuté en novembre, en prévision du Super Bowl, qui se tiendra le 9 février prochain au Ceasars Superdome de La Nouvelle-Orléans.

Le jour de l'attaque, la rue était protégée par des voitures de patrouille et un important dispositif policier, qui n'a pas suffit à arrêter l'assaillant. "Le terroriste a fait le tour et est monté sur le trottoir", a admis la cheffe de la police de La Nouvelle-Orléans, Anne Kirkpatrick.

Une zone particulière à risque

Cette zone, particulièrement fréquentée, avait déjà fait l'objet d'un rapport de sécurité, en novembre 2019, pointant sa vulnérabilité à la voiture-bélier. Révélé par le New York Times, ce document rédigé par une société de sécurité new-yorkaise avertissait que les barrières censées protéger Bourbon Street "ne semblaient pas fonctionner".

Dans son rapport, la société préconisait de les remplacer et expliquait que, sur Bourbon Street, "les deux modes d'attaque terroriste susceptibles d'être utilisés sont la voiture-bélier et la fusillade".

Les autorités, elles, rejettent toute faille de sécurité. "Ce n'était pas quelque chose que nous nous attendions à voir se produire", a déclaré le capitaine LeJon Roberts, commandant du district de police du quartier français, lors de la conférence de presse qui a suivi l'attaque.

"Il ne s'agit pas de rejeter la faute sur qui que ce soit - un terroriste est déterminé à détruire. Cet homme allait faire de son mieux (pour faire le plus de victimes possibles, NDLR), et s'il n'avait pas été sur Bourbon, il serait allé ailleurs", a ajouté Anne Kirkpatrick.

Le quartier français, "la cible idéale"

Mais, selon Don Aviv, directeur général de la société de sécurité Interfor International, qui a réalisé le rapport de sécurité en 2019, ce qui s'est produit sur Bourbon Street "ne devrait pas surprendre quiconque a déjà été chargé de protéger une zone à forte densité de circulation piétonne", le quartier français étant "la cible idéale".

Et, comme l'a déclaré Rafael Goyeneche, chef de la Commission métropolitaine indépendante de lutte contre la criminalité de la ville au New York Times, au lieu de "réparer" les barrières, les autorités ont "tout simplement" "ignoré" le problème".

Fanny Rocher