Attentat à La Nouvelle-Orléans: parcours du suspect, identité des victimes... Où en est l'enquête?

Le 1er janvier dernier, une voiture a foncé dans la foule à La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis, tuant 14 personnes. Les enquêteurs du FBI analysent le parcours du suspect, un Américain de 42 ans.

L'enquête avance pas à pas. Moins d'une semaine après l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 14 morts à La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis, le 1er janvier dernier, le FBI a tenu une conférence de presse dimanche 5 janvier pour faire un point sur les investigations en cours. Il a notamment indiqué que le suspect avait effectué des repérages avant l'attaque.

• Des repérages effectués en amont

Le FBI a indiqué lors de la conférence de presse que le suspect Shamsud-Din Jabbar, citoyen américain de 42 ans, s'était rendu deux fois sur les lieux de l'attaque, dans le quartier français de La Nouvelle-Orléans, pour préparer l'attaque.

Lors de son premier déplacement dans la plus grande ville de Louisiane, pendant quelques jours à partir du 30 octobre, le suspect a utilisé des lunettes connectées de l'entreprise Meta pour filmer le quartier français, a déclaré le FBI lors d'une conférence de presse.

La vidéo, filmée depuis un vélo, montre les rues ultra-touristiques du quartier français de la Nouvelle-Orléans, connues pour être festives jour et nuit. Les lunettes ont été retrouvées sur le suspect après sa mort. Il les portait donc le jour de l'attaque, mais ne les a pas activées. Interrogée par l'agence de presse américaine Associated Press, l'entreprise Meta s'est refusée à tout commentaire.

Shamsud-Din Jabbar a réalisé un deuxième déplacement avant l'attentat, le 10 novembre, a fait savoir l'agent de la police fédérale Lyonel Myrthil. Mais les enquêteurs ont déclaré tenter de reconstituer les détails, encore flous, de ce séjour.

• Deux glacières avec des engins explosifs retrouvées

Concernant l'attaque en elle-même, le FBI a indiqué avoir retrouvé dans Bourbon Street deux glacières avec des engins explosifs improvisés dissimulés à l'intérieur. Le FBI a retrouvé dans la voiture du suspect un émetteur devant permettre d'actionner les explosifs.

Il n'a cependant jamais été activé et les bombes n'ont pas explosé. "Il n'a pas utilisé le bon dispositif pour les enclencher, ce qui ne fait que montrer son inexpérience" dans le domaine, a indiqué le FBI, selon ABC News. Selon Associated Press, les enquêteurs ont indiqué que l'une des glacières avait été déplacée d'un pâté de maison par une personne non impliquée dans l'affaire.

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Du matériel destiné à fabriquer des bombes a également été retrouvé par le FBI dans un logement loué par le suspect sur la plateforme AirBnB, ainsi qu'à son domicile. Le quadragénaire a tenté de mettre le feu à l'appartement loué, mais les pompiers ont rapidement arrêté la progression des flammes.

Les armes employées par le suspect lors de l'attaque ont par ailleurs été identifiées. Il s'agit d'un pistolet semi-automatique de 9 mm et un fusil semi-automatique de calibre 308 avec un "silencieux de fabrication privée". Ce dernier a été obtenu lors d'une "vente privée" en novembre dernier chez un particulier vivant au Texas, selon le FBI.

• Des voyages en Égypte et au Canada

Le suspect, un ancien militaire, s'est rendu en Égypte et au Canada ces deux dernières années, a aussi déclaré le FBI. Il est allé au Caire pendant dix jours à l'été 2023 avant de séjourner à Ontario dans la foulée pour une durée de trois jours.

Le FBI se renseigne sur "les endroits où il est allé, les personnes qu'il a rencontrées et la façon dont ces voyages peuvent être liés ou non à ses actions (aux États-Unis)", a indiqué l'agent spécial du FBI en charge de la Nouvelle-Orléans Lyonel Myrthil, selon Associated Press.

Le FBI a déclaré chercher toute personne l'ayant rencontré à ce moment-là pour établir les raisons de ces déplacements. Pour l'heure, on ignore cependant si ces deux voyages ont un lien avec l'attentat commis à La Nouvelle-Orléans, a indiqué le directeur adjoint du FBI en conférence de presse, toujours selon Associated Press.

• Ancien militaire, diplômé en informatique...

Shamsud-Din Jabbar, tué après l'attaque par les forces de l'ordre, il a grandi à Beaumont, au Texas. Élevé dans la religion musulmane, il s'en était éloigné plus jeune avant de s'y intéresser de nouveau récemment, selon son frère.

Vétéran de l'armée américaine âgé de 42 ans et diplômé en informatique, il a occupé des postes dans les ressources humaines et l'informatique, avant d'être démobilisé en 2015. Il avait été déployé en Afghanistan entre 2009 et 2010.

Il a par ailleurs été marié trois fois et a eu plusieurs enfants. Selon le dossier de son dernier divorce, il rencontrait des difficultés financières. Ses seuls démêlés judiciaires connus jusqu'à l'heure étaient des infractions routières.

• Le suspect a probablement agi "seul"

Les enquêteurs du FBI estiment pour l'instant, au vu des "éléments de l'enquête" dont ils disposent, que Shamsud-Din Jabbar a agi "seul". "Nous n'avons identifié aucun signe d'une possible complicité aux États-Unis, mais nous continuons de rechercher de potentiels complices aux États-Unis et à l'étranger", a assuré le FBI.

Un drapeau de l'État islamique (EI) a par ailleurs été retrouvé dans le véhicule-bélier et le suspect a proclamé dans plusieurs vidéos son soutien à l'EI, affirmant avoir rejoint l'organisation jihadiste. Le FBI a d'ailleurs déclaré traiter l'affaire comme un "acte terroriste".

Aucun lien n'a été établi entre cette attaque et l'explosion du Tesla Cybertruck à Las Vegas, qui avait fait un mort, survenus tous deux le 1er janvier.

• L'ensemble des victimes identifiées

Le gouverneur de Louisiane, Jeff Landry, a par ailleurs précisé que l'identité des 14 victimes avait désormais été établie, la dernière étant Latasha Polk, infirmière et mère d'un enfant de 14 ans, selon CNN.

Alors que doit débuter la période des festivités du Carnaval ce lundi, et que la ville doit accueillir le Super Bowl le 9 février, un porte-parole de la police de La Nouvelle-Orléans a assuré qu'un "grand plan de sécurité" avait été mis au point pour garantir la bonne tenue des défilés, toujours selon CNN.

Le président américain Joe Biden se rendra par ailleurs ce lundi sur place pour "partager la peine des familles endeuillées".

Juliette Desmonceaux avec agences