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"Je suis terrifié": menacés par les décrets de Trump, les sans-papiers de Chicago vivent dans la peur

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La troisième ville du pays par sa population, réputée comme étant un sanctuaire pour les immigrés, se prépare à de nombreuses descentes des services de l'immigration visant 2.000 sans-papiers dans les jours à venir.

"On va s'en occuper." Dans une interview accordée mercredi 22 janvier à Fox News, le 47e président des États-Unis, Donald Trump, a réitéré sa volonté d'intensifier encore plus la lutte contre l'immigration illégale dans le pays, promesse phare de sa campagne électorale.

Le républicain, qui s'est engagé à expulser des États-Unis des millions de personnes sans papiers, a assuré que "des terroristes par milliers" étaient présents dans le pays à cause des politiques aux frontières de l'administration Biden, jugées laxistes.

"Je vais tout faire pour fuir"

Lundi, lors de son investiture, l'homme fort de la Maison Blanche a déjà signé un décret remettant en cause le droit du sol et suspendant toute arrivée aux États-Unis de réfugiés ayant demandé l’asile, y compris ceux qui l’ont obtenu.

Depuis, 1.500 soldats supplémentaires ont été dépêchés autour de la frontière mexicaine et des opérations massives d'arrestations de sans-papiers s'organisent.

Particulièrement visée, la ville de Chicago, dans l'État de l'Illinois, où Donald Trump a promis l'une des plus grandes opérations de l'histoire. De fait, dans certains quartiers, dont Little Village, où la population issue de l'immigration mexicaine est forte, les habitants ont peur de l'avenir et même d'arpenter les rues de peur d'être interpellés.

"Les gens ici sortent avec la peur au ventre parce que beaucoup n’ont pas de papiers", dit à BFMTV Jesus, vendeur à la sauvette vénézuélien. "Moi, je suis terrifié, parce que s’ils essaient de m’arrêter, je vais tout faire pour fuir. Ça a été si difficile d’arriver jusqu’ici", ajoute-t-il.

Le choix de Chicago est tout sauf un hasard. La troisième ville du pays, dirigée par des démocrates, est un sanctuaire pour les migrants. En raison de sa position de neutralité sur le sujet, la municipalité ne référence pas les sans-papiers qui y travaillent.

"Nous ne sommes rien sans les étrangers"

Dans la 26e rue, où les restaurants et commerces liés à la culture hispano-américaine sont nombreux, rares sont les habitants du quartier à se risquer à sortir. Une baisse de fréquentation confirmée à BFMTV par Jennifer Aguilar, directrice de la Chambre de commerce de Little Village.

"Depuis que les rumeurs de descentes des services de l’immigration se sont répandues, les commerces ont signalé une baisse de fréquentation de 50 à 60%", dit-elle.

Afin de préserver les locaux, cette même Chambre de commerce organise des distributions de tracts afin d'expliquer à la population la marche à suivre en cas de descente policière. Olman Chaheine, l'un de ses membres, fait le tour des commerces dans une initiative particulièrement appréciée par la population locale.

"Le président Trump est un businessman, il ne veut pas que les États-Unis s’effondrent. Mais nous ne sommes rien sans les étrangers, c’est ce qui fait la grandeur de l’Amérique", s'indigne Laura, propriétaire d’un restaurant mexicain.

La résistance s'organise

Selon le gouvernement de l’Illinois, 2.000 personnes en situation irréuglière sont déjà ciblées et potentiellement expulsables, rien que pour la ville de Chicago.

Le maire démocrate de la ville, Brandon Johnson, a répondu qu'il "protégera" ses habitants, notamment en empêchant des arrestations dans des lieux "sensibles" comme des écoles.

"Tous les droits que les habitants de Chicago méritent, en tant que maire de la ville de Chicago, je vais les protéger. Que vous soyez sans papiers, que vous demandiez l'asile ou que vous cherchiez un emploi bien rémunéré, nous allons nous battre et défendre les travailleurs", a-t-il assuré mardi à la radio NPR.

Anne-Laure Banse, Marjorie Marcillac avec Hugo Septier