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Investiture de Trump: pourquoi Biden a gracié des membres de sa famille juste avant de quitter la Maison Blanche

Le président américain Joe Biden arrive à la cérémonie d'investiture du président élu Donald Trump dans la rotonde du Capitole, le 20 janvier 2025 à Washington, DC.

Le président américain Joe Biden arrive à la cérémonie d'investiture du président élu Donald Trump dans la rotonde du Capitole, le 20 janvier 2025 à Washington, DC. - POOL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Alors qu'il se trouvait dans l'enceinte du Capitole pour assister à la cérémonie d'investiture de Donald Trump, ce lundi 20 janvier, Joe Biden a gracié de manière préventive plusieurs membres de sa famille pour les protéger de potentielles "poursuite partisanes" de son successeur.

"Je ne peux pas, en toute conscience, ne rien faire". L'ex-président des États-Unis Joe Biden, a multiplié les grâces présidentielles ce lundi 20 janvier avant l'investiture ce même jour de Donald Trump.

Des grâces accordées de manière préventive à des élus, des fonctionnaires mais également à des membres de sa famille pour les protéger de potentielles futures enquêtes ou poursuites "partisanes" menées par son successeur. Tout au long de sa campagne, le nouveau président républicain avait en effet promis de se "venger" de ses adversaires politiques.

"Menaces incessantes"

L'ancien président démocrate a accordé une grâce présidentielle préventive, comme le lui permet l'article 2 de la Constitution, à cinq membres de sa famille alors même qu'il se trouvait au sein du Capitole pour assister à l'investiture de Donald Trump. Soit seulement quelques minutes avant la prestation de serment de ce dernier.

Sont concernés son frère James Biden, sa soeur Valerie Biden Owens, leurs conjoints respectifs, ainsi que son frère Francis Biden, selon le document officiel publié par le ministère de la Justice. Cet acte leur confère "un pardon complet et inconditionnel pour toutes les infractions non violentes contre les États-Unis qu'ils ont pu commettre ou auxquelles ils ont participé pendant la période allant du 1er janvier 2014 jusqu'à la date de la présente grâce".

À noter que ces grâces protégent uniquement contre des poursuites au niveau fédéral, et non contre des enquêtes du Congrès ou des enquêtes fiscales par exemple.

Le 1er décembre, Joe Biden avait également gracié son fils Hunter, une des cibles privilégiées de la droite dure américaine, qui avait été reconnu coupable dans deux affaires distinctes de détention illégale d'arme à feu et de fraude fiscale.

"Ma famille a été visée par des attaques et des menaces incessantes, motivées par le seul désir de m'atteindre - la pire sorte de politique partisane. Malheureusement, je n'ai aucune raison de penser que ces attaques vont s'arrêter", a fait valoir l'ancien président.

"Il l'a fait pendant mon discours!"

Donald Trump n'a pas manqué de dénoncer le geste de son prédécesseur.

"Je ne savais pas qu'il avait accordé la grâce à sa famille, il l'a fait pendant mon discours, je veux dire, pendant mon discours!", a-t-il répété devant la presse alors qu'il était en train de signer ses premiers décrets dans le Bureau ovale.

"Tout ce que j'aurais pu dire, c'est 'excusez-moi, je voudrais revenir et parler encore plus'. Il s'agit évidemment d'un mauvais précédent", a-t-il ajouté.

Sur le fil, Joe Biden a également commué en assignation à résidence la peine de prison à perpétuité de Leonard Peltier, 80 ans, un militant amérindien incarcéré pour l'homicide en 1975 de deux agents du FBI, une affaire montée de toutes pièces selon ses défenseurs. Il a aussi gracié deux condamnés ayant purgé leur peine.

"Nous vivons dans des circonstances exceptionnelles"

Tôt ce lundi, plusieurs heures avant la cérémonie d'investiture, Joe Biden avait également grâcié l'ancien chef d'état-major des armées, le général Mark Milley, et l'ex-architecte de la stratégie de la Maison Blanche contre le Covid-19, le Dr Anthony Fauci.

Le général Milley, chef d'état-major des armées sous Donald Trump puis Joe Biden, avait averti pendant la campagne que le milliardaire républicain était un "fasciste jusqu'au bout des ongles" et la "personne la plus dangereuse pour ce pays". Donald Trump avait laissé entendre que l'officier s'était rendu coupable d'une "trahison" qui en d'autres temps lui aurait valu le peloton d'exécution.

Le Dr Fauci, dont le franc-parler lors de la pandémie de coronavirus l'a souvent mis en porte-à-faux avec Donald Trump pendant son premier mandat, est depuis l'une des personnalités les plus honnies au sein d'une partie de la droite et des mouvements complotistes.

L'ancienne parlementaire républicaine Liz Cheney a également été graciée, comme tous les élus et fonctionnaires ayant participé à la commission d'enquête sur l'assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021. Les policiers ayant témoigné devant cette commission sont aussi concernés par ces grâces.

"Je crois en l'État de droit et je suis sûr que la solidité de notre système judiciaire finira par s'imposer face aux débats politiciens. Mais nous vivons dans des circonstances exceptionnelles et je ne peux pas, en bonne conscience, ne rien faire", a expliqué dans un communiqué le démocrate de 82 ans, pour justifier une initiative exceptionnelle.

"De manière inquiétante, des serviteurs de l'État ont fait l'objet de menaces et d'intimidations pour avoir rempli fidèlement leurs charges", a-t-il assuré. "Certains ont même été menacés de poursuites judiciaires".

Donald Trump a dénoncé ces grâces accordées selon lui à "des personnes qui sont très, très coupables de crimes très graves", en référence notamment aux membres de la commission d'enquête parlementaire sur l'assaut du Capitole.

En accordant autant de grâces préventives, Joe Biden a pris "une mesure sans précédent dans l’histoire présidentielle", note CNN. Le risque désormais? Que Donald Trump utilise ce précédent pour protéger dans le futur ses propres alliés de poursuites pénales.

Juliette Brossault avec AFP