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"Ils s'assoient sur moi": un Américain blessé par la police de l'immigration réclame 50 millions de dollars à l'administration Trump

Des agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) des États-Unis le 11 avril 2018 dans le quartier de Brooklyn à New York (photo d'illustration).

Des agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) des États-Unis le 11 avril 2018 dans le quartier de Brooklyn à New York (photo d'illustration). - John Moore / Getty images north america / Getty Images via AFP

Un Américain de 79 ans a été violemment plaqué au sol par la police de l'immigration lors d'une descente dans sa station de lavage auto près de Los Angeles. Après avoir répété plusieurs fois être "citoyen américain", il a été embarqué dans un centre de rétention et détenu pendant une douzaine d'heures.

"Combien de personnes doivent être gravement blessées ou mourir?" Un Américain de 79 ans, violemment plaqué au sol par la police de l'immigration lors d'une descente dans sa station de lavage auto près de Los Angeles, a annoncé jeudi 25 septembre réclamer 50 millions de dollars de dommages et intérêts à l'administration Trump.

Les agents se sont comportés comme "des chasseurs de prime", a dénoncé devant la presse Rafie Shouhed, un commerçant d'origine iranienne vivant aux États-Unis depuis les années 80.

Cet électeur de Donald Trump a eu les côtes fêlées et pourrait souffrir d'un traumatisme crânien, selon ses avocats. Quinze jours après cette descente, il a encore le coude gauche enflé et un large hématome sur l'avant-bras droit.

La vidéosurveillance de son lavage auto le montre être violemment poussé à terre par un agent masqué continuant sa course. Rafie Shouhed tente ensuite de parlementer avec un policier en train d'arrêter un employé, lorsqu'un autre agent lui prend les bras.

Un troisième agent le jette alors au sol, et il est plaqué face contre terre pendant plusieurs secondes, avec l'un des policiers appuyant son genou sur sa tête. "Trois personnes s'assoient sur moi, et je les supplie: 'Je ne peux pas respirer! Je ne peux pas respirer!'", a raconté Rafie Shouhed, qui souffre d'une faiblesse cardio-vasculaire.

"Diffamation"

Il a assuré qu'il voulait simplement fournir aux policiers les autorisations de travail de ses employés. "Ils ne m'ont rien dit à part: 'Tu ne cherches pas ICE!'" (l'acronyme de la police américaine de l'immigration, NDLR.), a-t-il affirmé.

Après avoir répété plusieurs fois être "citoyen américain", il a été embarqué dans un centre de rétention et détenu pendant une douzaine d'heures. Contacté par l'AFP, le ministère de la Sécurité intérieure a expliqué avoir arrêté "cinq immigrés clandestins originaires du Guatemala et du Mexique" lors de cette descente.

Rafie Shouhed "a entravé l'opération et a été arrêté pour avoir agressé et entravé un agent fédéral", a complété le ministère, qui n'a pas engagé de poursuites judiciaires. "Tout cela est une pure invention (...), c'est de la diffamation", s'est indigné son avocat, Jim DeSimone.

"Combien de personnes doivent être gravement blessées ou mourir avant que nous changions la façon dont ces agents d'ICE interviennent et utilisent une force excessive avant de poser des questions?", a-t-il fustigé.

Opérations musclées de l'ICE

Les opérations musclées de la police de l'immigration sous Donald Trump font polémique en Californie. En juin, des manifestations, parfois violentes, ont eu lieu à Los Angeles. Au cours de l'été, un sans-papier est mort lors d'une opération dans la région et certains Américains ont été brièvement détenus.

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L'AMÉRIQUE DE TRUMP 5/5: Émeutes et arrestations d'immigrés en Californie: le combat des deux Amériques
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Pour éviter des contrôles aux faciès, une juge a imposé des restrictions sur la manière d'opérer des agents pendant l'été, qui ont été levées par la Cour Suprême début septembre.

Dans cette décision, le juge Brett Kavanaugh, s'exprimant au nom de la majorité conservatrice, a soutenu que les agents d'ICE "libèrent immédiatement" les citoyens américains qu'ils contrôlent.

La Cour suprême "vit dans le monde des Bisounours, si elle pense que c'est ce qui se passe", a taclé Me Jim DeSimone. "Ces agents d'ICE ne donnent pas aux gens l'opportunité de communiquer avec eux."

L.V. avec AFP