États-Unis: un suspect arrêté après la fuite de documents confidentiels des renseignements américains

Le suspect de la fuite de documents confidentiels américains, Jack Teixeira, employé de la Garde nationale aérienne, "a été interpellé sans incident" et doit comparaître prochainement devant un tribunal de l'Etat du Massachusetts (nord-est), a affirmé jeudi le ministre de la Justice Merrick Garland lors d'une brève conférence de presse.
"Risque très grave" pour la sécurité nationale
La fuite de ces documents, qui détaillent entre autres les vues de Washington sur la guerre en Ukraine, a fait craindre au Pentagone un "risque très grave" pour la sécurité nationale du pays. La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a par ailleurs déclaré que les Etats-Unis examinaient les "implications" de cette fuite "pour la sécurité nationale".
L'arrestation, annoncée par des médias américains avant d'être confirmée par les autorités, a eu lieu à Dighton, une petite ville rurale au sud de Boston, dans le Massachusetts (nord-est).
Les télévisions américaines ont diffusé en boucle des images aériennes montrant l'arrestation d'un individu par des agents des forces de sécurité. On pouvait y voir un homme, mains sur la tête et portant un t-shirt gris et un short rouge, reculer lentement vers des soldats avant d'être interpellé, puis escorté vers un véhicule d'allure civile.
Biden "préoccupé" par ces fuites
"Il y a une enquête complète en cours (...) et ils se rapprochent" de l'aboutissement, avait déclaré un peu plus tôt le président américain Joe Biden lors d'une visite en Irlande.
"Je suis préoccupé que ce soit arrivé", avait ajouté le président américain.
Le ministère américain de la Justice a ouvert une enquête pénale après la fuite de ces documents en ligne, qui détaillent les vues de Washington sur la guerre en Ukraine et semblent indiquer une collecte d'informations sur de proches alliés des États-Unis.
Le Washington Post a rapporté mercredi que la fuite était l'œuvre d'un jeune homme ayant travaillé sur une base militaire, qui a partagé ses informations sur un groupe privé en ligne du réseau social Discord sous le pseudonyme "OG". Il aurait publié pendant des mois des documents issus de la base militaire où il travaille dans ce groupe d'une vingtaine de personnes formé en 2020 autour de leur passion mutuelle pour les armes à feu, le matériel militaire et la religion.
Selon plusieurs témoignages, le fameux "OG" a "une vision sombre du gouvernement" et dénonce fréquemment "l'excès de pouvoir du gouvernement. "Il est pleinement conscient de ce qui se passe et des conséquences possibles", a déclaré un témoin.Dans un ultime message sur la plateforme, "OG" aurait toutefois demandé à ses comparses de "rester discrets et de supprimer toute information pouvant éventuellement le concerner", y compris des copies des documents détournés.
Le Pentagone a décidé de restreindre davantage l'accès à ce type d'informations sensibles, a déclaré Karine Jean-Pierre à la presse, en marge du déplacement de Joe Biden en Irlande. Elle a ajouté que le gouvernement américain souhaitait que les réseaux sociaux "évitent de faciliter" la distribution de tels documents confidentiels, estimant qu'ils avaient "une responsabilité envers leurs utilisateurs et le pays".
Un porte-parole de Discord a par ailleurs affirmé à l'AFP que la sécurité de ses utilisateurs était la priorité de la plateforme et que tout contenu enfreignant son règlement pouvait aboutir à l'exclusion du contrevenant, à la fermeture de groupes de discussion et à un signalement aux autorités.
Risque d'"alimenter la désinformation"
Le fait que ces documents circulent en ligne représente "un risque très grave pour la sécurité nationale et peut potentiellement alimenter la désinformation", avait indiqué lundi un porte-parole du ministère américain de la Défense, Chris Meagher.
Les documents mis en ligne révèlent notamment les inquiétudes des services de renseignement américains quant à la viabilité d'une contre-offensive ukrainienne contre les forces russes. Un document examiné par l'AFP fait aussi état des préoccupations des Etats-Unis à propos de la capacité de l'Ukraine à continuer à se défendre contre les frappes russes.
Les autorités américaines n'ont toutefois pas publiquement confirmé l'authenticité de ces documents publiés en ligne, et elle n'a pas encore été vérifiée de manière indépendante. Beaucoup de ces documents ne sont plus disponibles sur les sites où ils sont initialement apparus, et les autorités américaines travailleraient à ce qu'ils soient tous retirés.