Etats-Unis: que se passerait-il si Hillary Clinton abandonnait?

Hillary Clinton, victime d'un malaise, a dû quitter brutalement la commémoration pour les attentats du 11-Septembre. - Justin Sullivan - Getty images - AFP
Son adversaire, Donald Trump, lui a souhaité "un bon rétablissement". Après avoir été victime d'un malaise dimanche lors de la commémoration des attentats du 11-Septembre, Hillary Clinton est sous pression. Si son équipe, qui avait indiqué qu'elle souffrait d'une pneumonie, a précisé qu'elle reprendrait sa campagne cette semaine et que de nouveaux documents médicaux seraient publiés, l'état de santé de la candidate démocrate de 68 ans pose question. Après une interruption de sa campagne pendant deux jours, sur ordre du médecin, précise son porte-parole, un abandon à 58 jours de l'élection présidentielle est-il envisageable?
En cas de retrait d'Hillary Clinton, selon les règles du parti, le comité national démocrate serait en charge de lui trouver un remplaçant. Au cours d'une réunion organisée en urgence, les membres devraient voter pour faire émerger un nouveau nom, note The Telegraph. L'ancienne secrétaire d'Etat pourrait alors être remplacée par son colistier, Tim Kaine. Agé de 58 ans, le candidat à la vice-présidence est sénateur de la Virginie. Mais il est surtout un inconnu pour de nombreux Américains.
"Désert de personnalités charismatiques"
Le nom de Bernie Sanders, le candidat perdant de la primaire, circule alors. Mais après l'échec de celui-ci lors de la convention démocrate, ce choix de substitution apparaît peu probable. Idem pour Joe Biden, l'actuel vice-président de Barack Obama. "Il ne faut pas oublier qu'il n'a pas souhaité se lancer", rappelle François Durpaire, historien et spécialiste des Etats-Unis joint par BFMTV.com. Outre la difficulté de trouver un candidat incontestable face à "un désert de personnalités charismatiques", le Parti démocrate serait confronté à un problème de démocratie.
"Le processus de désignation des délégués s'étend de janvier à juillet", détaille François Durpaire. "Si le Parti démocrate venait à choisir un autre candidat, ce serait synonyme de se couper du peuple."
Le spécialiste ne croit pas à un abandon de la part d'Hillary Clinton si près de l'élection suprême. "Je n'imagine pas qu'elle se soit engagée dans la bataille pour renoncer à 58 jours du scrutin", assure-t-il. "Le Parti démocrate ne peut pas la laisser abandonner vu les enjeux considérables et surtout au vu de son avance. Ce serait la défaite assurée. Il est plus probable qu'elle surmonte sa maladie." Au pointage de lundi du baromètre du Huffington Post, elle devance toujours son adversaire Donald Trump de près de 5 points.
L'aptitude de Clinton en doute?
Si la semaine a été chaotique pour la candidate démocrate, ses ennuis de santé ont toutefois eu l'avantage de faire oublier ses déclarations sur les électeurs de son rival républicain, qu'elle a qualifié de "pitoyables". Si Hillary Clinton reste la candidate favorite, Donald Trump est toujours dans la course. "On a beaucoup parlé d'erreurs de communications, mais avec cette séquence ça pose aussi le problème de l'aptitude, de la présidentialité d'Hillary Clinton. Ce qui fait sa différence avec son adversaire."
D'autant que face aux derniers événements du week-end, Donald Trump est apparu comme un candidat normal, loin de ses sorties polémiques habituelles. "J’espère juste qu’elle se sente mieux et qu’elle revienne en campagne", a déclaré sobrement lundi le milliardaire. "Cet événement ne peut pas la servir à terme si Donald Trump ne l'attaque pas", prévient François Durpaire. Avant de rappeler un moment de la campagne de 2004 quand le passé d'alcoolique de George W. Bush avait été révélé. "Plus des choses terribles étaient dites sur son passé et plus la question qui se posait a été: peut-on élire quelqu'un qui a changé?" La réponse a été "Yes".