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Election américaine : "Obama ne doit pas penser qu'il a déjà gagné"

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Mercredi soir, Barack Obama et Mitt Romney s'affrontent directement pour la première fois. Un premier round qui devrait donner le ton de la fin de la campagne. BFMTV.com fait le point avec François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis.

Le premier face-à-face opposant Barack Obama, le président sortant, à son challenger Mitt Romney aura lieu mercredi soir (jeudi à 3h françaises), à Denver dans le Colorado. Les deux débatteurs se sont préparés comme des sportifs de haut niveau. Voyons ce qu'en pense François Dupraire, auteur de Les Etats-Unis pour les nuls (éd. First), historien de ce pays.

Pourquoi ce débat est-il si important ?

Des retournements de situation se sont déjà produits après des débats télévisés. Le cas s'est présenté en 1980 avec Carter, qui était en tête, mais qui s'est effondré lors du débat contre Reagan. Aussi, mais dans une moindre mesure Gerald Ford, en 1976 qui est en tête après le premier débat, mais qui après, est moins bon et perd l'élection. Il est donc déjà arrivé que des présidents dans la même situation qu'Obama fassent des prestations médiocres, voire mauvaise et perdent tout.

Les deux candidats ont-ils déjà une stratégie, une tactique préétablie ? Mitt Romney sera-t-il plus dans l'offensive et Barack Obama sur la défensive ?

Oui, Romney sait qu'il est en retard donc il va attaquer davantage. En plus, il a derrière lui l'entraînement lié au fait qu'il a participé aux primaires (du Parti républicain), sans compter des trainings organisés tous les trois jours. Il est dans une position d'outsider, il va essayer de renverser les choses. Obama va être lui dans une posture présidentielle qui est facilitée par la disposition du débat. Celui-ci ne se déroulera pas face à face, mais debout derrière un pupitre. Il va essayer de ne pas trop parler de son adversaire, mais de s'adresser à la nation américaine, un peu comme Mitterrand en 1988, dans une posture un peu distanciée. La stratégie d'Obama est de se servir de son statut de président pour gagner l'élection.

Quels sont les points faibles de l'un et de l'autre, de quoi doivent-ils se méfier ?

Pour Barack Obama, ce serait le fait de penser qu'il a déjà gagné. Le deuxième point faible tient au fait qu'il n'a pas l'entraînement des débats, car il n'a pas fait de primaire cette année.

Concernant Mitt Romney, on va vu qu'il était capable de dire des choses qui, sans dépasser vraiment sa pensée, peuvent choquer beaucoup d'Américains, ce que l'on appelle les "gaffes". Il devra veiller à ne pas déraper à nouveau, car depuis quelque semaine ce n'est pas ça. Le Washington Post disait à ce propos la semaine dernière : "Nouvelle stratégie pour Romney : Tais-toi, Romney !" Là, il ne peut pas se taire, c'est un débat, mais il doit faire attention à ce qu'il dit… tout en attaquant. C'est donc une position un peu délicate.

Quel est le rôle des réseaux sociaux dans cette bataille ? Prennent-ils encore plus d'importance qu'il y a quatre ans ?

Oui, ils vont être encore beaucoup plus importants que les autres années. Il y a déjà eu un combat de tweets pendant lequel ils se répondaient directement. Une sorte de campagne parallèle est en train de se mettre en place depuis quelques semaines. A l'occasion du débat, on attend un record d'activité sur les réseaux sociaux, Twitter en tête.

Mitt Romney vient d'attaquer Barack Obama via son site officiel en exposant les dix raisons "pour ne pas voter Obama". Ce dernier va-t-il répondre rapidement ?

Oui, il est en train de mettre en place une stratégie de réponse, mais il faut bien comprendre qu'Obama a un temps d'avance en matière de site et d'utilisation des réseaux sociaux. D'un mot, je dirais que les Républicains ont les outils, mais les Démocrates ont la culture du numérique.

Propos recueillis par David Namias