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États-Unis

Droits humains: l'ONU "profondément inquiète" du "changement fondamental" de direction des États-Unis

Drapeau des Nations Unies. Mai 2023. (Photo d'illustration).

Drapeau des Nations Unies. Mai 2023. (Photo d'illustration). - Fabrice COFFRINI / AFP

Volker Türk déplore le "contrôle et l'influence" des "oligarques de la tech non élus" sur la scène internationale. Devant le Conseil des droits de l'Homme, le Haut-Commissaire de l'ONU a exhorté les États à "s'adapter rapidement".

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme s'est dit, ce lundi 3 mars, "profondément inquiet" du "changement fondamental" de direction pris par les États-Unis depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, dans une critique inédite de la nouvelle administration.

Dans son discours devant le Conseil des droits de l'Homme analysant de façon détaillée la situation dans le monde, Volker Türk a également déploré "le contrôle et l'influence" qu'exercent "des oligarques de la tech non élus".

Des menaces à la liberté d'expression

Aux États-Unis, a souligné le Haut-Commissaire, "nous avons bénéficié du soutien bipartite (...) en matière de droits humains pendant de nombreuses décennies, grâce à la générosité et à la compassion du peuple américain". Mais "je suis aujourd'hui profondément préoccupé par le changement fondamental de direction qui s'opère au niveau national et international", a-t-il ajouté.

Sans nommer le président américain, Volker Türk souligne que "de manière paradoxale, les politiques destinées à protéger les personnes contre la discrimination sont désormais qualifiées de discriminatoires" tandis que "les progrès en matière d'égalité de genre sont réduits à néant".

"La désinformation, l'intimidation et les menaces, notamment à l'encontre des journalistes et des fonctionnaires, risquent de compromettre le travail des médias indépendants et le fonctionnement des institutions", a-t-il poursuivi.

En outre, les discours qui sèment la "division" sont utilisés "pour tromper et polariser. Cela suscite la peur et l'anxiété chez de nombreuses personnes", a-t-il dit.

Des "oligarques de la tech non élus" pointés du doigt

Dans sa charge contre les "oligarques de la tech", Volker Türk ne cite aucun nom, pas même celui du patron de Tesla ainsi que de Space X et propriétaire du réseau social X, Elon Musk, entrepreneur richissime devenu très proche conseiller du président américain Donald Trump, et dont la mission de réforme de l'appareil fédéral n'en finit pas de secouer Washington.

"Un petit nombre d'oligarques de la tech non élus ont nos données : ils savent où nous vivons, ce que nous faisons, nos gènes et nos conditions de santé, nos pensées, nos habitudes, nos désirs et nos peurs. Ils nous connaissent mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes", a relevé Volker Türk.

"Ils savent comment nous manipuler", a-t-il dit, soulignant que l'absence de réglementation "peut conduire à l'oppression, à l'asservissement, voire à la tyrannie". "Nous devons nous adapter, rapidement. Les États doivent s'acquitter de leur devoir de protéger les citoyens d'un pouvoir incontrôlé et travailler ensemble pour y parvenir", a-t-il demandé.

Les critiques vigoureuses du Haut-Commissaire à l'encontre des États-Unis interviennent alors que Donald Trump a signé début février un décret pour retirer les États-Unis du Conseil des droits de l'Homme. Les États-Unis n'étaient déjà plus membres de cette instance onusienne avant le retour du républicain à la Maison Blanche, mais comme tous les autres pays membres de l'ONU, ils peuvent participer aux débats en tant qu'observateur.

C.D. avec AFP