16 millions de comptes suspendus en France: le patron de X en France défend son réseau social

Le logo de X (ex-Twitter) - Nicolas TUCAT © 2019 AFP
Laurent Buanec est peu connu, mais il a tout de même pris la parole il y a quelques jours pour dénoncer ce qu'il considère comme "des choses fausses". Le patron de X en France, qui se désigne comme "directeur commercial" sans bureau de presse ni attaché de communication répond au Point et cherche à défendre le réseau social très décrié depuis son rachat par Elon Musk.
Et pour cause: l'audience en France est en hausse - alors qu'elle stagne à l'international - avec 17,4 millions d'utilisateurs en décembre 2024, contre 16 millions peu avant l'acquisition par Elon Musk.
"Les contenus illégaux sont évidemment modérés, et nous nous donnons les moyens de faire appliquer nos propres règles", insiste Laurent Buanec.
L'excuse des notes communautaires
En France, ce serait ainsi plus de 16 millions de comptes qui auraient été suspendus entre avril et octobre 2024 pour "manipulation de la plateforme." 42.000 "contenus haineux" ont été modérés, 61.000 "discours violents" ou encore 21.000 cas de harcèlement.
Force est néanmoins de constater que cela n'a pas suffit à empêcher une enquête de l'Union européenne sur X, toujours accusé de véhiculer de fausses informations et ne pas les modérer convenablement.
Face aux parlementaires, médias et organismes ayant fait le choix de quitter X, Laurent Buanec vante les mérites des "notes de communautés", qui permettant d'ajouter un contexte à une publication: "Ce programme a immédiatement séduit Elon Musk, qui y a vu un réel potentiel. Le système est entièrement transparent, en open source."
En France, il y aurait plus de 55.000 contributeurs, la première communauté d'Europe. L'objectif est de "parvenir à un consensus pour convenir de l'utilité d'une note". Si l'intention est louable, elle n'est pas sans défaut puisqu'elle peut amener à une sorte de cyberharcèlement envers certaines personnes publiant sur X, avec des communautés qui peuvent influer sur la présence ou non d'une note. Par ailleurs, elle peut aussi mettre beaucoup de temps à s'afficher.
Une fausse information relayée par le patron France de X
Même si "une note réduit 61% des partages", comme l'explique Laurent Buanec, une publication a d'abord le temps de devenir viral avant qu'une note ne soit validée par la communauté.
L'objectif de X est donc d'accélérer les délais d'apparition, afin qu'il atteigne 18 minutes. Pour le dirigeant, les notes communautaires seraient "un outil précieux" alors que le fact-chacking traditionnel est "irréaliste" face au volume de publications - plus de 550 millions quotidiennement.
Quant au mouvement HelloQuitteX, qui a démarré le 20 janvier, date à laquelle Elon Musk a rejoint la nouvelle administration de Donald Trump, Laurent Buanec dénonce le choix de "chercheurs qui semblent manquer d'objectivité", relayant une fausse information à tendance complotiste sur le supposé rôle du CNRS dans le mouvement. Il demande à ce que les notions de toxicité soient "étudiées scientifiquement", ce qui a déjà été fait à de nombreuses reprises par le passé.
Depuis l'arrivée d'Elon Musk à la tête de X, les discours haineux et toxiques se sont gravement accélérés sur le réseau social. "Tout comme le pluralisme de l'information et des médias est un impératif démocratique, il est sain que chacun ait la liberté de pouvoir s'exprimer sur la plateforme de son choix," ajoute-t-il, tout en précisant que chaque plateforme est confrontée à des difficultés de modération.