Hello Quitte X: quel rôle a eu le CNRS dans cette plateforme qui incite à quitter le réseau social d'Elon Musk?

Hello Quitte X. Cette application ne vous dit peut-être rien. Pourtant, elle aide de nombreux internautes de X, ex-Twitter, à migrer vers d'autres réseaux sociaux sans perdre leurs contacts. Objectif: quitter collectivement la plateforme le 20 janvier, jour de l'investiture de Donald Trump.
À l'origine de ce projet? David Chavalarias, un mathématicien du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). À ses côtés, un collectif de bénévoles français engagés contre la désinformation. Il est composé d'une trentaine de personnes de différentes associations et organisations, quasiment toutes bénévoles, dont une petite équipe de développeurs coordonnée par le CNRS.
"Liberté académique"
Mais sur les réseaux sociaux, certains internautes s'interrogent: le CNRS est-il à l'origine de l'initiative, ouvertement hostile à Elon Musk et sa plateforme? Car dans les mentions légales, le site d'Hello Quitte X précise que le projet a été fondé par "le CNRS, la Ligue des Droits de L’homme, La Quadrature du Net, le SNJ-CGT, Nothing 2 Hide, On est prêt et Au Poste".
Un débat qui agace David Chavalarias. "C'est ne rien comprendre à l'organisation interne d'un établissement public qui gère 31.000 personnes", fustige-t-il sur X.
"Il est évident que ce n'est pas la direction du CNRS qui s'engage et valide directement le démarrage de tout projet de recherche. Ce sont les chercheurs qui en sont responsables dans la limite de leurs moyens, moyens auxquels le CNRS ne participe que pour partie", ajoute le chercheur.
"Le CNRS n'a ni fondé, ni développé le collectif Hello Quitte X", confirme le CNRS auprès de Tech&Co. En revanche, c'est bien "un des laboratoires du CNRS" qui a fondé le collectif et l'application, "sous la responsabilité de son directeur", insiste, de son côté, David Chavalarias auprès de Tech&Co.
"En tant que directeur de recherche au CNRS, j'ai toute latitude d'engager des projets de recherche dans la limite de mes financements disponibles, cela s'appelle la liberté académique" explique-t-il. "En l'occurrence, Hello Quitte X, pour ce qui est des développeurs, est pour le moment financé via une donation qui a été faite au CNRS par un fan de mon ouvrage. Hello Quitte X est la suite logique", détaille-t-il.
17.000 utilisateurs
En effet, David Chavalarias, directeur de l’institut des systèmes complexes de Paris Ile-de-France, travaille depuis longtemps sur l’impact des réseaux sur la société. Il a notamment écrit un livre sur le sujet en 2022, baptisé Toxic Data. Via son projet de recherche Hello Quitte X, le chercheur tente notamment de trouver des alternatives aux réseaux existants.
Le collectif derrière l'application estime ainsi que X est devenu, depuis son rachat par le milliardaire Elon Musk, "très dangereux pour les individus et les démocraties".
"X est devenu un moyen pour influencer l'opinion aux États-Unis, mais également en Europe, s'inquiète David Chavalarias sur le plateau de BFMTV.
Or, "après le 20 janvier, Elon Musk n’aura plus de compte à rendre à la justice. X sera alors plus dangereux que jamais pour la santé mentale de ses utilisateurs", poursuivent les porteurs du projet dans un manifeste en ligne.
Face à ce constat, Hello Quitte X aide les utilisateurs à migrer vers des concurrents de la plateforme sans perdre leurs abonnés et leurs abonnements. Des réseaux sociaux comme Bluesky ou Mastodon, jugés "plus respectueux de la vie privée", sont notamment mis en avant sur la plateforme.
Pour le moment, 17.000 utilisateurs se sont déjà enregistrés sur Hello Quitte X. Parmi ses utilisateurs, la ville de Paris, le département de Loire-Atlantique, Sandrine Rousseau ou encore le CNRS.