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"Je viens de faire mon eXit": c'est quoi Hello Quitte X, le mouvement qui aide les utilisateurs à quitter X?

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L'application, développée par David Chavalarias, chercheur au CNRS, permet aux internautes de quitter plus facilement X pour Bluesky ou Mastodon. Avec un objectif: déserter X ce 20 janvier, jour de l'investiture de Donald Trump.

"Je viens de faire mon eXit." Depuis quelques jours, ce message est partagé en boucle sur le réseau social X, ex-Twitter. Dernier exemple en date avec Sandrine Rousseau. La députée écologiste a annoncé ce lundi 20 janvier son départ de la plateforme.

Et l'écologiste est loin d'être la seule. Plus tôt dans le week-end, la ville de Paris et l'ambassadeur du numérique Henri Verdier, en ont fait de même. Le hashtag #JeQuitteX est d'ailleurs en top tendance France ce 20 janvier sur le réseau social.

La majorité de ceux qui désertent X affichent le même message sur leur profil: "Je viens de faire mon #eXit! L’exode de X est massif. Ne perdez pas un seul de vos abonnés. Grâce à #HelloQuitX j’ai inscrit 193216 nouveaux passagers pour partir vers #BlueSky & #Mastodon."

"X, plus dangereux que jamais"

Rien d'étonnant, puisque ces publications ont toutes été générées par Hello Quitte X, une application développée par un collectif de bénévoles français. Leur objectif? Quitter collectivement la plateforme le 20 janvier.

Une date loin d'être choisie au hasard puisqu'il s'agit du jour de l'investiture de Donald Trump. Un moyen pour le collectif de dénoncer les liens entre Elon Musk, propriétaire du réseau social et le président américain.

En effet, après avoir soutenu le Républicain pendant la campagne présidentielle, notamment en s'appuyant sur la puissance de frappe de X, le patron de Tesla a été nommé à la tête d'un ministère de "l'efficacité gouvernementale". Le milliardaire n'a pas hésité à critiquer de nombreux dirigeants européens, dont le social-démocrate allemand Olaf Scholz et le travailliste britannique Keir Starmer.

"À l'heure où X/Twitter est instrumentalisé jusque dans l'algorithme par Elon Musk à des fins politiques, X est devenu dangereux pour les démocraties", précise le collectif dans son manifeste en ligne. "Après le 20 Janvier, Elon Musk n’aura plus de compte à rendre à la justice. X sera alors plus dangereux que jamais pour la santé mentale de ses utilisateurs et pour la démocratie", poursuit le collectif.

Or, "beaucoup d'utilisateurs sont captifs de leur audience sur X", rappelle à l'AFP David Chavalarias, mathématicien au CNRS à l'origine du concept. "Certains n'arrivent pas à se décider à partir, de peur de perdre leurs sources ou leur public." L'application Hello Quitte X, dont le nom s'inspire de la marque japonaise Hello Kitty, propose ainsi aux utilisateurs de faciliter leur passage de X à un autre réseau plus compatible avec la vie privée, comme Bluesky ou Mastodon.

Plusieurs vagues de départ

Pour cela, les internautes doivent récupérer leurs archives personnelles sur X, qui contiennent la liste de leurs abonnés et l’historique de leurs tweets, et les télécharger sur le site de Hello Quitte X. Ils créent ensuite un compte sur Bluesky ou Mastodon. Ils peuvent alors importer leurs archives directement sur Hello Quitte X et le tour est joué. Celle-ci s’engage à supprimer toutes les données une fois le transfert effectué.

Ce n'est pas le premier mouvement de départ massif qu'a connu X. Ces derniers mois, plusieurs médias, institutions et organisations ont déserté X, dénoncent un environnement "toxique" et une réduction drastique des efforts de modération.

En France, plus de 80 associations, dont La Ligue des droits de l'Homme et Emmaüs ont ainsi dénoncé "l'absence de modération et le paramétrage des algorithmes" qui "favorisent la prolifération des contenus haineux" sur la plateforme du milliardaire américain Elon Musk. Plusieurs médias, comme Ouest-France, Sud-Ouest en ont fait de même, pointant des politiques de modération aux "conséquences délétères".

En 2022, lorsqu'Elon Musk avait racheté la plateforme, plus de 877.000 internautes avaient également quitté le réseau social en à peine quatre jours, selon les chiffres de Bot Sentinel.

Salomé Ferraris