Arrêté pour une fiole de parfum étiquetée "opium": un Indien menacé d'expulsion des États-Unis après une erreur des policiers

Des agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) des États-Unis le 11 avril 2018 dans le quartier de Brooklyn à New York (photo d'illustration). - John Moore / Getty images north america / Getty Images via AFP
Un homme a été détenu pendant un mois par les services américains de l'immigration et des douanes (ICE) après que des policiers ont confondu un flacon de parfum, qu'il avait en sa possession, avec de l'opium, rapporte The Guardian ce samedi 4 octobre.
Le 3 mai dernier, Kapil Raghu, un ressortissant indien marié à une Américaine, a été arrêté par des policiers de Benton, près de Little Rock dans l'Arkansas, en raison d'une infraction routière commise en effectuant une livraison, raconte l'avocat Mike Laux.
Le hic? Durant ce contrôle, les autorités ont découvert un parfum avec l'inscription "Opium" dessus. Une vidéo diffusée sur Youtube et relayée par la chaîne de télévision locale THV11 montre les policiers l'arrêter pour possession de stupéfiants, bien qu'il affirme que le mot "opium" ne fasse référence qu'au nom du parfum, vendu par Yves Saint Laurent.
"Tu as une fiole d'opium dans la console centrale, va t'asseoir", dit un officier à Kapil Raghu sur les images.
"Ils savaient bien quand ils ont ouvert la bouteille que c'était une bouteille d'eau de Cologne, pointe de son côté sa compagne, Ashley Mays, auprès de l'Atlanta Black Star. Personne n'a eu l'intégrité de dire: 'Attendez, il y a quelque chose qui cloche.'"
Envoyé dans un centre d'immigration
Si le laboratoire criminel de l'Arkansas a confirmé que la substance était bien du parfum, Kapil Raghu a passé trois jours dans la prison du comté de Saline. Le début des problèmes pour lui, car les autorités ont découvert une "erreur administrativo-juridique" montrant que son statut de visa avait expiré, selon son avocat.
Résultat, il a été placé en garde à vue puis envoyé dans un centre d'immigration fédéral en Louisiane, où il a été détenu pendant 30 jours supplémentaires. Une période difficile durant laquelle sa femme l'a appelé tous les soirs, selon ses propos auprès de THV11.
"Elle pleurait, et ma belle-fille, une bible sur sa poitrine, pleurait. Elle pleurait beaucoup et prévoyait de vendre ses voitures et de déménager dans un autre pays où nous pourrions vivre heureux", détaille-t-il.
"C'était une torture, car il y avait des excréments accumulés dans la cellule. Ils ont une minuterie sur les toilettes qui ne permet de tirer la chasse d'eau qu'une fois par heure, a illustré sa conjointe à l'Atlanta Black Star. Il est purement végétarien, mais ils ne lui donnaient pas de nourriture sans viande dans son assiette".
"Statut d'expulsion" et des difficultés financières
Si les charges ont fini par être officiellement abandonnées, sa détention à l'ICE a mis en péril les démarches de Kapil Raghu pour obtenir la citoyenneté américaine. Son visa de travail a d'ailleurs été révoqué, selon sa femme, qui a lancé une cagnotte pour couvrir notamment les frais juridiques engagés.
"Bien que libéré, Kapil bénéficie désormais d'un 'statut d'expulsion': il peut être immédiatement expulsé pour toute infraction mineure, même pour traverser hors des clous, dénonce son avocat Mike Laux, cité par The Guardian. Mais, plus important encore, cette classification l'empêche de travailler et de subvenir aux besoins de sa famille, ce qui a été dévastateur pour elle".
Dans une lettre envoyée par Kapil Raghu à l'ICE, il explique que son avocat n'a pas "déposé à temps" les documents requis avant l'expiration de son visa. "Cela m'a rendu vulnérable et m'a placé dans ma situation actuelle", décrit-t-il. Il a porté un bracelet électronique pendant un mois de plus et est assigné à résidence désormais, surveillé par les autorités via une application installée sur son téléphone.
"Ma femme porte seule tout le fardeau financier, car je suis actuellement dans l'incapacité de travailler. Les frais juridiques croissants et la pression de ne pas pouvoir contribuer financièrement ont créé une situation difficile pour notre famille, et la gérer est devenu de plus en plus difficile", écrit-il par ailleurs.
En tout, le couple a dépensé 20.000 dollars et la compagne de Kapil Raghu a contracté un prêt pour pouvoir se battre et éviter son expulsion vers l'Inde, souligne l'Atlanta Black Star.
Ashley Mays affirme avoir déposé une plainte auprès des affaires internes de la police locale, mais l'enquête n'est toujours pas terminée. Avec son mari, ils prévoient d'intenter une action en justice.