Au Brésil, Mélenchon rend visite à "son camarade" Lula, en prison
Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, a rendu visite ce jeudi à l'ancien président de gauche Lula dans les locaux de la Police fédérale de Curitiba, dans le sud du Brésil, où il est emprisonné pour corruption.
Visiblement ému, le chef des file des Insoumis a indiqué, devant le siège de la police fédérale, que "[son] camarade Lula a un optimisme et une force de caractère qui impressionnent". Le député a précisé lui avoir amené plusieurs cadeaux, à savoir un gilet jaune, un foulard, signé par les Grands-mères de la place de Mai et un triangle rouge que portaient les prisonniers politiques et les opposants déportés par le régime nazi en Allemagne.
"Au bout de 500 jours de prison, alors qu'il est innocent, c'est quasiment lui qui me donnait le moral. Lula m'a dit 'Je tire ma force de me sentir uni au peuple brésilien et à tous ceux qui luttent dans le monde' car je venais témoigner devant lui des nombreux messages que j'ai reçus de solidarité et d'amitié pour lui. [...] Lula m'a dit 'Le caractère et la dignité ne s'achètent pas au magasin, il faut le cultiver dans son coeur'. [...] Il m'a appelé à refuser absolument l'illusion que de tels procès politiques soient de la justice, car ça n'en est pas", a-t-il poursuivi.
Ancien candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon est le premier responsable politique national français à rendre visite dans sa prison à Lula, avec lequel il entretient une relation personnelle ancienne. Lula da Silva, 73 ans et président de 2003 à 2010, purge, depuis avril 2018, une peine de huit ans et dix mois dans une cellule individuelle.
Le député effectue actuellement une longue tournée qui l'a mené du Mexique à l'Amérique du Sud (Uruguay, Argentine) lors de laquelle il a rencontré des responsables politiques de gauche.
Lula clame son innocence
Condamné pour avoir reçu un luxueux appartement en bord de mer de la part d'un groupe de BTP en échange de faveurs dans l'attribution de marchés publics, Lula n'a cessé de clamer son innocence, se disant victime d'un complot pour l'empêcher de revenir au pouvoir.
Lula était le grand favori des intentions de vote pour la présidentielle d'octobre 2018, mais a été déclaré inéligible quelques semaines avant le scrutin, qui a vu l'élection du candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro. En juin, le site d'investigation The Intercept Brasil a publié des échanges de messages qui mettent en doute l'impartialité des procureurs chargés du dossier Lula et du juge qui l'a condamné en première instance.
"Lula est aujourd'hui le cas le plus célèbre dans le monde de 'lawfare', cette méthode d'instrumentalisation de la justice pour éliminer un adversaire politique", a écrit récemment Jean-Luc Mélenchon sur son blog.
Il a fait un parallèle entre le cas Lula et ses propres déboires judiciaires, alors qu'il doit être jugé les 19 et 20 septembre en correctionnelle, avec cinq de ses proches, pour actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire, rébellion et provocation après une perquisition mouvementée au siège de la LFI en octobre 2018.