Ambassade US à Jérusalem: "Le produit d’une décision unilatérale sans concertation"

Des tirs de gaz lacrymogène à la frontière entre la bande de Gaza et Israël, le 14 mai 2018. - Thomas Coex - AFP
Depuis 1999, les Présidents américains qui se sont succédés ont évité l’escalade diplomatique en décalant le déménagement de l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, selon une loi adoptée par le congrès en 1995. C’est finalement chose faite avec Donald Trump, dont la fille et conseillère Ivanka, a inauguré la nouvelle ambassade des États-Unis à Jérusalem pendant que des Palestiniens manifestaient à la frontière entre Gaza et Israël, où une cinquantaine d'entre eux ont été tués.
Fragilisé à l’intérieur, Donald Trump a ainsi répondu aux demandes de plusieurs de ses soutiens aux États-Unis: "Donald Trump est soutenu depuis son élection par les milieux évangélistes et baptistes qui constituent le corps de son électorat, et par une bonne partie de l’électorat juif. Fragilisé à l’intérieur, il fait ce que ces communautés demandent", a expliqué Ulysse Gosset, spécialiste des questions internationales sur le plateau de BFMTV. Mais sur la scène internationale, les Etats-Unis perdent leur rôle de médiateur dans ce conflit, alors qu'en 1993, le président Bill Clinton réunissait Yitzhak Rabin le Premier ministre Israélien et Yasser Arafat le représentant de l'autorité Palestinienne à Oslo pour signer des accords de paix.
"Pas de négociation ni d'accord"
L’inauguration de l’ambassade a provoqué la colère des Gazaouis qui ont manifesté à la frontière Israélienne: "Ce déménagement, c’est le produit d’une décision unilatérale, sans concertation. Il n’y a pas eu de négociation ni d’accord autour d’une telle décision", estime Beligh Nabli, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), et auteur de "Comprendre le monde arabe". En 1948 la résolution de l’ONU prévoyait que Jérusalem puisse bénéficier d’un statut international. Ce statut n’est plus à l’ordre du jour, "alors qu'il s'agit peut-être de la solution la plus raisonnable pour trouver un tel accord".
Réunion du Conseil de sécurité
Face à la gronde des Gazaouis à ses portes, Israël a répondu à balles réelles, tuant 55 Palestiniens et en blessant 2.400 autres: "Pour Israël, le Hamas est un mouvement terroriste, et les Palestiniens qui tentent de passer la frontière sont des terroristes. S’ils parvenaient à passer la frontière, ils seraient à seulement une centaine de mètres des premiers villages israéliens", explique Ulysse Gosset.
À l'initiative du Koweït, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit mardi après-midi, alors que la journée de lundi a été la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis la guerre de l'été 2014. La Turquie et l'Afrique du Sud ont d'ores et déjà rappelé leurs ambassadeurs en Israël, alors que les États-Unis ont bloqué l'adoption lundi d'un communiqué du Conseil de sécurité qui voulait marquer "son indignation et sa tristesse face à la mort de civils palestiniens exerçant leur droit à manifester pacifiquement".