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Mali

Otage présumé tué: "Abominable pour toutes les familles"

La vidéo de la famille Moulin-Fournier, prise en otage au Cameroun depuis le 19 février.

La vidéo de la famille Moulin-Fournier, prise en otage au Cameroun depuis le 19 février. - -

L'assassinat, encore non confirmé officiellement, d'un des quinze otages français détenus en Afrique, rappelle l'extrême dangerosité de leur situation.

Mercredi, il est deux heures du matin lorsque la famille de Philippe Verdon, otage français au Mali, est jointe par le Quai d'Orsay. Les nouvelles sont mauvaises: selon un porte-parole du groupe islamiste Aqmi, leur proche aurait été assassiné par ses ravisseurs, le 10 mars dernier. Ailleurs en Afrique, quatorze autres Français sont également otages (voir la carte en bas de l'article). Quel impact cela peut-il avoir sur leur situation? Réponse avec Alain Rodier, directeur de recherches auprès du Centre français de renseignements.

Quel impact l'assassinat d'un otage a-t-il sur les autres captifs?

C'est d'abord une annonce terrible et abominable pour les familles, car elles apprennent cette mort sans savoir comment sont traités leurs proches pris également en otage. C'est terrible. Quant aux otages, ils ne l'apprennent pas forcément, car ils sont captifs de groupes islamistes différents les uns des autres.

Cela peut-il entraîner d'autres exécutions, y compris par d'autres ravisseurs?

C'est très difficile de le savoir, car depuis l'offensive française au Mali, les groupes islamistes sont éparpillés, explosés. Où sont-ils? Où sont les otages? Personne ne le sait. Les groupes ont tous des liens entre eux. Par exemple, le chef du groupe qui a capturé Philippe Verdon est le cousin du chef d'Ansar Dine, qui détient aussi un Français. Pour autant, il n'est pas interdit de penser que certains de ces preneurs d'otages ne soient pas mis au courant quand une exécution a lieu. Ils sont très isolés, éparpillés dans la nature, terrés depuis quelques semaines. C'est d'ailleurs en partie pour cela qu'ils ne confirment pas la mort des chefs terroristes Abou Zeid et de Mokhar Belmokhtar: ils ne le savent pas.

Tuer un otage est-il un acte "sans importance" pour ces ravisseurs?

Tuer quelqu'un n'est pas quelque chose de grave pour les islamistes, même leur propre vie n'est pas importante tant qu'ils meurent les armes à la main. Cela dit, les otages représentent une valeur financière et de pression politique. C'est bien pour cela que les ravisseurs de Phillipe Verdon insistent dans leur communiqué sur le fait que "la vie des autres otages est entre les mains de François Hollande". S'il n'y a pas de réaction du côté français, on peut craindre un nouvel assassinat. Ils en sont capables.

L'assassinat d'un otage peut-il pousser la France à verser une rançon?

Il est dit depuis mardi que la France a décidé de ne verser aucune rançon aux ravisseurs. Cependant, il n'y a eu aucune déclaration officielle à ce sujet. Il s'agit de l'interprétation de proches d'otages après un rendez-vous avec le président. Je ne remets pas leur parole en doute, mais l'Élysée n'a pas livré sa position officielle à ce sujet. La France a toujours affirmé qu'elle ne payait pas de rançon. Après, parfois peut-être fait-elle appel à des intermédiaires, prêts à verser de l'argent... Ce qui est certain, c'est qu'il y a des négociations. Tous les pays négocient quand la vie d'otages est en jeu.

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La carte des otages français dans le monde:

Alexandra Gonzalez