Pourquoi l'incendie dans les Pyrénées-Orientales peut déjà être considéré comme un "feu d'été"

"Une date extrêmement précoce". Ce lundi matin, Gérald Darmanin s'est rendu dans les Pyrénées-Orientales, sur les lieux du "plus grand feu de l'année 2023". Le ministre de l'Intérieur a souligné que cette année, "la saison des feux commence tôt du fait du réchauffement climatique".
En effet, l'incendie qui s'est déclaré ce dimanche matin et qui a parcouru environ 1000 hectares de végétation, dont une partie en Espagne, ressemble fortement à ceux que l'on connaît en été.
Une sécheresse qui dure
Le cocktail était explosif. Le préfet du département Rodrigue Furcy a pointé du doigt "des conditions climatiques et météorologiques très défavorables avec une tramontane importante et des vents tourbillonnants".
"La sécheresse de la végétation a fortement contribué à cette situation", a-t-il ajouté.
Dans les Pyrénées-Orientales, il n'y a eu que trois jours de pluie depuis le 1er janvier. Et ce déficit pluviométrique dure depuis près de trois ans. Ainsi, les sols et la végétation sont extrêmement secs, avec des indices d'humidité très bas.
Restrictions d'eau
Et la question de l'accès à l'eau est déjà critique dans le département des Pyrénées-Orientales. Cours d'eau à sec, nappes phréatiques au plus bas... Le Sdis local craint notamment de ne pas pouvoir trouver de l'eau en quantité suffisante pour combattre les incendies de l'été.
La sécheresse dans les Pyrénées-Orientales provoque ainsi déjà restrictions et tensions: quatre villages sont privés d'eau potable depuis ce vendredi alors que les agriculteurs, nombreux dans ce département producteur de fruits et légumes, sont déjà inquiets en ce début de printemps historiquement aride.
"On est clairement dans un feu qui ressemble à un feu estival, marqué par une vitesse de propagation avec une sécheresse des sols et de la végétation", déplore Rodrigue Furcy.
Simultanéité des feux
"À cause de cette sécheresse, on a non seulement des feux intenses et virulents mais également une possibilité d'avoir plusieurs feux en même temps ce qui rend difficile notre action", craint Éric Belgioïno, directeur SDIS des Pyrénées-Orientales, ce dimanche.
En effet, des forces ont également dû être déployées en parallèle de cet incendie pour faire face à neuf autres départs de feu. Ainsi, à Argelès-sur-Mer, dix hectares ont été parcourus avant que l'incendie ne soit maîtrisé en fin d'après-midi.
En outre, le feu a été attisé par une forte tramontane, vent de nord-ouest qui soufflait à plus de 80km/h avec des rafales jusqu'à 100 km/h dans les reliefs. Ce vent a notamment favorisé des reprises durant la nuit.
Un été "extrêmement difficile"
L'incendie a été déclaré maîtrisé ce lundi à 2 heures du matin. Il n'est toutefois pas encore fixé et plusieurs centaines de pompiers ainsi que des avions bombardiers d'eau sont toujours mobilisés.
"Il est évoqué la saison des feux qui commence habituellement fin juin jusqu’à début septembre. Là nous sommes en avril, nous avons eu plusieurs départs de feux importants dans le sud de la France", indique ce lundi Gérald Darmanin.
En plus de leur précocité et de l'avancée dans le temps de la saison des feux, des incendies touchent également désormais des territoires auparavant préservés, comme cela a été le cas l'été dernier en Bretagne par exemple. "Nous allons connaître un été 2023 extrêmement difficile, sans doute au moins aussi difficile que l'été 2022", met en garde le ministre de l'Intérieur.