Évacuations à Marseille, 2.000 hectares brûlés dans l'Aude, huit départs de feu dans l'Hérault... Le sud-est de la France touché par des incendies

Les violents incendies qui frappent le sud de la France depuis la canicule de la semaine dernière ont atteint un paroxysme ce mardi 8 juillet. Marseille, l'Aude et l'Hérault ont été particulièrement touchés par les flammes, entraînant par endroits des évacuations ou des fermetures de voies de circulation.
Les flammes, poussées par le mistral, ont atteint Marseille, alors que des milliers d'hectares sont partis en fumée dans l'Hérault, l'Aude et le Gard.
• Neuf pompiers légèrement blessés à Marseille
Un feu déclenché par un incendie d'automobile sur l'autoroute A55, parti en fin de matinée des Pennes-Mirabeau, localité limitrophe de la cité phocéenne, s'est rapidement propagé, poussé par un vent du nord causant des "sautes de feu jusqu'à 300 mètres", selon les pompiers.
En quelques heures, il a parcouru 700 hectares en direction de la deuxième ville de France, entraînant à la mi-journée la fermeture de l'aéroport d'Aix Marseille Provence, le quatrième de l'Hexagone en nombre de passagers. Une reprise partielle du trafic était attendue à partir de 21h30.
Le panache de fumée dégagé a provoqué sur Marseille une concentration en particules fines dix fois supérieure aux normes, selon Atmo-Sud, et s'étendait en mer sur une centaine de kilomètres, selon les images satellites.
Neuf pompiers ont été légèrement intoxiqués et une "dizaine d'habitations atteintes", selon le préfet de région Georges-François Leclerc, qui a qualifié vers 17h30 la situation de "pas figée, mais maîtrisée".
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau est arrivé sur place. "Soutien à nos pompiers et forces engagés contre les incendies", a réagi le président Emmanuel Macron sur X.
Les conditions météo venteuses devaient durer "une bonne partie de la nuit (...), mais on n'a plus de progression linéaire", a expliqué en fin d'après-midi le vice-amiral Lionel Mathieu, chef des marins-pompiers de Marseille. Plus de 700 pompiers étaient encore engagés mardi en fin de journée.
Quelques évacuations préventives - au moins 400 personnes à Marseille selon le maire de la ville Benoît Payan - ont eu lieu et le système FR.alert a envoyé des textos recommandant le confinement à tous les téléphones bornant dans les zones concernées.
Arrivé à 16 heures aux portes des quartiers Nord de la cité phocéenne, l'incendie a poussé la préfecture et les autorités à appeler au confinement les quelque 15.000 habitants du 16e arrondissement, mélange d'habitat traditionnel villageois et de grandes cités, comme celle de la Castellane.
La police a bouclé le secteur, juste en dessous du centre commercial Grand Littoral. "Ils ne nous laissent pas rentrer", a témoigné une habitante bloquée avec son panier de courses.
Dans le quartier de l'Estaque, aux confins nord de la ville, Monique Peter, retraitée de 73 ans, a "déjà eu de gros feux comme ça en 2001, en 2005, en 2006, mais pas aussi rapidement. En l'espace de dix minutes, le feu est sorti des Pennes-Mirabeau, vraiment ça a fait un saut. Quand on était dehors, on a vu des oiseaux s'envoler en flammes".
"On a été obligés de partir parce que les flammes arrivaient dans le jardin et les pompiers sont arrivés quatre heures après, tout simplement. Et depuis, on est là et on n'arrive pas à savoir si notre maison est encore debout", se désole-t-elle.
En fin d'après-midi, la circulation des trains passant près de l'incendie, notamment la ligne vers Paris, a été interrompue au départ et à l'arrivée de Marseille, pour une durée indéterminée.
L'hôpital Nord, un des plus gros établissements publics de la ville, "est passé sur groupes électrogènes, par mesure de sécurité, en raison de micro-coupures électriques", a indiqué l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille.
• L'Aude touché par trois feux de forêt en une semaine
À l'autre bout du littoral méditerranéen, près de Narbonne, dans l'Aude, plus d'un millier de pompiers venus de toute la France continuaient eux à lutter contre un incendie qui a parcouru 2.000 hectares de forêt depuis lundi. Le département a été touché par trois feux de forêt en une semaine. Selon le préfet, ce feu progressait encore modérément en fin de journée mardi.
Là aussi le feu, parti lundi dans des circonstances inconnues d'un domaine viticole des Corbières, s'est vite propagé sur une végétation desséchée et sous l'effet d'un vent soufflant jusqu'à 90 km/h. Une enquête a été ouverte par le parquet de Narbonne afin de déterminer les causes de l'incendie.
Pour éviter les stationnements anarchiques de nombreux camions et fluidifier le trafic routier, en cette période de congés, l'autoroute A9, fermée depuis lundi après-midi, causant des dizaines de kilomètres d'embouteillages, a été rouverte à la circulation en fin de matinée.
• Huit départs de feu dans l'Hérault
Mais l'autoroute A9 a été de nouveau coupée en fin d'après-midi, pendant plus de trois heures, "à titre préventif", dans l'Hérault cette fois, dans les deux sens de circulation, entre Sète (sortie N.33) et Agde (N.34), en raison de fumées provenant d'un feu de pinède qui a brûlé 400 hectares sur les communes de Castelnau-de-Guers et Montagnac.
Les secours déployés dans l'Hérault ont annoncé ce mardi soir que l’autoroute A9 va être remise en service. Au total, 820 pompiers étaient engagés mardi soir contre les flammes dans ce département, sur trois fronts.
Le préfet de l'Hérault François-Xavier Lauch décrit sur BFMTV une "journée très compliquée" dans son département, recensant "huit départs de feu depuis le début de l'après-midi". Sept de ces huit départs de feu ont été "bien tenus" selon le préfet. Le préfet se félicite qu'il n'y a "pas de victimes ou de dégâts sur des habitations".
À une cinquantaine de kilomètres au nord, les sapeurs-pompiers du Gard intervenaient depuis 13h55 pour un feu de forêt à Montardier, où 120 hectares de végétation, de broussailles et de feuillus ont brûlé. En Haute-Corse, un incendie s'est déclaré ce mardi après-midi à Solaro, parcourant six hectares. Le sinistre s'est rapidement propagé avant d'être maîtrisé.